Ce n'était pas facile mais Rafael Nadal n'a pas une aversion particulière pour la difficulté, bien au contraire. L’œil sombre, le sourcil droit froncé, l'Espagnol a courageusement repoussé les ardeurs du nouveau protégé de son oncle, Félix Auger-Aliassime, 21 ans, sur le score trompeur de 3-6 6-3 6-2 3-6 6-3. Trompeur parce que les chiffres ne disent rien de l'intensité, du rapport de force absolument fascinant entre deux joueurs terriblement bornés, en recherche permanente de nouvelles filières, de nouvelles énergies, de nouvelles solutions.
Tout se déroule donc comme «prévu»: Nadal retrouvera Novak Djokovic, mardi, pour un quart de finale en mode débat présidentiel. La grande question est: quand? Le jour ou la nuit? Cette question a toute son importance: Nadal a un peu peur la nuit.
La question sera tranchée en hauts lieux, très exactement entre la direction du tournoi (Amélie Mauresmo, Gilles Moretton) et les deux diffuseurs officiels du tournoi, France Télévision pour les matchs en journée, Prime Video pour les nocturnes. La première avec l'argument de l'audience, en accès libre (ce que l'on appelle en Suisse le ciment national). La seconde avec l'avantage d'un contrat généreux pour un seul match qui, en échange, prévoit le choix de la meilleure affiche.
Cette donnée sera essentielle: avec une condition physique insondable et des sautes de concentration suspectes, voire des agacements inhabituels, Nadal a autant besoin de se rassurer que de retrouver un environnement familier, favorable à son inlassable travail de la terre (balles lourdes, pilonnage, idéalement sur un sol sec et dur).
Sa maîtrise du Chatrier est intacte, la géométrie du court comme l'utilisation des dégagements, mais l'emprise qu'il y exerce sur ses semblables n'est plus tout à fait la même avec l'âge et, peut-être aussi, sa défaite l'an dernier contre le Djoker. Son corps, parfois, semble le trahir en lui envoyant des signaux contradictoires. Mais en même temps, dimanche soir, c'est le p'tit jeune qui a flanché physiquement et qui a fini par se sentir tout petit...
Moins concerné par les changements climatiques, Novak Djokovic évite sagement la question de la programmation, ou feint de l'ignorer. «Vous devez simplement vous adapter. Je ne connais pas de formule type pour le jour et la nuit. Même si je suis plutôt à l'aise le soir, en général...»
Tout va bien pour lui, pas de soucis. Djokovic n'a pas concédé le moindre set et n'a perdu qu'un peu de son calme, çà et là, sous l'effet de quelques huées obstinées. Dimanche, il a torpillé Diego Schwartzman 6-1 6-3 6-3 sans cacher une forme de bien-être.
«Je suis heureux de ne pas avoir passé trop de temps sur le court car contre Rafa, c'est toujours une bataille physique. J'aime comment je me sens, comment je tape dans la balle, comment je reste concentré sur ce que j'ai à faire. Je suis prêt.»