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Servette FC-Rangers: Steve Rouiller s'exprime avant le match

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Le Valaisan s'est imposé avec poigne dans le collectif Grenat. Keystone

«Il nous en manque peu pour être un club qui compte en Europe»

Steve Rouiller (33 ans) prend des coups mais n'abdique pas. Celui qui est devenu l'une des figures du vestiaire servettien revient sur sa carrière pas toujours simple avant le match retour face aux Glasgow Rangers mardi soir (sur RTS 2 dès 20h05).
15.08.2023, 15:3721.08.2023, 09:42
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Taulier de la défense servettienne, Steve Rouiller multiplie les bonnes prestations depuis le début de la saison. Le Valaisan nous parle de son son rapport au club, de René Weiler et de ses nombreuses années sous les ordres d'Alain Geiger juste avant d'affronter les Glasgow Rangers.

Ça fait quoi de fouler la pelouse du mythique Ibrox Stadium (Servette a perdu 2-1 la semaine dernière à Glasgow)?
Steve Rouiller: Glasgow, pour moi, c'est sûrement le plus beau souvenir dans un stade à l’extérieur. Avec cette foule, c’est une sensation unique de pouvoir vivre ça sur le terrain. Honnêtement, c’est un rêve d’enfant, des émotions intenses qui ressortent une fois sur le terrain. Tu en profites, car que tu sais que tu ne vas pas en jouer des dizaines de cet acabit durant ta carrière.

On peut parler du sommet de votre carrière?
Je n'espère pas. L'aventure européenne n'est pas terminée et on peut toujours faire mieux. Après une rencontre comme celle-ci, on veut en goûter à d'autres.

Pour prolonger l'aventure européenne, il faudra passer l'écueil Glasgow.
On sait que dans l'autre partie, le PSV a écrasé Sturm Graz 4-1 (le vainqueur affrontera celui de Servette-Rangers). Quand tu les vois jouer, tu sens le haut niveau et ce genre de défi te donne envie d'aller te frotter à un tel club. Affronter ces équipes nous rappellent qu'on n'est pas loin, il n'y a pas un monde d'écart entre Servette et les Rangers. Certes, c'est rôdé, ça joue bien au ballon, mais il ne nous manque pas grand chose pour être un club qui compte sur la scène européenne.

Même les fans des autres clubs romands sont derrière le SFC

Vous êtes titulaire indiscutable en championnat ainsi qu'en Coupe d’Europe. On imagine que l'enchaînement des matchs doit peser sur l'organisme.
Bizarrement, je me sens très bien physiquement. Au fil des rencontres, je monte en puissance. Je dirais même que je suis au top. Les préparateurs m'ont confié qu'ils ne m'avaient jamais vu aussi bien. Avant d'entamer la saison, j’ai fait une bonne préparation mentale et physique. Je voulais mettre tous les atouts de mon côté pour performer. Je voulais faire ma place dès l’arrivée de René Weiler et obtenir sa confiance.

Vous travaillez depuis longtemps avec un préparateur mental?
Je suis suivi depuis quelques années par une coach mental. Ces personnes arrivent à te donner les outils dans les moments les plus difficiles. Surtout que chaque début de saison, j'ai tendance à tout remettre à zéro et spécialement quand un nouveau coach arrive.

Vous redoutiez l'arrivée de René Weiler, spécialement après les cinq ans sous la férule d'Alain Geiger?
J’étais plutôt excité de le voir débarquer. Avec Geiger, une forme de routine s'était installée. C’est semblable à votre quotidien: si tu prends tes aises, tu ne travailles pas de manière optimale, tu t'investis un peu moins et tu ne te pousses pas ou plus.

Il fallait une nouvelle étincelle?
Je pense que l'équipe avait besoin de ce coup de boost, sans manquer de respect au travail fourni par Alain Geiger. Il a fait du très bon travail, avec la montée et ses excellents classements en championnat. Il nous fallait peut-être quelque chose de nouveau, qui te stimule et épouse une autre vision. Weiler nous amène son expérience, avec sa carrière d'entraîneur à l'étranger.

