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À Bâle, le hockey rêve de déloger le foot

Le HC Bâle réussit un début de saison convaincant.
Le HC Bâle réussit un début de saison convaincant.www.imago-images.de

À Bâle, le hockey rêve de déloger le foot

Avec une modestie presque touchante, le HC Bâle tente une fois de plus de se faire une place dans sa propre ville. Mais cette fois, la mission du directeur sportif Kevin Schläpfer pourrait enfin être couronnée de succès.
21.10.2023, 07:5921.10.2023, 12:39
Klaus Zaugg / watson.ch
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Mais pourquoi diable la culture du hockey a disparu à Bâle? L'énigme reste, à ce jour, non résolue. Après une période faste dans les années 50, avec une 2e place en 1952 et un titre honorifique de «vice-champion», le hockey sur glace bâlois a sombré dans l'insignifiance. Et quand, en 2002, le club s'est doté d'un nouvel écrin, l'arena Saint-Jacques, l'entrée dans une nouvelle ère a capoté.

De grands noms (Paul-André Cadieux, Kent Ruhnke, Ueli Schwarz...) ont certes permis aux Bâlois de retrouver temporairement l'élite du hockey suisse, et même de participer aux play-offs en 2006. Mais, en moyenne, le nombre de spectateurs n'a jamais dépassé les 3'000. Au printemps 2008, Bâle a connu la relégation, et le 7 juillet 2014, les lumières se sont complètement éteintes après une faillite en LNB.

Avec le HC Bâle/Kleinhüningen qui, lui n'a pas disparu, la reconstruction s'est faite peu à peu. D'abord en 1ère Ligue, la plus haute division amateure, puis, au printemps 2022, en Swiss League, les Bâlois renouant ainsi avec le professionnalisme.

En mars 2022, le HC Bâle a fêté sa montée devant son public.
En mars 2022, le HC Bâle a fêté sa montée devant son public. www.imago-images.de

Un épisode illustre à quel point il est difficile de rendre le hockey populaire à Bâle. L'attaquant Stefan Tschannen faisait partie du club lorsque celui-ci était encore en LNA. Un jour, en se présentant à son voisin, il avoua être hockeyeur professionnel. Il expliqua qu'il jouait à Bâle. Mais son interlocuteur, surpris, lui rétorqua: «Tiens, je ne savais pas que nous avions une équipe de hockey à Bâle.»

Aujourd'hui, un nouvel élan s'amorce au nord-ouest du pays. Avec le directeur général, Olivier Schäublin, et depuis cette saison, avec la personnalité la plus charismatique du hockey rhénan depuis Emil Handschin: le directeur sportif Kevin Schläpfer. En tant que néophyte, le club s'est classé 6e lors du précédent exercice. Cette saison, après sa victoire 10-2 contre Bellinzone, le 10 octobre dernier, l'équipe s'est même un temps hissée sur la troisième marche du podium.

Peut-on dire que la culture du hockey à Bâle est revenue? Pas encore, mais il y a de l'espoir. Contrairement à la dernière tentative (qui avait conduit le club jusqu'en LNA mais qui s'était soldée par une faillite), on ressent désormais quelque chose qui ne correspond pas vraiment à l'ADN des Bâlois. De la modestie, sous une forme presque touchante. Il y a là-bas un certain romantisme, et surtout, le club est aujourd'hui à contre-courant du FC Bâle, qui se morfond.

Ils étaient 1'627 fans présents à la patinoire pour assister à la rencontre contre les Bellinzona Rockets. Pas mal, pour un match peu attrayant, contre un adversaire qui végète en bas de tableau. Le divertissement était au rendez-vous. Et c'est bien là le plus important, lorsque l'on sait déjà qui va remporter le match. Dans une ambiance style Harlem Globetrotters, le public en a eu pour son argent.

Le défenseur Lucas Bachofner, un peu raide sur les hanches, n'a pas hésité à aller de l'avant, révelant des qualités de jeu étonnantes. Jakob Stukel, auteur de 4 buts, s'est lui montré à son aise. Le directeur sportif Kevin Schläpfer se montre toutefois modéré: il ne voit pas encore le Canadien comme le prochain Jonathan Ang. Il dénie son potentiel mais le fait à juste titre, car il souhaite le garder.

Ce match n'a, il est vrai, que peu de valeur sur le plan sportif. Mais il en dit long sur la renaissance du hockey bâlois. Pour la première fois, les efforts sont empreints de sympathie, modestie, réalisme. Et même de romantisme, lorsque les joueurs s'arrêtent à la buvette après le match. Comme avec le gardien Fabio Haller, le héros de la saison dernière. Pour une fois, le Zurichois doit accepter quelques moqueries bien amicales après une victoire. Deux buts encaissés contre les Rockets, quand même!

