Stan Wawrinka doit faire face aux critiques d'investisseurs qui ont dépensé de l'argent dans son jeu virtuel Ballman Project. Au moins six plaintes ont été déposées auprès d'un collectif français de soutien aux victimes d'influenceurs, qui envisage une action collective, rapporte la RTS.
Ballman Project est un jeu virtuel de tennis. Il a été présenté «comme la première incursion des NFT dans le monde du tennis».
Avec leur projet, Stan Wawrinka et son partenaire commercial français, Prosper Masquelier, ont convaincu de nombreux petits investisseurs d'acheter des joueurs de tennis virtuels (les NFT) – les Ballman – actifs dans le jeu Ballman Project. Selon la RTS, ces avatars numériques exclusifs étaient proposés à un prix compris entre 200 et 600 francs.
Une fois qu'un investisseur est en possession d'un tennisman virtuel, il peut participer à des tournois (virtuels, eux aussi) payants et gagner ainsi de l'argent en fonction de ses résultats.
Comme le fait savoir la RTS, quelque 2'600 personnes au total auraient investi dans le jeu. Problème: la désillusion s'est rapidement installée parmi les joueurs, comme le rapportait déjà un hebdomadaire français en novembre 2023. Apparemment, le jeu n'a pas connu la popularité souhaitée et les gros bénéfices n'ont pas été au rendez-vous.
La RTS a pu s'entretenir avec plusieurs investisseurs. «Le jeu est très basique et on a vite eu l’impression que c’était toujours les mêmes qui gagnaient», déplore par exemple un Romand. Un Valaisan se plaint, lui, de la perte de valeur de son NFT:
Apparemment, le Ballman Project est quasiment à l'arrêt depuis quelques semaines. De plus, les fondateurs ne fourniraient pratiquement plus aucune information sur le forum officiel du jeu.
Prosper Masquelier, cofondateur, confirme à la RTS que le Ballman Project ne fonctionne pas bien. Même si le jeu est toujours accessible et fonctionnel, le Français avoue:
Mais voilà, malgré l'absence de rentabilité, Stan Wawrinka a, lui, pu gagner l'équivalent de 440 000 dollars américains en cryptomonnaie Ethereum. C'est ce que révèle un célèbre enquêteur de la blockchain qui a suivi les flux financiers du Ballman Project.
La goutte d'eau qui a fait déborder le vase pour les utilisateurs. L'un deux, qui avait investi 4'000 euros, a déclaré à la RTS qu'il était très déçu par le vainqueur de trois tournois du Grand Chelem:
Des documents financiers issus du registre du commerce français montreraient que la star suisse du tennis n'est pas un simple prestataire de services, mais l'un des principaux actionnaires de la société derrière le jeu.
Le Vaudois lui-même se défend: il a financé la création de la première version du jeu ainsi que sa commercialisation. Il aurait donc été remboursé de ses avances et aurait ensuite été rémunéré pour son image et le temps qu'il a consacré au projet.
Son partenaire Prosper Masquelier confirme: Wawrinka aurait reçu une rémunération pour son implication personnelle dans la promotion du projet (enregistrement vidéo, utilisation de ses réseaux sociaux personnels et utilisation de son image). Le Français ajoute:
Pour Masquelier, il est exclu de parler de fraude, comme il l'explique à la RTS. Il comprend la colère des joueurs, mais fait remarquer qu'une chute des prix des NFT est certes regrettable, mais que «cela ne peut pas nous être imputé». Selon lui, l'ensemble du marché des NFT s'est effondré durant cette période.
Mais le fait que Stan Wawrinka gagne de l'argent alors que tous les autres en ont perdu irrite les joueurs, et les explications des partenaires commerciaux ne semblent pas les convaincre. Ainsi, selon la RTS, six d'entre eux ont déjà déposé plainte auprès de l'association de soutien aux victimes d'influenceurs, basée à Paris. Celle-ci décidera dans les semaines à venir si elle engagera des poursuites judiciaires contre les initiateurs du Ballman Project.
Les dommages seraient estimés à plusieurs milliers d'euros. L'aspect le plus problématique, aux yeux des investisseurs, concerne Stan Wawrinka lui-même: il est une personnalité de renommée internationale qui, avec l'aide de sa grande communauté, «a fait avancer un projet douteux».
(lak, avec l'agence ats)