Le quart de finale de Coupe de Suisse féminine, entre le FC Bâle et Grasshopper, risque de laisser à Leandra Flury, défenseuse de GC, un mauvais souvenir. Et pas seulement parce que son équipe s'est inclinée 2-1 lors des prolongations.
Plus que la défaite (et l'élimination), c'est le comportement de deux personnes en tribune qui a préoccupé Flury à l'issue de la rencontre. La jeune femme de 24 ans a d'ailleurs relaté cet incident sur son compte Instagram.
Ce que Leandra Flury a vécu lors du match de Coupe contre le FC Bâle n'est pas rare dans le football féminin. De nombreuses joueuses, actives ou retraitées, sont en mesure de raconter des histoires similaires à celle de la défenseuse de Grasshopper.
Nous ne parlons pas seulement de «sexisme structurel», qu'Ulrike Häfner, ancienne footballeuse et actuelle vice-présidente du club de Potsdam en Allemagne, définit comme le désavantage dû à de moins bonnes conditions de travail, si l'on compare avec les hommes. Il s'agit aussi du comportement des spectateurs, des dirigeants ou encore des utilisateurs des réseaux sociaux.
Les footballeuses allemandes Tabea Kemme, Saskia Matheis et Franziska Bielfeld sont de celles qui ont raconté publiquement leurs expériences, ainsi que toutes les remarques condescendantes entendues lors du dernier Championnat d'Europe des nations, en Angleterre. L'éventail des commentaires va de l'objectivation («Elle est chaude, hein? Je me la ferais bien») au sexisme («Celle qui a les cheveux courts devrait jouer chez nous. C'est une femme?»), sans compter les blagues de mauvais goût.
Dans le foot féminin, les joueuses ne sont pas épargnées par les commentaires qui concernent leur physique. C'est ainsi que la Suissesse Alisha Lehmann, attaquante d'Aston Villa, est décrite par les médias anglais comme «la footballeuse la plus sexy du monde». Lia Wälti, capitaine de l'équipe nationale, évoluant à Arsenal, s'exprimait d'ailleurs à ce sujet pour 20 Minutes.
L'incident qui a entouré la remise du trophée de la Coupe du monde féminine en Australie et Nouvelle-Zélande reste dans toutes les mémoires. Le président de la fédération espagnole, Luis Rubiales, avait embrassé la joueuse Jennifer Hermoso sur la bouche, et ce, contre son gré.
Cet épisode, qui a occupé la société espagnole pendant de longs mois, et qui a abouti au licenciement du président de la fédération, semble toutefois montrer que les footballeuses ne se laissent plus faire par de tels comportements.
Tabea Kemme, que nous évoquions plus haut, se montre toutefois moins optimiste. Lorsqu'elle s'est plainte avec ses coéquipières de remarques choquantes lors d'une assemblée générale, de nombreuses personnes présentes se sont contentées de rire. «Malheureusement, les auteurs de ces commentaires n'étaient probablement pas conscients de l'impact de leurs propos», estime Kemme, ajoutant que beaucoup de choses doivent encore changer.
Tabea Kemme n'a peut-être pas tort si l'on se fie au commentaire de Karl-Heinz Rummenigge, membre du conseil de surveillance du Bayern Munich. Ce qu'il avait déclaré, à propos du baiser forcé de Rubiales?
«Nous ne voulons pas de ce genre de personnes dans le football féminin ni ailleurs dans la société», a résumé Leandra Flury au sujet des commentaires sexistes qu'elle a dû essuyer, samedi en Coupe de Suisse.
Adaptation en français: Romuald Cachod.