Les dieux du hockey n'accordent aucun répit au HC Davos. Le club n'aura pas la tâche facile à la reprise du championnat, mardi à domicile contre Lugano, en raison de son parcours jusqu'à la victoire en Coupe Spengler. Mais le HCD est prestigieux: il se doit de répondre aux attentes de ses supporters, comme le Steigenberger Grandhotel Belvédère le fait avec ses richissimes clients.
A Davos, l'ère Arno Del Curto, l'entraîneur emblématique qui a permis au HCD de décrocher six titres et quatre Coupes Spengler, n'est pas totalement terminée. Elle impacte toujours un peu la culture locale. Les dirigeants du club grison sont en quelque sorte prisonniers de leur passé glorieux: on attend tout simplement de l'équipe qu'elle produise un hockey spectaculaire, dynamique, émotionnel et surtout, couronné de succès.
Le nouvel entraîneur Josh Holden, 45 ans, n'est pas aussi populaire qu'Arno Del Curto. Il n'est pas non plus un coach au passé légendaire. Et pourtant, la venue de ce Canadien naturalisé Suisse est peut-être une chance pour un HCD en plein renouveau. Formé tactiquement par le grand Dan Tangnes à Zoug, il possède une mentalité de vainqueur - celle qu'on lui connaissait déjà en tant que joueur. Il maîtrise la formation, pratique la culture de la performance et de la gagne. Il est aussi le premier entraîneur «normal» du HCD depuis l'entrée en fonction d'Arno Del Curto à l'été 96. Mais il sait également se déchaîner, nous l'avons vu en finale.
Grâce à une bonne gestion de la relève, une excellente infrastructure et des bases économiques solides, le HC Davos dispose des conditions externes idéales pour redevenir champion. Josh Holden n'est arrivé qu'en mars dans la station grisonne et il lui faudra du temps pour conduire son équipe tout en haut de la National League. D'ailleurs, à Zoug, Dan Tangnes n'a remporté le titre qu'à sa troisième saison, dans de meilleures conditions et avec des réserves financières encore plus importantes. Mais dès sa première année, il avait décroché la Coupe de Suisse, comme Josh Holden vient de soulever la Coupe Spengler à peine arrivé.
Sur le plan sportif, le HC Davos se trouve toujours sur une glace fine, facilement brisable. Les excellentes performances ne sont possibles que lorsque toutes les planètes sont alignées, sur une période courte, comme ce fut le cas lors de cette Coupe Spengler. Nous venons d'assister pendant quelques jours au meilleur du HCD depuis le dernier titre d'Arno Del Curto en 2015. Oui, Davos a (presque) mieux joué qu'à l'époque du mythique entraîneur suisse. Il y avait une défense structurée, des transitions rapides, de la vitesse, de la précision et même de la passion. Bref, du très haut niveau.
Le HC Davos a remporté la Coupe Spengler la plus relevée depuis le lock-out de 2004 (et la présence des stars de la NHL). Car le temps de quelques matchs, tout a été parfait. Il existe des similitudes avec Ambri l'année dernière. Les Tessinois étaient arrivés dans les Grisons en tant que 10e de National League (32 matchs - 40 points), puis avaient remporté le tournoi à la surprise générale. Problème, le retour à la saison régulière avait été difficile pour Ambri. Le rêve des play-offs s'était même envolé avec une 12e place en fin d'exercice. Le HCD est aujourd'hui 9e du championnat, avec un bilan de 48 points en 33 rencontres...
La victoire d'Ambri était un véritable miracle, presque un conte de fées. Celle du HCD est plus logique et ne facilite pas la mission de Josh Holden. On attend de cette équipe qui a remporté la Coupe Spengler de manière dramatique et spectaculaire qu'elle se qualifie directement et à coup sûr pour les play-offs. Mais la glace est toujours aussi fine à l'Eisstadion. Elle est capable de supporter n'importe quelle charge pendant quelques jours, mais n'est pas encore assez épaisse pour soutenir un poids permanent, de septembre à avril. Il manque toujours cette profondeur dont disposaient les équipes championnes d'Arno Del Curto. Et Sandro Aeschlimann n'est pas encore le prochain Leonardo Genoni. C'est pourquoi un titre de champion au printemps relèverait du miracle.
Un défi de taille attend Davos. Après une telle euphorie, les dirigeants conserveront-ils le sens des proportions et la patience nécessaire lorsque plus rien ne s'accordera en championnat, lorsqu'il faudra payer au prix fort ces matchs supplémentaires, usants, joués entre Noël et Nouvel An? Rien n'est moins sûr.
Le HCD a déployé une grande intensité la semaine dernière, pendant que les autres clubs suisses se reposaient, puis se préparaient. Et cela pourrait coûter cher dans les semaines à venir, lorsqu'il s'agira de se qualifier pour les play-offs.