Les Blues ont fait sauter la banque et allongé 100 millions pour le jeune Mykhaïlo Mudryk, la pépite ukrainienne débarquée du club ukrainien du Shaktar Donetsk. Un conte de fées pour un joueur qui a fui son pays, attaqué par les ogives de l'armée russe. A Londres, l'enfant post Maidan a la dalle, des pieds en or et une cote de popularité qui prend l'ascenseur.
Comme le soulignait So Foot, Mykhaïlo ou «Mischa» était déjà une «star» sur les réseaux sociaux, dont TikTok, quand il avait 15-16 ans. Une foule d'abonnés et des exploits techniques qui inspiraient du mépris dès ses débuts sous le maillot du Shaktar. Et la tendance tend à se poursuivre sur les pelouses anglaises. Ses prestations n'enchantent pas, elles sont même moquées par une bonne partie de la Toile. Quel est le problème pour Mudryk?
Le natif de Krasnohrad n’est pas habitué à la contrariété, comme le rappelle le magazine français. Petit dernier de la famille, dont les parents sont professeurs, il est protégé et chouchouté. On lui colle très vite l'étiquette de footballeur prodige, son talent lui monte vite à la tête et il cultive une image de dribbleur fou qui irrite ses coéquipiers. Son arrogance empiète sur son talent et le capitaine du Shaktar, Taras Stepanenko, lui avait remonté les bretelles concernant son attitude d'enfant gâté, relatait The Athletic.
Mudryk s'est lancé dans un apprentissage de footballeur en marche rapide et s'est mis à charbonner pour devenir footballeur de haut niveau. A son retour de prêt au Shaktar, au cours de l’été 2021, le tout jeune joueur avait changé de mentalité.
Ce passage dans la carrière du gamin de Krasnohrad est un chapitre à surligner; une manière de voir que le petit a un QI football. Mais le foot va vite et Mudryk a déjà rendu les fans anglais ronchons depuis son arrivée en grande pompe.
Sur le forum Reddit, un fil lui est dédié, où les «surévalué» et «surestimé» fusent. La raideur des propos sonnent comme une frustration, dans une veine semblable que la foule de tweets qui flairent bon l'insulte facile, qualifiant le jeune Ukrainien de «plus grand flop de l'Histoire de la Premier League».
Quand le jeune de 23 ans n'est pas présent à l'entraînement pour préparer la rencontre contre Luton, les internautes en remettent une couche. L'un d'eux écrit même qu'il espère que Mudryk «s'entraîne avec les U18».
Même le sélectionneur grec et ex joueur de Chelsea dans les années 2000 y est allé de son commentaire négatif. Gustavo Poyet a qualifié le cas Mudryk de «leçon pour tous joueurs qui se voient trop beau trop vite».
Le «Neymar ukrainien» en a essuyé des moqueries, à force d'être taxé de joueur TikTok qui ne valait pas un clou sur le pré. Dans la même registre que le joyau Joao Felix, acheté lui aussi au montant pharaonique de 126 millions d'euros, le business du football écrase ces jeunes pouces.
Ces deux joueurs ont quelque chose de plus, mais paraissent tétanisés par les sommes investies. Felix confessait lors d'un entretien à Player's Tribune: «J'ai réalisé que c'était ce que j'aimais: avoir le ballon et jouer un football merveilleux et heureux. C'est là que je suis à mon meilleur, c'est là que je suis moi-même.»
L'amour du jeu et du ballon rond pour être soi-même. Même combat pour Mudryk; ces deux joueurs sont des romantiques du ballon rond.
Lors de l'Euro U21, les observateurs attendaient l'Ukrainien au tournant. Même s'il a démontré de grandes qualités face à la France, et ce malgré des soucis au mollet, ils avaient la critique facile. Le talent ne répondait pas aux attentes dans la phase de poule, relégué sur le banc, car embêté par ses soucis physiques. Tout le ramenait à sa valeur marchande. Or il s'était présenté avec la sélection espoir dans un état physique moyen: «Il y a une surcharge», soufflait le sélectionneur Ruslan Rotan.
Un classique qui peut porter préjudice à un très (trop?) jeune joueur. La pression du fric et les attentes placées ne trahissent pas les signes: quand la tête ne va pas, le corps ne suit pas.
En somme, outre des performances en demi-teinte, ce sont ces 100 patates qui lui sont reprochées dans les gradins de Stamford Bridge. Pire, son fardeau est double, puisque c'est tout un pays qui vibre à travers ses exploits, érigé comme la figure d’une société ukrainienne en mutation, affiché comme un futur ballon d'or et étreignant l'héritage d'Andriy Shevchenko. Les épaules doivent être solides.