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Pour jouer au foot, ces Romands bravent la police et le Covid

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Privés de football depuis de longs mois à cause de la pandémie, certains passionnés romands ne veulent plus attendre.Image: Shutterstock

Pour jouer au foot, ces Romands bravent la police et le Covid

Voilà plusieurs mois que le football est interdit aux adultes. Mais pour certains passionnés, malgré les risques d'amendes ou de propagation du virus, hors de question de laisser tomber leur sport favori. Témoignages entre clandestinité, ras-le-bol et beaux jours qui reviennent.
28.02.2021, 18:2428.02.2021, 18:25
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Dans le monde du Covid, jouer au foot est illégal. Mais cela ne freine de loin pas tous les accros du ballon rond. «Rien à faire, l'amende je la paie!», rigole Thomas*, jeune chef d'entreprise la semaine et footballeur clandestin le week-end. A l'image d'autres Romands, ce trentenaire vaudois a pris le risque d'aller taper le ballon avec ses amis, malgré la police et la possibilité de propager le virus. Certains ont carrément mis leur emploi en péril afin de pouvoir assouvir leur passion.

Car depuis plusieurs mois maintenant, l'ensemble des sports de contacts (football, basketball, rugby, etc.) sont interdits chez les adultes. Et ce que ce soit au Stade de Suisse ou sur le carré d'herbe devant chez vous. Dès demain, il sera à nouveau possible de toucher un ballon mais sans contacts physiques. La réouverture complète des terrains est, elle, espérée pour le mois d'avril. Pourtant, nombreux sont ceux qui n'ont pas pu se retenir jusque-là.

«C'est trop long d'attendre encore pour jouer au foot. Il fait beau, on a envie de vivre, les gens saturent», raconte Marc*. Dimanche passé, ce Lausannois de 25 ans a craqué et participé à un match de foot avec une dizaine d'amis dans la campagne vaudoise. Durant 1 h 30, ils ont joué comme si le Covid-19 n'existait pas.

Aller faire du foot en douce le dimanche malgré les interdictions, ça vous semble...

Le semi-confinement a pourtant laissé des traces. «Cela fait du bien mais c'était difficile physiquement, je n'avais rien fait depuis le mois d'octobre à part aller courir un peu. On était tous claqués et j'ai eu de sacrées courbatures le mardi», sourit Marc, tout en précisant que lui et ses amis comptent bien retourner se dépenser dans les semaines à venir.

Footballeurs en manque

Se remettre en forme en vue d'une éventuelle reprise du championnat, c'est d'ailleurs l'une des raisons, avec le retour des beaux jours, qui a motivé André* à participer à un «trois contre trois» au centre de Lausanne le week-end dernier. «Le foot, ça me manque, tu passes de deux entraînements et un match par semaine à rien du tout», souligne-t-il.

Le trentenaire regrette d'ailleurs un manque de cohérence dans les mesures mises en place par les autorités: «Je ne comprends pas pourquoi le foot est interdit alors qu'on peut s'agglutiner dans les transports publics. S'il y a un contact sur un terrain, cela dure une fraction de seconde.» Le jeune homme affirme ne pas craindre une éventuelle remontrance policière. «Je pense qu'ils ne vont même pas nous amender, ils vont nous mettre en garde et nous on va aller jouer plus loin.»

Que risquent les footballeurs du dimanche?
Jouer au ballon peut coûter cher. A Fribourg, en cas de match organisé, les participants risquent une dénonciation au Ministère public ou au Tribunal des mineurs, ce qui a été le cas pour deux événements en mai et octobre 2020. Dans le canton de Vaud, les joueurs sont susceptibles de recevoir une amende de 100 francs pour «participation à une manifestation interdite». La police vaudoise précise toutefois favoriser la sensibilisation, tout comme son homologue neuchâteloise. De manière générale, les polices cantonales s'attendent à une augmentation des loisirs en plein air, et donc des matchs de football, avec le retour des beaux jours.

Son coéquipier Thomas* abonde. «Pour dire à quel point la police ne me préoccupait pas, j'ai pensé un moment aller sur un terrain du Tunnel, face au poste... de police», rigole-t-il. Et le virus n'inquiète pas davantage les footballeurs «clandestins», selon lui. «Chez les jeunes, j'ai le sentiment qu'on a un peu tous banalisé le Covid, cela ne nous fait plus peur.»

Chacun sa gourde

Le Vaudois assure pourtant prendre quelques précautions de base avec ses coéquipiers. «On ne boit pas dans la même gourde, on se salue avec le poing et si je vais voir des proches âgés après, je fais super gaffe à porter le masque et à tenir les distances.» Tout en affirmant comprendre les mesures sanitaires, Thomas admet qu'elles ne l'empêcheront pas d'aller taper dans le ballon. «Sans foot, je me sens dépérir. Et il faut que je joue maintenant, j'ai l'impression que c'est du temps perdu parce qu'à 40 ans, le foot, c'est fini.»

Si certains ont attendu les beaux jours pour reprendre leur sport favori, d'autres n'ont tout simplement jamais arrêté, interdiction ou non. «C'est clair qu'en avril 2020, au début des interdictions, j'ai eu un moment d'hésitation par peur de transmettre le virus à d'autres personnes, notamment à ma mère», se souvient Stéphane* qui va jouer tous les dimanches avec un groupe d'amis dans un petit village de la campagne romande.

Lui-même raconte avoir attrapé le Covid-19 mais ne pense pas que ce soit lors d'un match de foot, même s'il ne peut pas en être sûr.

Son autre crainte concerne son travail. «Si je me fais contrôler, je risque gros parce que j'ai un devoir d'exemple», confie-t-il. Mais l'envie était trop forte. «Ce qui m'a fait braver les interdits, c'est aussi le côté social, le fait de revoir les potes d'enfance avec qui j'ai l'habitude de jouer et en qui j'ai confiance.»

Les policiers restent des humains

Malgré une ou deux frayeurs liées à de possibles passages d'une voiture de patrouille, le groupe ne s'est pour le moment pas fait repérer. «Il y a tellement d'années qu'on va là-bas, les voisins nous connaissent, donc je pense qu'ils ne vont pas nous dénoncer.»

Et même si des policiers les avaient vus, Stéphane n'est pas persuadé que ceux-ci seraient intervenus. «Ce ne sont pas des machines, ils ont aussi une conscience. Ils se sont peut-être dit: pourquoi est-ce que on irait embêter des gars qui font du sport. Cela va à l'encontre des règles mais, finalement, on ne fait rien de mal. Comment tu peux interdire aux gens de jouer au foot?»

* prénoms d'emprunt

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