La presse alémanique n’en peut plus de Pierluigi Tami

Le maintien de Yakin au poste de sélectionneur fragilise le directeur des équipes nationales.Image: KEYSTONE

La presse alémanique n’en peut plus de Pierluigi Tami

La décision de confirmer Murat Yakin à la tête de l'équipe nationale affaiblit le directeur de la Nati, selon la plupart des médias alémaniques.

Team watson

Blick

«Yakin reste – et les problèmes aussi»

Telle est la une du journal à sensation, fondé à Zurich. En s'accrochant à Murat Yakin, la fédération donne l'impression, selon Blick, «de reporter à l'été prochain la recherche d'une solution».

«Les discussions des semaines passées vont resurgir à la première occasion. Elles vont accompagner l'entraîneur et l'équipe avant, puis pendant l'Euro»

Si le sélectionneur sort vainqueur de cette décision, le directeur des équipes nationales, lui, est le grand perdant.

«La position de Pierluigi Tami est affaiblie. Si l'Euro devait tourner au vinaigre, l'été marquerait non seulement la fin de l'ère Yakin, mais aussi celle de Tami à l'ASF»

Tages-Anzeiger

Les journalistes du Tages-Anzeiger, propriété de Tamedia, évoquent un «compromis boiteux».

«Yakin peut aller à l'Euro, mais tout est ouvert, tout sera à nouveau analysé et réévalué. C'est un compromis boiteux, qui n'est pas seulement le symbole d'une gentille Suisse, mais aussi celui des dirigeants qui tergiversent»

Dans le Tages-Anzeiger, Tami, et l'ensemble des dirigeants du football suisse, en prennent pour leurs grades.

«Durant les mois précédant l'Euro, et surtout durant le tournoi, les discussions sur l'avenir du sélectionneur vont se poursuivre. L'essentiel est que Tami puisse ensuite à nouveau analyser la situation, comme il l'a soi-disant fait cet automne»

Il serait pourtant temps d'agir, car depuis un an, l'équipe nationale n'a pas progressé: «Au lieu de passer la seconde durant ces éliminatoires, le moteur a brusquement calé».

Aargauer Zeitung

«Le oui à Yakin est un non à Tami»

Même son de cloche du côté de l'Aargauer Zeitung, journal détenu par le groupe alémanique CH Media, auquel appartient watson. Dans les grandes lignes, on y juge positif le maintien de Murat Yakin, mais ce choix, lui, déstabilise davantage Pierluigi Tami.

«Lors des éliminatoires pour l'Euro, Yakin n'a pas seulement intégré de nouveaux joueurs prometteurs, comme Zeki Amdouni, Fabian Rieder, Dan Ndoye ou Filip Ugrinic. Il a également élargi son répertoire tactique. Sous sa houlette, la Nati agit de manière plus imprévisible, elle est davantage flexible. Et malgré toute la colère suscitée par les victoires manquées de peu, il ne faut pas oublier que la Suisse reste une bonne équipe. A chaque match, elle était la meilleure des deux nations, la plus dominante, celle avec le plus d'occasions. Ce n'est qu'une crise de résultats»

C'est ainsi que Pierluigi Tami est identifié comme le grand problème.

«Au lieu de soutenir son sélectionneur, le directeur de la Nati s'est d'abord contenté de regarder la situation de loin, puis a continué à alimenter les critiques par des déclarations douteuses. De même, Tami n'a jamais rien fait pour corriger l'image de la relation prétendument rompue entre Murat Yakin et son capitaine Granit Xhaka. Il s'est contenté d'observer la dynamique médiatique, impuissant, sans jamais s'interposer. Et dernièrement, il a laissé planer le doute sur sa volonté de changer de sélectionneur. Bref, si les discussions sur Yakin se sont installées, c'est aussi parce que Tami les a laissées venir»

Pendant combien de temps encore Tami (à gauche) et Yakin pourront-ils travailler ensemble? Image: KEYSTONE

La fédération ne cesse de souligner qu'elle veut créer les meilleures conditions possibles pour le prochain Euro. C'est pourquoi, selon l'Aargauer Zeitung, Tami doit être mis sur la sellette: «Pour l'instant, il est difficile d'imaginer que le directeur puisse réparer le fil qu'il a sectionné avec son sélectionneur».

NZZ

Les dirigeants de l'ASF sont également pointés du doigt dans la Neue Zürcher Zeitung.

«En septembre déjà, la question s'est posée de savoir si Yakin avait perdu le contrôle de l'équipe, car des troubles étaient apparus. L'ASF veut apparemment faire avec. Elle souhaite les modérer, ou mieux, les éliminer»

En lisant attentivement le communiqué de la fédération, on remarque que l'adjoint de Yakin pourrait être remplacé. Ce changement sera-t-il suffisant pour retrouver le chemin du succès?

«Quelle que soit la personne qui complètera le groupe, la mission sera de rassembler en vue de l'Euro 2024. Yakin et Xhaka ne peuvent pas se rendre en Allemagne sans avoir eu une vraie discussion, même chose entre Yakin et Tami, car la semaine dernière encore, le second ne semblait plus accorder sa confiance au sélectionneur»

Adaptation en français: Romuald Cachod.