La météo s'acharne décidément sur la Coupe du monde masculine de ski alpin. C'était encore le cas ce mercredi. Les nuages étaient gris au-dessus de Val Gardena, avec un mélange de neige et de pluie tombant dans la vallée. Résultat: le deuxième entraînement de descente a été annulé déjà tôt le matin.
Mais des améliorations sont prévues dès ce jeudi dans le Tyrol du Sud. Rien ne devrait donc s'opposer au véritable marathon qui attend les coureurs sur les pistes italiennes. A partir de jeudi, deux descentes et un super-G à Val Gardena puis deux slaloms géants à Alta Badia sont au programme.
Ça fait donc cinq courses en cinq jours, du moins pour les skieurs polyvalents de la Coupe du monde. Parmi eux, il y a Marco Odermatt, sacré au classement général ces deux dernières années. Il veut disputer ces cinq épreuves, même si ce programme titanesque ne lui plaît pas du tout.
Jamais dans sa carrière le Nidwaldien de 26 ans n'avait enchaîné cinq épreuves de Coupe du monde en cinq jours. Mais il veut prendre sur lui, car le calendrier ne lui laisse pas d'autre choix. La décision de la Fédération internationale de ski (FIS) de rattraper à Val Gardena l'une des descentes annulées en novembre à Zermatt a encore alourdi l'agenda. Ces derniers jours, Odermatt a fait savoir plus d'une fois ce qu'il pensait de ce choix.
Il a par exemple parlé de «clowns» pour désigner les planificateurs de la FIS. Le Suisse ne comprend pas certaines décisions de l'instance. La programmation de cinq courses d'affilée, bien sûr, mais plus généralement, la manière dont la saison est rythmée. Il s'offusque notamment que deux slaloms géants aient lieu à Alta Badia. Pour cette classique, Odermatt estime qu'il ne devrait pas y avoir deux vainqueurs par an, mais un seul.
Les déclarations de la star suisse sont parvenues aux oreilles de Michel Vion, le secrétaire général de la FIS. Ce dernier a alors recommandé au Nidwaldien de renoncer à l'une ou l'autre course s'il en avait trop. A l'image des joueurs de tennis, qui sacrifient des tournois. Mais Marco Odermatt n'accorde aucun crédit à cette comparaison, et pas beaucoup plus à Michel Vion:
Même s'il aime le Tyrol du Sud qu'il trouve «très beau», la piste de Val Gardena n'est pas la préférée du Nidwaldien, car elle est davantage adaptée aux glisseurs qu'aux techniciens comme lui. Sa deuxième place en descente l'hiver dernier a été pour lui «la plus grande surprise de la saison».
Là-bas, le corps de Marco Odermatt s'apprête à souffrir comme jamais auparavant. «D'un point de vue purement physique, c'est le plus grand défi de ma carrière», tranche-t-il. Le Suisse doit d'abord maîtriser les nombreux sauts de la Saslong lors des deux descentes. Les athlètes ne cessent de s'envoler et leur dos et leurs genoux doivent ensuite supporter des atterrissages difficiles. «La descente fait vraiment mal au corps», témoigne Odermatt.
Samedi, après la deuxième descente, le Nidwaldien se rendra à Alta Badia, où l'attend la pente de slalom géant qu'il considère comme la plus éprouvante de toute la Coupe du monde. Pour lui, ce programme chargé signifie aussi que le samedi à Val Gardena, il aura encore les lattes de descente aux pieds et que le dimanche à Alta Badia, il devra soudain maîtriser les skis de slalom géant.
C'était déjà le cas l'hiver dernier. Et cela lui avait donné du fil à retordre. Lors de la première manche du premier slalom géant, il n'avait obtenu que la neuvième place, avant d'améliorer son classement au second passage (3e rang final). Il avait ensuite remporté le deuxième slalom géant. Cette année, Marco Odermatt prévoit d'enchaîner quelques virages de slalom géant samedi après la descente, si son niveau d'énergie le lui permet.
Cinq courses en cinq jours, voilà donc le plan. Mais est-ce bien raisonnable?
Reto Nydegger, l'entraîneur suisse de vitesse, répond diplomatiquement à la question:
Mais il affirme aussi qu'Odermatt sait gérer la situation. «Il remarque quand ça devient trop et il est assez intelligent pour décider lui-même». En tant qu'entraîneur, Nydegger n'intervient que lorsqu'il a le sentiment que la situation devient dangereuse.
En novembre, alors qu'il s'entraînait à Cooper Mountain (Etats-Unis), Marco Odermatt a ressenti des douleurs dans le dos, une sorte de lumbago. Mais ce problème ne le préoccupe plus, rassure-t-il, il est guéri à 100%.
Dans le Tyrol du Sud, seuls quelques athlètes devraient s'attaquer aux cinq courses. Par exemple Marco Schwarz, que de nombreux experts considèrent comme le coureur le plus susceptible de menacer Odermatt dans sa mission de défendre son Globe de cristal du général. Pour cela, l'Autrichien a aussi besoin de points dans les épreuves de vitesse. Ces prochains jours montreront s'il est capable de rivaliser avec Marco Odermatt en descente et en super-G.
Le Suisse ne dit pas combien de points il compte marquer dans les jours à venir. Il veut prendre course après course, surtout dans cette période agitée.
Adaptation en français: Yoann Graber