L'accusé a renoncé au milieu des supporters, comme il l'a déclaré sous serment lors de son procès mercredi à Zurich. Cette rupture et ses aveux plaident en sa faveur, a déclaré le juge. La peine correspond à la proposition négociée entre le procureur et les avocats de la défense. Elle n'en est pas moins inhabituelle dans ce milieu.
L'accusé faisait partie d'un groupe d'environ 55 supporters du FC Zurich qui ont pris d'assaut le secteur de Grasshopper après le derby zurichois du 23 octobre 2021, comme le précise l'acte d'accusation. L'objectif était apparemment de voler une banderole, le trophée suprême de tout ultra. «Je ne saurais plus expliquer pourquoi j'ai participé à tout ça», a déclaré le supporter suisse de 25 ans.
Certains fans du FCZ ont lancé des torches en direction du bloc adverse. L'accusé, qui portait une cagoule et une capuche, a reçu l'une de ces torches en retour et en a réexpédié deux en guise de représailles dans le secteur de GC. L'une a voltigé au-dessus de la barrière, l'autre y est restée accrochée.
Il a agi sous le coup de la colère après avoir été touché, a-t-il expliqué. «Vous auriez pu blesser gravement quelqu'un», a rétorqué le juge. Le jeune homme n'en était pas conscient à l'époque, a-t-il répondu. Le juge n'a pas eu l'air de le croire sur parole, compte tenu de son passé de membre actif du milieu ultras habitué à «craquer» des fumigènes.
Devant le tribunal, ce supporter du FCZ a tenu à s'excuser. «J'ai appris de mes erreurs et j'ai complètement changé de vie.» Le juge a établi que l'homme était plutôt un suiveur. Il ne peut toutefois pas comprendre la haine entre supporters. «Il s'agit simplement d'assister à un bon match», a déclaré le juge, sans doute un peu naïvement.
Outre la tentative de lésions corporelles graves, le prévenu est également condamné pour tentative de dommages à la propriété, violation de domicile, infraction à la loi fédérale sur les substances explosives et pour avoir enfreint l'interdiction de se masquer le visage dans l'espace public. Outre la peine d'emprisonnement avec sursis, il écope d'une amende de 200 francs. Le juge a exhorté le jeune homme à ne pas récidiver. «Vous devriez aller en prison et ce n'est pas votre place», a-t-il sermonné.
Après ce derby, la police municipale de Zurich a ouvert une enquête contre 27 fans du FCZ et de GC. Comme l'a indiqué le juge mercredi, les spécialistes ont surtout travaillé avec des prises de vue du stade et la reconnaissance faciale. L'homme qui comparaissait mercredi a en outre participé à des «chats» compromettants peu après les faits.
Dans le même temps et à contre-courant de la répression dominante, la France a décidé d'autoriser à nouveau les fumigènes dans ses stades, selon des normes précises. Un décret publié au «Journal officiel» permet, à partir de ce jeudi et pendant 3 ans, «l’expérimentation de l'usage d'engins pyrotechniques». La pratique sera testée et encadrée, avec pour objectif de «tendre vers la disparition de leur utilisation illégale et non sécurisée dans les tribunes». Mais du moment que les «fumis» ne sont plus interdits, sont-ils toujours aussi attrayants et identitaires pour le mouvement ultras?