Le concours par équipes mixte de saut à ski des Jeux olympiques de Pékin 2022 est encore dans toutes les mémoires. Pas moins de cinq concurrentes avaient été disqualifiées à cause de combinaisons jugées trop grandes, ce qui augmente la portance et améliore les performances.
Le choc était immense: jamais autant de sanctions n'avaient été prononcées dans le cadre d'une compétition aussi prestigieuse. Surtout, personne ne comprenait la décision de la FIS, alors que quelques jours auparavant, lors des épreuves individuelles, l'instance n'avait rien trouvé à redire aux athlètes portant les mêmes équipements.
Malheureusement, cet épisode n'a jamais véritablement freiné les ardeurs de certains. Si bien qu'un an plus tard, un sauteur anonyme ne mâchait pas ses mots, accusant dans les médias de nombreux concurrents de tricherie.
D'anciens grands noms de la discipline - comme le quintuple champion du monde Janne Ahonen - s'indignaient aussi de ces combinaisons s'apparentant de plus en plus à de véritables wingsuits, à cause d'un excès de tissu au niveau de l'entrejambe.
A l'époque des controverses, les athlètes étaient mesurés à la main en début de saison. Outre l'erreur humaine, la posture adoptée en position assise ou couchée pouvait permettre à certains de gagner quelques centimètres de textile en plus.
Etant donné les différences majeures que cela peut provoquer en termes de résultat, les contrôles manuels ne semblaient plus suffisamment adaptés pour garantir l'équité du sport. A l'initiative de Christian Kathol, en charge de l'inspection du matériel à la FIS, l'instance mondiale s'est logiquement dotée d'un nouvel outil. Un scanner 3D moderne, d'abord testé lors du Grand Prix d'été de saut à ski, puis adopté pour la saison hivernale 2023/2024.
Concrètement, tous les athlètes ont été mesurés à l'aide du scanner, en présence d'une équipe médicale. Ils étaient placés debout, en sous-vêtement, les pieds espacés de 30 centimètres. Le but: déterminer leur taille, mais aussi la hauteur de l'entrejambe ou encore la longueur des jambes. Ces données ont ensuite permis de modéliser la combinaison de chaque concurrent, au millimètre près, grâce à un programme informatique de pointe.
Aujourd'hui, lorsque les sauteurs sont contrôlés en amont d'un saut, la combinaison reste mesurée de façon manuelle. Mais les données sont comparées à celles produites par le logiciel, et si l'équipement s'avère trop ample, la disqualification est prononcée. C'est ce qu'il s'est produit à quatre reprises ce week-end, lors des Mondiaux de vol à ski disputés sur le tremplin géant de Kulm.
A l'avenir, l'objectif reste néanmoins de retirer toutes traces de mesure manuelle, car la façon de porter son équipement lors des vérifications d'avant saut, peut permettre à certains de passer entre les mailles du filet, et donc de voler avec une combinaison plus grande que permise.
Bientôt, un premier scan en sous-vêtement pourrait être réalisé la veille de l'épreuve sur chaque athlète. Avant un second, en haut du tremplin en tenue, avant de rejoindre la plateforme de départ. Le programme s'assurerait de la conformité de la combinaison, et les litiges seraient amenés à disparaître. Du moins en partie, car en saut à ski, les innovations entourant l'équipement existeront toujours, tant celui-ci peut impacter la performance.