On peut toujours compter sur lui. Fidèle à son habitude, Marco Odermatt arrive à la seconde près dans le salon de l'hôtel de l'équipe suisse à Saalbach. Devant le feu de cheminée, il se plonge dans ses trois derniers jours de compétition restants cette saison. Le jeune homme de 26 ans ne veut pas entendre parler du triomphe à venir. Il se prépare à travailler dur et à atteindre la perfection une dernière fois cet hiver.
Vous vous réjouissez d'un dernier temps fort de la saison ou plutôt de l'approche de la fin de la saison?
MARCO ODERMATT: C'est clairement un nouveau point culminant pour moi. Je me réjouis énormément des – espérons-le – trois courses à venir. Les dernières semaines ont été un peu étranges avec les annulations. Nous n'avons pas fait beaucoup de courses ces derniers temps. Je suis donc bien reposé et moins dans l'ambiance que les années précédentes, où nous étions heureux que tout soit terminé.
Dehors, c'est vert, les gens prennent l'apéro en manches courtes. Avec un décor qui a un goût de printemps, n'est-il pas plus difficile de se motiver?
Oui et non, nous préférons tous une telle finale à celle d'il y a deux ans à Lenzerheide, dans une tempête de neige par -10°C. Des températures plus chaudes et une neige printanière conviennent à l'ambiance traditionnelle de ces finales. Logiquement, il devrait y avoir quand même un peu plus de neige, mais ça va comme ça.
Pour la première fois, ces finales sont réparties sur deux semaines. Une bonne chose?
Oui, en ce qui me concerne, je bénéficie de davantage de repos entre les courses. Bien sûr, si le week-end avant Saalbach tombe à l'eau comme cette année, on a une longue période sans course. Mais l'année dernière, l'agenda n'était pas conçu de manière optimale: j'ai été obligé de prendre un jet privé pour Andorre après deux slaloms géants à Kranjska Gora, afin de ne pas manquer l'entraînement de descente.
Lors des dernières courses, on a vu presque à chaque manche une erreur de votre part, comme on en voit rarement. C'est un signe de fatigue?
Non. Si quelque chose ne va pas à 100 %, on doit pousser un peu plus et les erreurs surviennent alors un peu plus vite. C'est tout à fait normal. Et les erreurs ont un impact plus important certaines fois que d'autres. Quand Loïc Meillard à Aspen ou Henrik Kristoffersen à Palisade réussissent de très bonnes courses, les écarts deviennent serrés, il y a moins de marge.
Mais à la fin, le vainqueur s'appelle quand même Odermatt!
Moi-même, je me demande comment c'est parfois possible.
Avec quel état d'esprit abordez-vous ces finales?
La concentration et la tension sont là. Pour moi, l'enjeu des trois courses est encore relativement important. En slalom géant, il me faut une victoire si je veux réaliser une saison parfaite. En super-G, je vise une course «souveraine» et en descente, comme en géant, une manche parfaite.
Regrettez-vous de ne pas pouvoir atteindre le record d'Ingemar Stenmark de 14 victoires consécutives en slalom géant cette saison ?
Le record de Stenmark n'est pas aussi important pour moi que la possibilité de remporter tous les slaloms géants d'une saison. Ce serait vraiment cool.
Pratiquement à chaque victoire, vous rattrapez une sommité du ski. Avez-vous tous ces records en tête?
Non, pas du tout. Ce sont surtout des choses que j'entends à l'arrivée de la part d'un journaliste. Je sais que j'ai encore quelques victoires de retard sur Pirmin Zurbriggen.
Êtes-vous toujours nerveux avant une seconde manche, lorsque vous partez en dernière position?
Souvent, je suis encore un peu plus nerveux avant la première manche, parce qu'il faut se qualifier et qu'on ne sait pas exactement si tout va fonctionner. Mais oui, je suis toujours nerveux. Lors des deux super-G de Garmisch, après tous les moments forts d'Adelboden, Wengen et Kitzbühel, la tension était un peu moins forte et, rapidement, ils sont devenus mes moins bonnes courses de la saison.
Que faites-vous entre les deux manches d'un slalom géant?
Pas beaucoup de choses. Souvent, le temps pour la reconnaissance du tracé est très court. On passe un certain temps dans la zone d'arrivée, on enlève tous les vêtements de course. Ensuite, je mange un petit truc, souvent une banane et un shake. S'il y a un vélo, je roule quelques minutes ou je surélève un peu mes jambes.
Vous dormez bien avant les courses?
C'est variable. En général, plutôt moins bien en début de saison. Je dors généralement mieux cette année que les précédentes. Peut-être que la raison est moins la nervosité que le lit ou le lieu. Mais, c'est certain, je dors mieux à la maison un dimanche de libre.
Avez-vous développé des stratégies pour lutter contre les insomnies?
Jusqu'à l'année dernière, le fait de ne pas pouvoir m'endormir m'énervait. Et puis, en conséquence, on dort encore moins bien.
A quelle heure vous levez-vous avant un slalom géant?
Différents facteurs entrent en jeu. Ici, à Saalbach, le départ est donné déjà à 9h00. Ensuite, la reconnaissance de la piste a lieu à 7h00. Je vais donc probablement mettre le réveil à 5h30.
Quand on vous voit visualiser la course dans l'aire de départ, vous avez vraiment chaque porte en tête?
Je suis un skieur qui sait tout exactement. Pas seulement chaque porte, mais chaque mètre d'une course, chaque petite cassure et aussi la qualité de la neige aux différents endroits.
Combien de temps vous faut-il pour mémoriser tout cela
Avant la première manche, on dispose de 45 minutes pour la reconnaissance. Avant la seconde, c'est 30 minutes. J'ai toujours besoin de l'entier de ce temps.
Analysez-vous toutes vos courses, y compris la dernière de la saison, après laquelle il n'y a plus rien durant de longs mois?
Oui, j'analyse toutes mes courses. Pas toujours en m'asseyant devant l'ordinateur avec mon entraîneur. Mais la plupart du temps, je regarde les meilleurs passages à la TV.
Adaptation en français: Yoann Graber