Novak Djokovic – qui jouera son 1er tour dimanche à 9h00 face au Croate Dino Prizmic (ATP 178) – bénéficiera du soutien d'un homme en particulier lors de cet Open d'Australie 2024. Un personnage haut en couleur, autant célèbre pour ses exploits raquette en main que ses coups de sang et de gueule. Vous l'avez? John McEnroe. On ne serait pas surpris d'apprendre que l'Américain de 64 ans allume quelques cierges pour le sacre du Serbe, tellement il doit le désirer.
Et ce n'est pas parce que l'ex-sale gosse du circuit admire particulièrement le revers croisé de l'actuel numéro 1 mondial ou la fluidité de son service. Non, il rêve que Djokovic devienne le seul recordman de titres en Grand Chelem (en cas de victoire, il en compterait 25) et qu'il batte du même coup la co-détentrice, Margaret Court (81 ans), une personne que «Big Mac» a en horreur.
A tel point qu'il a demandé que l'arène à Melbourne portant depuis 2003 le nom de l'Australienne soit débaptisée. L'Américain n'est de loin pas le seul à avoir formulé cette requête. On recense aussi des politiciens locaux de gauche et d'autres stars de la balle jaune.
Parmi elles, les anciennes joueuses Billie Jean King et Martina Navratilova, ou encore Andy Murray. Tous reprochent à Margaret Court ses propos homophobes et racistes, qu'elle a principalement tenus après sa carrière. La fédération australienne de tennis a, elle aussi, condamné publiquement les idées de son ancienne championne sans pour autant changer le nom du stade.
Lors de l'Open d'Australie 2020, alors que Serena Williams – 23 couronnes en Majeurs – se battait pour égaler le record de Court, McEnroe – qui surnomme cette dernière «la tante cinglée» – avait supplié:
Il faut dire que l'Australienne, devenue pasteure pentecôtiste après avoir rangé sa raquette en 1977, n'y est pas allée avec le dos de la cuillère au moment de faire part de ses convictions idéologico-politiques. En 2017, en plein débat concernant le mariage homosexuel en Australie, elle lâchait au micro d'une radio chrétienne locale:
Cette rancœur envers les tenniswomen homosexuelles est tenace. En 1991, le New York Times écrivait que «l'été dernier, l'ancienne championne Margaret Court a accusé Martina (Navratilova) et d'autres joueuses lesbiennes et bisexuelles de ruiner le sport et de donner le mauvais exemple aux jeunes joueuses». Selon elle, il était «très triste pour les enfants d'être exposés à l'homosexualité».
Dans cette même interview de 2017, cette ancienne spécialiste des montées au filet oubliait qu'il y en avait un à ne pas franchir en affirmant que les enfants transgenres étaient l'œuvre «du diable» tout en accusant le lobby LGBT de laver le cerveau des gosses, à grand renfort de thèses complotistes:
Même si elle critique l'ex-dictateur nazi, la «tante cinglée» n'en est pas si éloignée sur une partie de leur conception de l'humanité. Le Guardian rappelle qu'en 1970, alors au sommet du tennis mondial, Margaret Court faisait «l’éloge de la politique d’apartheid de l’Afrique du Sud».
Bien après la chute en 1994 de ce régime raciste, ségrégationniste et discriminatoire envers les personnes de couleur, les polémiques autour des sorties de Margaret Court sont donc toujours vives.
Mais à Melbourne, Novak Djokovic peut leur faire prendre la poussière, pour autant qu'il ne la morde pas.