Quelle nation soulèvera le trophée? Jusqu'où ira la Suisse? Quelle jeune joueuse s’imposera comme la nouvelle étoile montante du football féminin?
A l’aube du coup d’envoi du Championnat d'Europe en Suisse, ce mercredi, ces questions restent en suspens. Mais une autre, plus terre-à-terre, a déjà sa réponse: combien l’UEFA va-t-elle gagner avec cet Euro?
Rien. Ce sera une perte nette. Selon Nadine Kessler, directrice du football féminin à l’UEFA, le tournoi devrait générer un déficit de 20 à 25 millions d’euros. Une estimation qu’elle a récemment confirmée.
Comment expliquer un tel manque à gagner, alors que près de 600 000 billets – sur les 675 000 disponibles – ont déjà été vendus, et qu'avant même le premier match, on sait déjà que l’Euro 2025 sera le plus suivi de l’histoire du football féminin?
Il y a d'abord l'effet de l'augmentation des primes. Dans un entretien accordé à la ZDF, Nadine Kessler a souligné que les joueuses bénéficieraient des mêmes standards que leurs homologues masculins. Cet engagement se traduit par une hausse importante des primes attribuées aux équipes participantes, passées de 16 millions d’euros en 2022 à 41 millions cette année. On reste néanmoins très en deçà des chiffres du football masculin. Lors de l’Euro en Allemagne, les primes versées s’élevaient à 331 millions d’euros.
Le manque à gagner de l'Euro 2025 s’explique aussi par des tarifs de billets volontairement abordables pour l’Euro féminin, bien plus bas que ceux pratiqués lors de l’Euro masculin. L’UEFA privilégie ici la promotion du football féminin plutôt que des profits immédiats, tout en composant avec un autre problème: celui des droits TV, nettement inférieurs à ceux du football masculin.
Le tournoi de 2025 en Suisse devrait générer environ 70 millions d’euros à ce niveau, tandis qu’à titre de comparaison, les chaînes ont investi 1,4 milliard d’euros pour les droits de diffusion du dernier Euro masculin.
Cependant, l’UEFA assume pleinement cette perte, qui est compensée par les revenus des compétitions masculines réinvestis dans le développement du football féminin. Cette démarche s’inscrit dans une stratégie de croissance à long terme. «Nous investissons davantage, même si l’Euro n’est pas rentable, parce que c’est tout simplement nécessaire», a déclaré Nadine Kessler lors d’une conférence de presse.
L’objectif est de rendre le football féminin «plus durable, avec moins de dépendance financière envers le football masculin». Reste désormais à savoir combien de temps cette transition prendra.