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Le brassard autour du bras pour Steve Rouiller, la force tranquille de Servette.Keystone

Et comment se définit-elle cette philosophie de René Weiler?
Il souhaite mettre beaucoup d'intensité et veut du pressing, du jeu en mouvement. Weiler a tout de suite montré qu’il voulait que l'ensemble du collectif soit concerné, qu'on fasse montre d'une grande détermination sur le terrain. C'est un jeu plus moderne et plus direct. On se base sur les courses, sur l’omniprésence des appels et cela cause des tourments à nos adversaires. Cette année, on cherche davantage à jouer vers l’avant.

Alain Geiger manquait-il d'un soupçon de modernité?
Geiger nous laissait beaucoup de libertés, que ce soit lors des entraînements ou durant les matchs. Weiler, disons que c’est plus carré, plus contrôlé; il y a une ligne directrice définie et propre à lui. Selon moi, ce sont deux styles différents. La différence est peut-être cette expérience supplémentaire de Weiler, qui a entraîné une équipe compétitive sur le plan européen telle qu'Anderlecht.

C'est ce qui faisait défaut à Alain Geiger?
Peut-être qu’il lui manquait ce pédigrée européen, oui. Quand il est arrivé au club en 2018, il avait une équipe performante entre les mains. Il a misé sur la continuité au fil des saisons, des matchs. Sa gestion a été très bonne et laissait ses joueurs s'épanouir sur le terrain.

«Geiger était plutôt quelqu’un qui supervisait et laissait place à l'improvisation»
Steve Rouiller

Servette a toujours été une équipe joueuse et on avait les joueurs pour. On possédait cette fibre et cette jouerie. De plus, Geiger s'appuyait sur l'apport de Gaël Clichy (réd: arrivé au club en 2020).

C'est-à-dire?
Clichy a proposé un style totalement différent. On a commencé à mettre en oeuvre une sortie de balle depuis l'arrière, de sortir le ballon avec le gardien. Il a passé pas mal de temps à conseiller le coach et injecter de ses idées aux entraînements. Avec son passé de joueur, il voulait adapter un schéma de jeu qu’il affectionnait. Et comme il faisait ses papiers d’entraineur, il souhaitait apporter ses connaissances.

Vous êtes de nature plutôt discrète. Des personnalités telles que Geiger et Weiler semblent l'être aussi. Est-ce la recette magique pour faire briller Steve Rouiller?
Comme moi, Geiger n’aime pas le conflit, il préfère rester à distance des joueurs. Ça marche bien avec les joueurs qui jouent, mais ça se corse quand le joueur ne joue pas. Au moment où je n'étais plus aligné, c’était la pire période pour moi.

«Personnellement, la saison 2021/2022 a été un réel calvaire»
Steve Rouiller

Il m’a relégué sur le banc et l’équipe a commencé à gagner. Je ne lui en voulais pas, mais je lui avais dit que la communication ne fonctionnait pas. Je me sentais un peu «rejeté». Quand tu réponds présent durant trois saisons, t’es titulaire indiscutable, tu ne comprends pas cette mise à l'écart. C’était dur à accepter. Un jour, on jouait à Saint-Gall, il manquait un central et je suis resté sur le banc. Après ça, je me suis effondré. J’avais dégringolé dans la hiérarchie, passant de titulaire à remplaçant, pour finir remplaçant du remplaçant. J’en ai même pleuré. Il y avait une accumulation et Geiger ne me parlait pas. Quand t’as rien, pas un seul retour, tu végètes dans l’incertitude. J’accepte tout, mais si on me parle pas, je suis désarçonné. Après la saison, j’ai rapidement fermé le livre, clos le chapitre et je suis rapidement passé à autre chose pour être fin prêt à la reprise. En revanche, je n’ai jamais hésité à aller voir ailleurs. Au fond de moi, je savais que j’avais les qualités pour briller.

Il a fallu un peu de temps pour vous imposer véritablement. A présent, vous voilà une figure des Grenat.
Quand je suis arrivé à Servette, je venais de la Super League, en provenance de Lugano. Je sentais que Servette était le club qu’il me fallait à l’époque. En Challenge League, j'étais tout de suite aligné et j'ai continué à l'être lors de la montée. Je pense qu'en répondant toujours présent, ça a marqué les esprits des supporteurs. Je suis aussi quelqu’un qui m’ouvre beaucoup, qui échange avec tout le monde. Je suis apprécié parce que je m’intéresse aux gens du club et à tous les niveaux. Je me sens intégré dans le projet et j'ai comme cette impression d'être là depuis dix ans.

