La première journée de l'Open d'Australie 2024 s'est achevée à 0h35 heure locale. La deuxième, plus tard encore, à 1h40. Jeudi, Daniil Medvedev concluait à 3h39, après avoir cravaché pour éliminer le Finlandais Emil Ruusuvuori au 2e tour.
Bien sûr, les tribunes étaient vides lorsque le Russe, dépassé lors des deux premiers sets, infligeait une «bulle» à son adversaire en cinquième manche. D'ailleurs, si sa présence n'était pas obligée, Medvedev aurait fait comme tout le monde. Interrogé en conférence de presse, lui aussi se serait dit:
John Isner, habitué des longues rencontres depuis son match interminable face à Nicolas Mahut à Wimbledon, n'a pas été tendre avec les organisateurs à la vue des faits: «c'est du grand n'importe quoi». Il est vrai que dans une telle situation, les joueurs ne se couchent pas «avant 7h du matin», en raison de divers besoins (interviews, conférence de presse, alimentation, soins...), alors même que «la récupération est primordiale» en grand chelem.
No one should be playing tennis at 330am. This is looney tunes.
— John Isner (@JohnIsner) January 18, 2024
Ce n'est évidemment pas la première fois qu'un match se termine aussi tard. A l'Open d'Australie, le record est partagé par Marcos Baghdatis et Lleyton Hewitt: 4h33 en 2008. L'an passé, Andy Murray avait conclu son 2e tour à 4h06. Il avait qualifié sa fin de rencontre de «farce». D'autres tournois utilisent les night session et subissent régulièrement les foudres des joueurs - par exemple l'US Open et le Masters de Paris-Bercy.
N'y a-t-il pas eu des changements récemment, en début d'année? Et bien si, à la demande des athlètes, justement, qui sont les premiers impactés. Mais ceci ne concerne que les tournois ATP/WTA traditionnels, pas les Majeurs, qui se gouvernent eux-mêmes et s'organisent comme ils le souhaitent. A Wimbledon par exemple, il n'y a plus personne sur les courts à 23h00, pour respecter le voisinage.
C'est ainsi qu'avec cette subtilité, Medvedev a débuté à 23h16, alors même qu'en Grand Chelem chez les hommes, les rencontres se disputent en trois sets gagnants, et sont donc plus longues.
Tennis Australia, qui organise l'Open d'Australie, a opté pour sa propre mesure afin de lutter contre le problème: l'ajout d'une journée de compétition, pour mieux étaler les matchs des premiers tours, toujours très nombreux. Depuis cette année, le tournoi débute donc le dimanche, en lieu et place du lundi.
Le Majeur australien copie ainsi Roland Garros, qui avait instauré la journée supplémentaire pour d'autres raisons: faire face aux régulières interruptions dues à la pluie.
A Melbourne, les contestations sont vite apparues, car pour beaucoup, cette décision de l'Open d'Australie n'allait rien changer - les night session n'étant pas modifiées. De nombreux observateurs s'accordaient même à dire qu'il s'agissait d'une opportunité déguisée, ce choix permettant de gagner davantage d'argent en ouvrant la billetterie une journée supplémentaire. Aujourd'hui, étant donné le cas Medvedev - Ruusuvuori, ils n'avaient peut-être pas tout à fait tort.