Il est toujours amusant de confronter ses préjugés aux réalités indubitables d'une étude chiffrée. Contrairement à certaines idées reçues, aucun club au 21e siècle n'a dépensé autant d'argent sur le marché des transferts que Chelsea. Son propriétaire Roman Abramovitch, désormais destitué, remporte ce succès de prestige à la barbe des émirs.
Ce classement pourrait nous induire en erreur sur le train de vie du PSG: contrairement aux apparences, le club parisien est bien le plus dépensier d'Europe en rythme annuel. Le montant de ses acquisitions, depuis la prise de contrôle du Qatar en 2011, reste largement inégalé. Loin devant les autres nouveaux riches que sont Chelsea et Manchester City; loin devant les vieilles bourgeoisies du football européen que sont le Real Madrid, la Juventus et Barcelone.
Sans surprise, les Emirats et le Qatar entretiennent une rivalité par le faste, la même sur le marché des transferts que dans le port de St-Tropez. Avec une différence de style notable: avant la réforme en cours, Paris cherchait surtout à débaucher des stars, telles que Neymar pour 222 millions d'euros et Mbappé pour 180 millions (ou encore Messi en tant qu'agent libre, mais pour une rémunération annuelle de 50 millions d'euros).
A contrario, Manchester City possède deux effectifs de valeur sensiblement égale, mais ne dépense jamais plus de 80 millions pour un joueur. Unique exception: le transfert de Jack Grealish l'été dernier pour 117 millions d'euros. Le précédent record datait de 2015 et l'achat de Kevin de Bruyne à Wolfsburg pour 76 millions.
La balance des dépenses et des recettes est calculée, elle, sur les dix dernières années. Elle est particulièrement cruelle pour Manchester United, dont les difficultés n'ont cessé de croître avec les recrutements de Paul Pogba, Jadon Sancho, Cristiano Ronaldo ou Raphaël Varane. Les Mancuniens ont dépensé plus de 1,5 milliard pour «renforcer» leur équipe, sans même atteindre la Ligue des champions cette saison.
Même constat pour Everton (seizième) et Aston Villa (quatorzième) qui, malgré des investissements considérables, ont lutté contre la relégation le printemps dernier.
Les meilleures affaires sont réalisées en Ligue 1, plus spécifiquement par Lyon, grand éleveur de champions, et par Lille, initié au trading de joueurs sous l'ère Campos. En France, où les charges fiscales restent assommantes et les droits TV relativement modiques (en comparaison européenne), les transferts sont une part importante du modèle d'affaires. Plusieurs clubs italiens, un peu pour les mêmes raisons, ont développé à leur tour des activités de trading.
A noter l'excellent bilan comptable de Montpellier qui, avec une gestion familiale, voire patriarcale, a toujours su recruter malin, entourer ses joueurs de chaleur humaine et les céder au bon moment (Giroud, Boudebouz, Delort, Mukiele). Qui aurait prédit la présence de Montpellier dans ce classement? Qui n'aurait pas cité Porto? Les préjugés...