«Je sens que les gens me font comprendre que je suis important pour le club»
Steve Rouiller

Si on lance un regard dans le rétro, vous avez souvent fait un pas en arrière pour mieux rebondir.
Je n'ai jamais eu peur de prendre des risques. J'ai toujours été bien conseillé. J'ai simplement besoin de sentir que le club me fasse confiance.

Lors de votre passage à Sion et à Lugano, la confiance n'était pas au rendez-vous?
A Sion c'était différent, parce que j'étais jeune. Je n'avais pas le même statut que j'avais à Lugano, par exemple. Mais au Tessin, une seule personne ne me voulait pas: le coach. Sinon tout se déroulait pour le mieux. Même les joueurs étaient surpris par mon départ.

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Steve Rouiller est toujours debout. Keystone

C'était un départ précipité?
Je ne me voyais pas partir. Je dois avouer que c'était dur de quitter Lugano, pour moi et ma famille.

Et à Sion?
Sion m'a permis de toucher du bout des doigts le monde professionnel, à 20 ou 21 ans. Comme jeune Valaisan, t'as envie de mouiller le maillot pour le FC Sion. Peut-être que dans d'autres clubs, les jeunes ont plus de possibilités pour se montrer. Sauf qu'à Sion, il y a énormément de joueurs qui viennent de gauche à droite, où le club investit beaucoup de moyens et l'erreur se paie cash. Moi, je n’avais pas ma place dans cette équipe à ce moment-là. Je l'ai vite compris et j'ai décidé de mettre de côté ce monde pro en allant évoluer sous les couleurs du FC Monthey.

Et Sion vous propose une seconde chance...
J'ai été touché que le club me rappelle. Je suis passé de la première ligue au stage de préparation avec la première équipe du FC Sion. Mais inévitablement, je me suis posé des questions: était-ce pour mon niveau ou pour rapatrier un jeune Valaisan au club?

«Je remercie le FC Sion, grâce au club, j’ai pu m’épanouir ailleurs et lancer ma carrière»
Steve Rouiller

C'est suite à l'arrivée de Tholot que la machine s'est grippée?
C'était compliqué. Je n’avais pas d’agent et j’avais un contrat de 6 mois plus une option d'un an et demi. Peut-être y a-t-il eu une erreur de communication, mais toujours est-il que j’étais parti en préparation avec Sion, en Espagne. Je pensais qu'en ayant embarqué avec Sion pour le stage, mon contrat était prolongé automatiquement. Et Tholot s'approche de moi et me dit que Chiasso voulait m'embaucher. Je voulais faire mes preuves en Valais, continuer à revêtir ce maillot, mais je n'avais pas le choix: je n'avais plus de contrat.

Alors vous avez pris votre baluchon pour vous rendre à Chiasso.
Avec le recul, je pense que Chiasso était le parfait tremplin pour moi. A l’époque, c’était Croci-Torti (réd: actuel coach du FC Lugano).

«Ma carrière a vraiment démarré à Chiasso»
Steve Rouiller

Je me suis senti pour la première fois dans la peau d’un professionnel et surtout important dans une équipe. Et quand tu l’es, tu te sens pousser des ailes.

En 2023, vous êtes à présent au top de votre forme. Pouvez-vous me citer un moment charnière dans votre carrière?
Mon premier match en Super League, avec Sion, dans la peau du titulaire. En arrivant sur la pelouse, j’étais sur la pointe des pieds, car personne ne m'attendait à ce niveau. C’était à Bâle, face à Embolo qui plus est. Il y avait pas mal de pression. Chassot venait d'être limogé et Smajic avait repris les rênes de l'équipe. On traînait en fond de classement et j’ai vécu ce match entre excitation et pression. On fait 1-1 au Parc Saint-Jacques et dans la foulée, j’enchaîne les cinq parties suivantes.

Y a-t-il une chance de voir Steve Rouiller porter à nouveau le maillot du FC Sion?
Non, je ne pense pas. J’ai gardé un bon rapport avec le président Christian Constantin. Mais je me sens tellement bien dans ce club, que je verrai ça comme une trahison envers les supporteurs si je partais jouer à Tourbillon. Je pense que si je partais à Sion, il y aurait beaucoup de déception. Servette est mon club.

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