Les ZSC Lions devancent les Lausannois statistiquement parlant et ont remporté la saison régulière avec un matelas de 18 points sur eux. Il subsiste des questions?
Apparemment, oui. En tout cas, cette finale suscite l'intérêt, même sur la côte ouest des Etats-Unis. Le Dr Saul Miller vit là-bas. Il est l'un des meilleurs spécialistes du coaching mental et a un lien très fort avec notre hockey depuis de longues années. Il ne s'agit pas seulement de ses relations personnelles avec diverses personnalités du championnat. C'est aussi parce que cet érudit est capable d'étudier la psychologie du sport et d'autres comportements, comme dans un laboratoire.
Ne pouvant être présent, Miller appelle pour s'enquérir des nouvelles. Il est fasciné par l'évolution du Lausanne HC. Comment le finaliste est-il sorti du chaos? Pendant plusieurs années, jusqu'à ses adieux le 4 novembre 2022, Petr Svoboda a géré Lausanne comme un prince de la Renaissance et a décidé de tout, jusqu'aux changements lors d'une rencontre. Le calme est revenu après son départ.
Notre docteur en psychologie qualifie John Fust, 52 ans, d'élément clé. Après une carrière respectable de joueur puis d'entraîneur, et une formation dans les services de renseignement des Forces armées canadiennes, le Canado-Suisse est arrivé à Lausanne le 8 février 2018 en remplaçement de l'entraîneur en chef Yves Sarault, licencié. Depuis, il sert le club et a occupé divers postes. Il est actuellement directeur sportif du LHC.
Fust est devenu une figure d'intégration dans des temps mouvementés. Il s'est affirmé sous le flamboyant Petr Svoboda, a sauvé son employeur de diverses erreurs et a pris les bonnes décisions depuis le départ de la star mondiale du hockey tchèque.
Mais plus important encore: le 6 novembre 2022, il a convaincu Geoff Ward, 62 ans, de rejoindre l'aventure. Une signature rendue possible car le CP Berne a annulé sa venue, préférant embaucher Toni Söderholm en remplacement de Johan Lundskog. Le Canadien œuvre dans l'univers impitoyable des entraîneurs depuis 1989. Il a travaillé plus de dix ans en NHL et vient d'être élu coach de l'année. Ward a beaucoup voyagé. C'est un homme expérimenté et discret, dont le charisme vient de sa modestie. Il rappelle un peu l'inspecteur Columbo et est considéré comme un excellent tacticien. Un «entraîneur de banc» qui développe les bonnes stratégies avant le match et apporte les bons ajustements en cours de partie.
Ce qui rend Lausanne si intéressant pour notre psychologue du sport, qui suit les événements depuis les Etats-Unis? La trajectoire de ce groupe, né du chaos, et désormais en mission. Ces jeunes garçons, motivés et commandés par un leader intelligent, apprécié de ses subordonnés comme rarement un entraîneur peut l'être. En fait, toutes les conditions sont réunies pour créer un exploit retentissant. Un véritable miracle.
Lausanne a emprunté un chemin beaucoup plus long pour atteindre la finale. Sept matchs contre Davos, cinq contre Gottéron, alors que les ZSC Lions n'ont pas connu la défaite. Il y a donc une vraie différence dans l'approche des confrontations à venir. Les Zurichois n'ont jamais véritablement été mis en difficulté contre Bienne et Zoug, qui avaient déjà abdiqué mentalement. En réalité, ils débuteront ces play-off lors du premier match de la finale, mardi.
Lausanne se montrera plus rude, plus «méchant» sur le plan hockeyistique et plus motivé que les Biennois et les Zougois. Le LHC joue plus «suisse-allemand» que n'importe quelle équipe alémanique. Il saura perturber les ZSC Lions. Lausanne est même la seule équipe du championnat qui a une chance en finale contre le grand favori. Un titre lausannois n'étonnerait presque pas le Dr Saul Miller, étant donné la trajectoire du club.
Adaptation en français: Romuald Cachod.