Lara Gut-Behrami n'a pas vraiment souhaité en parler ce week-end du côté de Cortina d'Ampezzo. Trop de choses venaient de se passer: elle était affectée par les nombreuses chutes et les interruptions à n'en plus finir. Des moments intenses mentalement, comme l'expliquait elle-même la Tessinoise.
Pourtant, la question qui consistait à savoir si Gut-Behrami pouvait encore avoir son mot à dire dans la lutte pour le classement général de la Coupe du monde se voulait intéressante. Grâce à son remarquable week-end (2e, 5e, 1re), la skieuse de 32 ans a en effet engrangé 225 points, pendant que Mikaela Shiffrin, à cause de sa chute, n'en a marqué aucun.
Ce mardi, 100 unités supplémentaires ont été ajoutées au total de la Suissesse, après sa victoire en géant à Kronplatz (Plan de Corones).
L'Américaine n'était toujours pas au départ, si bien que désormais, la leader du classement général de la Coupe du monde ne compte plus que 95 points d'avance sur la Tessinoise. Les écarts sont aujourd'hui encore plus resserrés.
Mikaela Shiffrin a chuté vendredi dès les premiers virages de la première des trois épreuves de Cortina. Pour rappel, sa descente s'est terminée de manière brutale dans les filets de sécurité. Elle a finalement quitté la piste en boitant, avant qu'un hélicoptère ne la dépose dans la vallée.
Il semblerait que la native du Colorado, plus chanceuse que Corinne Suter et Valérie Grenier, ne soit pas grièvement blessée. Sur les réseaux sociaux, la star du circuit féminin a posté une photo de son genou bandé, précisant qu'il n'y avait heureusement rien de grave, qu'elle allait désormais se reposer et décider au jour le jour de la suite de sa saison. Nous pourrions la retrouver en piste dès les prochaines épreuves, à Soldeu le mois prochain.
A l'heure actuelle, il ne reste que 15 courses à disputer au calendrier de la Coupe du monde. Seules trois d'entre elles sont des slaloms, la discipline que Shiffrin domine tant depuis des années. Sur ses 1209 points glanés en 2023/2024, 630 proviennent d'ailleurs du slalom. Le reste des manches semble davantage convenir à Lara Gut-Behrami, puisqu'il s'agit d'un mélange de trois géants (la Tessinoise est montée sur le podium 5 fois cette saison dans la discipline) et de neuf épreuves de vitesse, qui réussissent mieux à la Suissesse.
Clairement, la championne olympique du Super-G peut espérer remporter un deuxième gros globe de cristal, après celui de 2016. A l'époque, elle n'avait non pas 32 ans, mais bien 24 printemps. L'entraîneur-chef s'appelait Hans Flatscher – il avait joué un rôle prépondérant dans le succès de sa protégée.
Depuis, l'Autrichien est devenu le directeur alpin de la Fédération suisse de ski. Mais comme Lara Gut-Behrami, il ne veut pas entendre parler du classement général de la Coupe du monde. Selon lui, un tel succès ne peut pas se planifier – il doit s'imposer naturellement.
Lorsque Gut-Behrami avait remporté le général de la Coupe du monde en 2016, elle était la première Suissesse à le faire depuis Vreni Schneider, 21 ans auparavant. Sa grande concurrente s'appelait alors Lindsey Vonn: les deux femmes avaient livré un duel épique avant que l'Américaine ne se blesse au début du mois de mars.
Hans Flatscher en est convaincu: on ne remporte pas un gros globe tant que l'on ne l'a pas vraiment gagné.
Les annulations de Garmisch en sont le parfait exemple: il n'y aura aucune course le week-end prochain en Allemagne, ce qui désavantage la Tessinoise. Et d'autres épreuves pourraient être retirées du calendrier d'ici la fin de la saison. Qui plus est, les états de forme des coureuses peuvent largement évoluer, surtout lors des dernières sorties, où la fatigue se fait bien plus ressentir.
Hans Flatscher a-t-il la recette pour permettre à Lara Gut-Behrami de devenir la n°1? Non, pas vraiment. Car «il n'y a qu'une seule chose à faire: se concentrer sur soi-même». Et rester en piste, jusqu'aux finales à Saalbach. C'est là que nous connaîtrons le dénouement de cette saison.
Adaptation en français: Romuald Cachod.