La question est évidemment de savoir si le club de hockey peut profiter de la crise des RotBlau. Le directeur général, Olivier Schäublin, répond par la négative, mais voit une petite chance sur le marché des sponsors:

«Il n'est pas exclu qu'on nous découvre comme une alternative au FC Bâle»
Olivier Schäublin, directeur général

Ce qu'il ne dit pas, mais laisse transparaitre en substance, c'est que l'arrogance dont son club s'est défait, et qui est un peu inhérente à la culture foot bâloise, pourrait inciter telle ou telle entreprise à regarder le hockey de plus près. Vu sous cet angle, la recette du succès pourrait être la suivante: le HC Bâle pourrait se présenter comme culturellement à contre-courant du FCB. À la manière d'un FC St.Pauli en Allemagne, connu pour être anti-foot-business.

L'afflux des sponsors est actuellement modeste. Le HC Bâle fonctionne avec un budget total inférieur aux trois millions, et tourne avec une petite équipe administrative.

La patience fait partie de la modestie. Olivier Schäublin affirme que l'objectif est d'augmenter le budget à cinq millions d'ici trois à cinq ans, et d'être une équipe de pointe en Swiss League.

«Si nous y parvenons, nous devrons alors nous poser cette question: voulons-nous tenter une nouvelle accession? Une promotion n'a de sens que si nous incitons les entreprises de la région bâloise à investir dans le hockey, et si nous pouvons assumer un budget de plus de dix millions.»

Concrètement, cela signifie qu'une montée en National League ne peut être envisagée que si le club dispose d'environ quatre fois plus d'argent qu'à ce jour. Lors de sa dernière aventure dans l'élite du hockey suisse (saison 2007/08), Bâle disposait d'un budget d'environ 8 millions.

L'ancien entraîneur Kevin Schläpfer travaille désormais en coulisse.
L'ancien entraîneur Kevin Schläpfer travaille désormais en coulisse.keystone

Il incombe à Kevin Schläpfer de gérer le sportif. Il s'y emploie avec l'enthousiasme qui le caractérise. Le travail à la base, c'est-à-dire chez les jeunes, en fait partie. Mais avec seulement 120 jeunes pouces, cette base est encore trop petite. Les Bâlois ne sont pas présents dans toutes les catégories. À moyen terme, il est réaliste de vouloir doubler le nombre de joueurs amenés à prendre la relève.

Les difficultés financières de la Swiss League et le passage de quatre à six étrangers dans la ligue supérieure arrangent les Rhénans: le nombre de jeunes talents qui visent une carrière professionnelle via la Swiss League augmente. Kevin Schläpfer ajoute: «Les jeunes joueurs viennent désormais pour très peu d'argent si nous offrons de bonnes conditions de développement sportif».

Un directeur sportif comme Kevin Schläpfer, habile et disposant de nombreux contacts, a beaucoup à apporter à Bâle, dont les moyens financiers sont limités. Grâce à des transferts judicieux, une équipe de pointe pour la Swiss League peut se dessiner. Ce qui permettrait aussi à l'institution de se libérer de la dépendance d'un club partenaire, en l'occurence le CP Berne.

Les conditions sportives pour les jeunes joueurs sont excellentes. Mais franchir le pas du très haut niveau n'a de sens que si les réserves d'argent sont pleines. Kevin Schläpfer le dit ainsi:

«Avec de jeunes joueurs, nous pouvons aller loin. Mais pour se maintenir en National League, il faut investir.»
Kevin Schläpfer, directeur sportif

Voici donc une stratégie intelligente: élaborer en Swiss League une base sportive et économique pour une équipe de pointe, et convaincre les partenaires d'investir suffisamment dans le hockey pour qu'une promotion en National League ait du sens. Kevin Schläpfer a déjà vécu une accession, avec Bienne. Il y avait d'ailleurs grandement contribué. L'ancien pro est réaliste: «La comparaison avec Bienne n'est pas possible. Là-bas, le HCB est le club le plus important de la ville. À Bâle, ce sera toujours le FCB». Il voit néanmoins une chance, «seulement si nous créons les conditions qui convainquent les bailleurs de fonds qu'il vaut la peine d'investir dans le hockey».

À Bâle, tout est désormais en place pour créer ces conditions.

Adaptation en Français: Romuald Cachod.

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