Elle veut rester au moins une semaine à Wimbledon, deux seraient encore mieux, fixe d'entrée Belinda Bencic. Car elle a une mission importante à remplir: trouver la dernière pièce de son puzzle.
Oui, la carrière de la Saint-Galloise de 26 ans, actuelle 14ème mondiale, ressemble à un puzzle. Et cette pièce décisive, c'est ce qui lui permettra de passer d'une très bonne tenniswoman à une joueuse exceptionnelle. De réaliser, aussi, le rêve qu'elle caresse depuis qu'elle a touché pour la première fois une raquette lorsqu'elle était petite fille: remporter un titre du Grand Chelem.
Belinda Bencic est certes championne olympique, elle était numéro 4 mondiale, a gagné sept tournois et fait partie de l'élite mondiale depuis des années. Mais dans les tournois du Grand Chelem, on s'est habitué à ses défaites sans que celles-ci ne soient de vrais cataclysmes.
En 31 tentatives, elle n'a dépassé les huitièmes de finale que trois fois. Son meilleur résultat est une demi-finale à l'US Open 2019. Son bilan est également mitigé à Wimbledon, son tournoi favori: elle reste sur deux défaites au 1er tour.
Avec le Russe Dimitri Tursunov comme entraîneur, la Saint-Galloise pensait avoir trouvé la dernière pièce du puzzle vers la gloire. Deux sacres en début de saison à Adélaïde et à Abu Dhabi, un huitième de finale à l'Open d'Australie et un retour dans le top 10 mondial ont été les fruits de cette collaboration.
Mais début avril, après seulement huit mois, Tursunov et Bencic se sont séparés sur un coup de tête. «J'avais placé de grands espoirs en lui. Mais tout à coup, des problèmes que je n'avais pas vus venir sont apparus», rembobine la Suissesse. «C'étaient des choses difficiles à ignorer». Depuis, son coach est Matej Liptak. Ce Slovaque de 45 ans s'est auparavant occupé de joueuses comme Petra Kvitova, Daniela Hantuchova ou Dominika Cibulkova.
Même si Belinda Bencic se dit satisfaite de cette collaboration, celle-ci n'est pour l'instant pas une réussite: depuis avril, la championne olympique en titre n'a disputé qu'un seul match, une défaite au 1er tour de Roland-Garros. Avant ça, elle a été blessée à la jambe, puis c'est son épaule qui lui a posé problème.
A Wimbledon, la native de Flawil déclare:
Comme en 2017, lorsqu'elle était de plus en plus souvent blessée, perdait de plus en plus de matchs en même temps que sa confiance. Un cercle vicieux auquel elle avait réussi à échapper. Depuis Paris, Bencic n'a pas disputé le moindre tournoi et s'est contentée de s'entraîner. Pour la toute première fois avant Wimbledon, elle n'a pas joué de match officiel sur gazon, sa surface préférée sur laquelle elle a remporté son premier titre à Eastbourne en 2015, à 18 ans.
C'était une époque où tout se passait chez elle avec une insouciante évidence. Le premier titre en Grand Chelem? L'ascension vers le sommet du classement mondial? Les deux ne semblaient être qu'une question de temps. Mais rien de tout cela n'est arrivé. Les blessures et le détachement de son père et entraîneur Ivan sont venus s'interposer.
Belinda Bencic pensait devoir quitter sa zone de confort. Maintenant, après la déception avec Tursunov, c'est apparemment ce qu'elle cherche et ce qui la soutient. Outre son petit ami et entraîneur physique Martin Hromkovic, Liptak et un physiothérapeute, son père Ivan et sa mère Dana l'ont accompagnée à Wimbledon. «Pour la première fois depuis longtemps», précise la Saint-Galloise avec un sourire sur le visage. Elle semble heureuse de retrouver la chaleur du nid familial.
Belinda Bencic se lance donc dans la quête de cette dernière pièce du puzzle en compagnie de ses proches. Tous ceux qui vivent avec elle dans la maison qu'elle loue près du parc Aorangi, où se trouvent les terrains d'entraînement de Wimbledon, apportent leur aide.
Une tâche qui demande du travail et de la persévérance, mais que Bencic est capable d'accomplir. Des qualités indispensables dans le sport de compétition, mais qui ne garantissent pas encore le succès. Que faire pour poser cette dernière pierre? Jamais depuis son titre olympique à Tokyo en 2021, la Suissesse n'a semblé aussi loin de la réponse.
Elle a désormais envie de stabilité. Mais les doutes quant à savoir si la championne olympique deviendra aussi une lauréate en Grand Chelem deviennent chaque année plus grands. En Australie, elle a répondu à la question de savoir si le temps lui était compté:
Le premier pas vers cet objectif ultime, c'est demain que Belinda Bencic devra le faire, en remportant son 1er tour à Wimbledon face à la Britannique Katie Swan (146ème mondiale), contre qui elle part largement favorite.
Adaptation en français: Yoann Graber