Netflix a récemment fait un pas dans l'organisation d'événements en tennis, avec son premier match – Nadal face à Alcaraz le 3 mars à Las Vegas – diffusé en direct. Mais l'entreprise américaine n'est pas invitée à la table des discussions qui agitent le circuit cette semaine, en marge du tournoi d'Indian Wells. C'est l'avenir du tennis professionnel qui est négocié autour de celle-ci, rien de moins.
L'Equipe rapporte que «les réunions s'enchaînent entre les grands responsables du tennis mondial» sur le site du tournoi californien. Elles opposent deux camps: d'un côté, l'ATP et son directeur, Andrea Gaudenzi. De l'autre, les quatre Grands Chelems (qui, pour rappel, ne sont pas chapeautés par l'ATP), avec, comme figure de proue, le directeur de l'Open d'Australie, Craig Tiley.
C'est ce second camp qui veut imposer un grand bouleversement au tennis. Son idée? Créer un circuit élite semblable chez les hommes et les femmes, le «Premier Tour» (les 100 premiers joueurs mondiaux), comportant les quatre tournois du Grand Chelem plus dix autres événements équivalant aux Masters 1000 actuels. Une compétition par équipe et un tournoi de fin de saison s'ajouteraient à ce calendrier largement réduit par rapport à l'agenda actuel.
Cette formule comporte une deuxième division, le «Contender Tour», qui regroupe les tennismen et tenniswomen classé(e)s entre la 100e et la 300e place mondiale. Dans celle-ci, on trouverait des tournois très importants aujourd'hui, comme les ATP 500 de Vienne ou Rotterdam. Autrement dit, le statut de ces derniers en prendrait un coup. Ils ne sont pas les seuls événements à être sacrifiés, en quelque sorte: Paris-Bercy et Monte-Carlo, tous deux des Masters 1000 incontournables aujourd'hui, ne figurent pas dans le «Premier Tour», précise L'Equipe.
Mais ce projet ne plaît pas à tout le monde. Une source anonyme du journal français se plaint, par exemple, de la courte durée de ce circuit:
Un ancien tennisman pro français, lui aussi sous couvert d'anonymat, lance un cri d'alarme:
En Suisse, on pense par exemple aux tournois ATP 250 (la plus basse catégorie ATP) de Genève et Gstaad, qui disparaîtraient sans doute avec une telle réforme. Même les Swiss Indoors de Bâle (ATP 500) risqueraient très sérieusement leur peau.
De leur côté, l'ATP et son boss, Andrea Gaudenzi, planchent sur une fusion entre l'ATP et la WTA (le circuit féminin), avec un fort apport de l'Arabie saoudite, qui investit massivement dans le tennis depuis peu. On pense, par exemple, au Masters Next Gen qui se tient à Djeddah (dès l'année passée et jusqu'en 2027) ou au rôle d'ambassadeur de la fédération nationale offert à Rafael Nadal en février.
Selon L'Equipe, les Saoudiens sont prêts à mettre deux milliards de dollars: un pour le circuit masculin et un pour le circuit féminin. La contrepartie? Dans un premier temps, pouvoir organiser un Masters 1000 en début de saison sur leur sol. «Ce que les Australiens voient d'un mauvais œil, trop heureux de "posséder" tout le mois de janvier pour l'instant», fait remarquer le média français.
Ce dernier cite le Telegraph, selon lequel l'exorbitante offre de l'Arabie saoudite sera retirée si elle n'est pas acceptée dans les trois mois qui viennent. On risque donc d'assister encore à quelques discussions animées ces prochaines semaines entre les pontes du tennis.