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Saut à ski: Léna Brocard disqualifiée en raison de son poids

Cette sauteuse à ski a été disqualifiée en raison de son poids

La Française Léna Brocard a été écartée de la première étape de la Coupe du monde de combiné nordique. Tout s'est joué à 200 grammes près.
08.12.2023, 11:57
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Léna Brocard a vécu un début de saison très compliqué, le week-end dernier en Norvège. Alors qu'elle avait réalisé une encourageante 8e place lors de l'épreuve de saut à ski sur le tremplin de Lillehammer, la spécialiste de combiné n'a pas été autorisée à s'aligner sur l'épreuve de ski de fond le lendemain. Elle a été purement et simplement disqualifiée.

La raison peut paraître surprenante et c'est la jeune femme de 23 ans qu'il l'a dévoilée au Dauphiné Libéré.

«Entre le froid et le stress lié aux premières compétitions, j’avais perdu un peu de poids»

Or la Fédération internationale de ski (FIS) impose des règles très strictes concernant le gabarit des athlètes - nous y reviendrons. Il se trouve que sur la balance, Léna Brocard, qui dispute cet hiver sa quatrième saison de Coupe du monde, était trop légère de 200 grammes.

«Je ne m’y attendais pas», a soufflé la Française quelques jours après, sans toutefois crier au scandale.

«Cette disqualification était assez dure à digérer sur le coup. D’un autre côté, on ne peut pas reprocher à la FIS d’avoir des règles visant d’abord à protéger la santé des athlètes. Je reviendrai plus forte»
Léna Brocard(Le dauphiné libéré)

Autrefois confrontés à des problèmes d’anorexie chez les sauteurs qui souhaitaient être le plus légers possible en vol, la Fédération internationale a mis en place un barème basé sur le BMI (Body Mass Index), ou IMC en français (Indice de masse corporelle). Dès qu'un athlète atteint un IMC égal ou inférieur à 21.000, sa taille et son poids décident de la longueur des skis à laquelle il/elle aura droit.

Sachant qu'une différence de 10 cm2 de portance sur l'air peut engendrer une différence de longueur du saut pouvant aller jusqu'à sept ou huit mètres, les athlètes doivent veiller à ne pas perdre trop de poids afin de pouvoir garder leurs plus grands skis possible. Et ainsi se poser le plus loin possible.
Futura Sciences

Pour connaître leur taille de lattes, les athlètes doivent se référer au tableau édicté par la FIS, dont Arnaud Bousset, l'entraîneur des sauteurs suisses, nous a fait parvenir un extrait.

Le voici

Le sportif tient compte de sa taille (colonne de gauche) et de son poids (colonnes paires) pour déterminer la taille de ski (ski length) à laquelle il a droit.
Le sportif tient compte de sa taille (colonne de gauche) et de son poids (colonnes paires) pour déterminer la taille de ski (ski length) à laquelle il a droit.
Concrètement, un sauteur de 180 cm qui pèse 68 kg a des skis de 2,61 m. Avec 4 kg de moins, ses skis sont raccourcis de 9 cm.

On ne connaît pas le gabarit de Léna Brocard, mais ce qui est certain, c'est que sa perte de poids en Norvège l'a faite changer de colonne, et donc de taille de skis. Or en saut, ce n'est pas comme en alpin. «On ne voyage pas avec une vingtaine de paires de ski dans les housses quand on part en compétition, dit le coach des sauteurs helvètes. On en emmène juste une ou deux, et souvent de même longueur, mais avec des souplesses ou des structures différentes.» À Lillehamer, la Française n'avait dès lors plus de matériel à sa mesure.

Exclure une athlète pour 200g de pas assez peut paraître sévère mais comme le dit Arnaud Bousset, «si on ne respecte pas le règlement, ça ne sert à rien de le faire». Et puis, il a justement été pensé pour lutter contre de vieux fantômes de la discipline. Au début des années 2000, le saut à ski était en effet confronté au comportement anorexique de plusieurs de ses champions. Parmi eux, l'Allemand Sven Hannawald, 60 kilos pour 184 cm, dont l'extrême maigreur inquiétait.

German skijumper Sven Hannawald is jogging through the countryside prior to his jump from the Schattenberg ski jump hill in Oberstdorf, Bavaria, Germany, on Sunday, Dec. 29 , 2002. The competition in  ...
Hannawald s'échauffant avant une compétition à Oberstdorf en 2002.Image: AP

«Les sauteurs ont compris que, pour voler comme un oiseau, il faut manger comme un oiseau, écrivait Le Temps à l'époque (2000). Dès lors, leur morphologie s'est transformée au fil des ans. Ils sont devenus extrêmement maigres, surtout depuis l'apparition du style en V au début des années 90, qui permet d'aller plus loin avec moins de vitesse et donc moins de puissance. Un style qui demande aussi moins d'explosivité sur des tremplins dont les formes se sont adoucies.»

Consciente des dérives anorexiques de certains sportifs, la Fédération internationale de ski a fait adopter un nouveau règlement dès 2004, basé sur l'IMC et la longueur des skis. C'est le même système de calcul qui prévaut aujourd'hui et qui permet «d'encadrer la pratique. Il fait du bien», estime Arnaud Bousset, précisant toutefois que les sauteurs n'ont pas vraiment changé d'objectif.

«Au final, c'est toujours intéressant d'être léger. Des gars comme Stefan Kraft n'ont d'ailleurs pas de grands skis. Ils sont plutôt dans les dernières colonnes du tableau, avec des IMC de 18 ou 17,5.»

La fermeté de la FIS avec le règlement rappelle à tous que la chasse au kilo est un jeu dangereux. Certains sauteurs courent même le risque, un jour, de ne plus pouvoir prendre le départ d'une étape de Coupe du monde.

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