C’est à Garmisch-Partenkirchen que se tient en ce jour de l’An la deuxième étape de la Tournée des 4 tremplins. Une tournée menée par l’Allemand Andreas Wellinger, après sa victoire fin décembre à Oberstdorf devant plus de 25’000 spectateurs.
Il n’y a rien à redire à la performance du double champion olympique. Il était le plus régulier sur le tremplin de Schattenberg: son succès est amplement mérité. En revanche, son saut de qualification - le plus abouti de tous les concurrents - a suscité de nombreuses réactions. Pas dans l’immédiat, mais une fois que la victoire à Oberstdorf est revenue au Bavarois.
Le problème? Un trou dans sa combinaison au niveau de l’aisselle droite, constaté par la télévision publique norvégienne. Ce qui, en toute logique, aurait dû conduire à l’élimination de l’Allemand, comme le veut le règlement. C’est ce qu’a confirmé à la NRK Christian Kathol, en charge de l'inspection du matériel à la Fédération internationale de ski (FIS).
Et ce, même si la déchirure est survenue après le saut, parce qu’il «célébrait trop», comme l’affirme Wellinger et semble le montrer les images après coup.
Kathol précise que les inspections ne concernent pas toutes les combinaisons. Les sauteurs sont sélectionnés au hasard. En d’autres termes, l’Allemand a eu de la chance de ne pas être tiré au sort - ce n’était pas à son tour de se présenter à la salle des contrôles. Reste que les juges auraient pu s’apercevoir du problème en direct, comme ce fut le cas avec le Français Antoine Gérard aux Jeux olympiques de Pékin, victime d’une situation similaire, mais pris en flagrant délit.
Si Wellinger, double champion du monde par équipes mixte, a pu franchir sans encombre les qualifications, c’est aussi parce qu’aucune nation n’a porté réclamation dans les minutes qui ont suivi le saut. Tout est simplement passé inaperçu, à moins qu’aucun pays n’ait souhaité entamer des démarches, pour la simple et bonne raison qu’un accroc apparu bien après le télémark ne change rien au résultat. Cette deuxième théorie est avancée par la Kronen Zeitung, après avoir recueilli l’avis de l’Autrichien Stefan Kraft, actuel troisième de la tournée.
Une disqualification aurait évidemment eu de lourdes conséquences pour Andreas Wellinger. Non seulement il n'aurait pas décroché une sixième victoire en Coupe du monde, mais surtout, son «zéro» à Oberstdorf aurait anéanti ses chances de remporter la Tournée des 4 tremplins.
Si la déchirure était survenue avant ou pendant le vol, le sauteur originaire de Ruhpolding n’en aurait tiré aucun avantage. Cela aurait même été un inconvénient selon Johan Remen Evensen, ancien athlète, désormais aux commentaires à la télévision norvégienne. Pris par la patrouille, Wellinger aurait néanmoins été disqualifié. Une décision qui peut paraître sévère, sauf qu’en saut à ski, la combinaison peut créer des différences titanesques - c’est pourquoi elle est autant réglementée par la FIS, étudiée par les fédérations et scrutée par les adversaires.
Un trou au niveau des aisselles n’est d’ailleurs pas anodin. La couture qui assemble la manche au reste de la combinaison est faite de manière à ce que l’on puisse tirer dessus en vol, pour élargir au maximum le vêtement, gagner en portance et ainsi aller plus loin. C'est ce qu'expliquait à Eurosport Jason Lamy-Chappuis, quintuple champion du monde de combiné nordique. En résumé, tout le monde tente de s’approcher des règles, de jouer avec.
Wellinger en est quitte pour cette fois. Il pourra défendre à Garmisch sa place de leader, dans un concours où Remo Imhof peut nourrir des ambitions. Le Suisse s’est envolé dimanche lors des qualifications. 11e, il a atteint la marque des 133 mètres sur le tremplin HS 142 de la station bavaroise. Il ne lui reste plus qu’à confirmer le jour de l’An.