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Heinz Frei participe aux Mondiaux cyclistes à 65 ans

Heinz Frei of Switzerland during the Men's H3 Race competition at the 2020 Tokyo Summer Paralympics Games at the Fuji International Speedway in Fuji, Japan, Wednesday, September 1, 2021. (KEYSTON ...
Le Soleurois Heinz Frei est une légende du parasport. Image: KEYSTONE

A 65 ans, il dispute des Mondiaux et devient un héros du sport suisse

Le Soleurois Heinz Frei a débuté sa carrière en 1980. À 65 ans, celui qui vient de participer aux Mondiaux paracyclistes de Glasgow a gardé intacte son envie de pratiquer son sport. Portrait d'un homme aussi inspirant qu'innovant.
27.08.2023, 08:0727.08.2023, 11:17
Fabian Geissberger
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En Grèce, personne n'oublie l'été 2004. L'équipe nationale de football est sacrée championne d'Europe. Et Athènes accueille les Jeux olympiques et paralympiques. Pour Heinz Frei, cet été grec est source de tourments: pour la première fois de sa carrière, il rentre sans médaille olympique. «Tous ces efforts en valent-ils encore la peine? Suis-je toujours compétitif dans l'élite mondiale?» Ces questions lui trottent dans la tête. La retraite est dans l'air.

19 ans ont passé, mais Heinz Frei n'a toujours pas pris sa retraite. A 65 ans, le Soleurois vient de disputer les championnats du monde de paracyclisme à Glasgow. Son envie de faire du sport est restée intacte, 43 ans après ses premières compétitions. Son palmarès compte 35 médailles paralympiques, 14 titres de champion du monde et 112 victoires en marathon. Où donc cet homme qui a marqué le parasport comme aucun autre puise-t-il sa motivation?

Héritage, altruisme et sommet émotionnel

Heinz Frei est en voiture avec sa femme Rita, en route pour le lieu de la compétition, Dumfries, dans les Southern Uplands écossais, quand il nous parle de sa passion intacte. «Je porte tout simplement le gène du sport en moi», commence-t-il.

«Et je veux que la génération suivante se dise: "Oui, ça vaut la peine d'investir du temps dans le sport! Ça vaut la peine de s'enflammer pour quelque chose." Mais je remarque aussi que je peux encore contribuer à pousser le parasport. Ça me stimule.»

Le sexagénaire n'avait pas d'objectif personnel pour ces championnats du monde, il les a disputés avant tout par altruisme. Ses résultats ont permis aux athlètes suisses d'engranger des points pour les quotas nationaux des Jeux paralympiques de Paris 2024.

Switzerland's Heinz Frei during the men's para-cycling 20km road time trial at Pontal at the Summer Paralympics Rio 2016 in Rio de Janeiro, Brazil, on Wednesday, September 14, 2016. (KEYSTON ...
Heinz Frei lors du contre-la-montre des Jeux paralympiques de Rio en 2016.Image: KEYSTONE

Frei lui-même ne nourrit plus d'ambitions pour ceux-ci: «En fait, j'avais déjà mauvaise conscience à Tokyo d'avoir pris une place de départ à un jeune homme. Mais j'ai pu le justifier avec ma médaille d'argent», confesse-t-il en riant. Après coup, le Soleurois a qualifié la course paracycliste sur route au Japon de point culminant de sa carrière émotionnellement. «Dans cette épreuve, j'ai encore une fois tout donné et j'ai pu en quelque sorte faire mes adieux à ce niveau.»

Glissade fatale et décision cruciale

Si Heinz Frei est en fauteuil roulant, c'est la faute à la malchance lors d'une randonnée en montagne en 1978. Le jeune homme, alors âgé de 20 ans, glisse sur un sol mouillé et dévale la pente. Le diagnostic est terrible: paraplégie.

«Ça a été un grand choc, je me suis retrouvé en perte de repères et je me suis aussi posé la question du sens de la vie. J'avais 20 ans et je voulais des perspectives»
Heinz Frei
Heinz Frei of Switzerland poses with his silver medal after the Men's H3 Race competition at the 2020 Tokyo Summer Paralympics Games at the Fuji International Speedway in Fuji, Japan, Wednesday,  ...
Heinz Frei et sa médaille d'argent aux Jeux paralympiques de Tokyo en 2021. Image: KEYSTONE

Mais rapidement, Frei s'engage dans cette nouvelle vie, accepte le fauteuil roulant. «J'ai pris ma décision: "Je veux et je dois tirer le meilleur parti des possibilités qu'il me reste."» A ce moment-là, le Soleurois ne sait pas encore quelles seront justement ces possibilités. Il se lance dans un voyage de découverte.

Avec recul, Heinz Frei considère sa décision d'adhérer à un club en fauteuil roulant à Kriens (LU) comme un moment décisif dans ce processus. Deux ans après l'accident, il y rencontre des personnes qui sont en fauteuil depuis longtemps. «Cette étape a été tout sauf facile pour moi, mais elle m'a énormément aidé.» Le jeune homme reçoit de nombreuses astuces et conseils pour la vie quotidienne. Et surtout, il se rapproche à nouveau de sa grande passion, qu'il pratique avec les autres membres du club:

«Le sport m'a redonné une qualité de vie et une autonomie»
Heinz Frei
Le Soleurois en route vers l'une de ses nombreuses médailles d'or, aux Jeux paralympiques d'Atlanta en 1986.
Le Soleurois en route vers l'une de ses nombreuses médailles d'or, aux Jeux paralympiques d'Atlanta en 1986. image: keystone

Son entourage joue aussi un rôle important. Sa famille, ses amis, mais également son employeur le soutiennent. Heinz Frei a fait un apprentissage de dessinateur-géomètre et peut continuer à exercer ce métier après l'accident. «Ça m'a apporté un soutien, j'ai pu reprendre pied dans la société.»

Débuts tonitruants et star du 1er août

À Kriens, il commence à fabriquer lui-même des fauteuils roulants de course avec des collègues et s'aligne ensuite sur diverses courses populaires en Suisse. En 1984, à 26 ans, Frei participe pour la première fois aux Jeux paralympiques. Il y remporte trois médailles d'or. C'est le début d'une impressionnante carrière.

Le 15 avril 1984, Heinz Frei participe à son premier marathon de Zurich. Son fauteuil n'a pas grand chose à voir avec le matériel actuel.
Le 15 avril 1984, Heinz Frei participe à son premier marathon de Zurich. Son fauteuil n'a pas grand chose à voir avec le matériel actuel. image: keystone

Aujourd'hui, près de 40 ans plus tard, le sport a beaucoup changé, y compris le parasport. C'est notamment le cas du matériel, qui est devenu high-tech. Désormais, même l'écurie de Formule 1 Alfa Romeo Sauber construit des fauteuils roulants de course pour les athlètes de haut niveau.

Heinz Frei a vécu cette évolution de très près. Il est conscient que la dernière ligne droite de sa carrière approche. Il a d'autant plus savouré chaque jour des derniers Mondiaux.

Récemment, il a été présenté comme un «faiseur de courage» au moment de prendre la parole en public lors de festivités du 1er août, où il a senti l'admiration de nombreuses personnes. Aujourd'hui, il le sait: ça valait la peine de ne pas prendre sa retraite en été 2004.

Adaptation en français: Yoann Graber

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