Leonardo Di Caprio et Juan Martin Del Potro ont un troisième point commun, en plus d'un nom composé et d'un grand succès auprès des femmes fans: ils sont tous les deux des revenants. L'acteur américain a campé le personnage du film éponyme en 2015. Le tennisman argentin est, lui, affublé de ce surnom. Et vous allez vite comprendre pourquoi.
L'ex-numéro 3 mondial a annoncé lundi qu'il souhaitait participer à l'US Open fin août, alors qu'il a disputé son dernier match il y a plus d'une année, en février 2022.
Et ça c'était très mal passé: invité au tournoi de Buenos Aires où il tentait un retour après deux autres années et demi sans jouer, Juan Martin Del Potro s'effondrait, en larmes, en pleine conférence de presse. Il ne l'a jamais dit explicitement, mais il en était alors certain: ses douleurs persistantes au genou droit signifiaient la fin de sa carrière. Un jour plus tard, à des années-lumière de son meilleur niveau, il était balayé au 1er tour par son compatriote Federico Delbonis 6-1 6-3. Avec, là encore, des larmes.
Les fans de tennis se faisaient à l'idée de ne plus voir son coup droit dévastateur que sur des compilations Youtube ou Instagram. Mais deux semaines plus tard, ils reprenaient espoir en apprenant que Del Potro tentait le tout pour le tout. Autrement dit... une cinquième opération au genou droit. Et pas n'importe où: dans la fameuse Rennbahnklinik de Bâle, la même qui a accueilli Roger Federer et Novak Djokovic, entre autres célèbres éclopés. Depuis, le vainqueur de l'US Open 2009 n'avait plus donné de nouvelles.
Dire que Juan Martin Del Potro a été persévérant est un euphémisme. En plus de ses cinq opérations au genou, il est passé quatre fois sous le bistouri pour des blessures aux poignets.
C'est d'abord le droit qui le faisait souffrir, début 2010, à 21 ans. Le premier coup d'arrêt dans une carrière que le titre conquis à New York, quelques mois plus tôt contre Roger Federer en finale, annonçait extraordinaire. Le natif de Tandil est éloigné des courts pendant neuf mois. Et ce n'est que le début de ses ennuis.
Début 2014, c'est l'autre poignet, le gauche, qui l'oblige à mettre un terme à sa saison dès le mois de mars. Et forcément, cette nouvelle longue absence affecte son moral en même temps que son classement: Del Potro retombe au 338e rang mondial. Pire: en janvier 2015, moment qu'il choisit pour revenir sur le circuit, il ressent toujours des douleurs. Rebelote, et plutôt deux fois qu'une: l'Argentin est opéré en janvier puis en juin.
La poisse lui colle aux semelles. Débarrassé de ses problèmes de poignets, il se fracture la rotule du genou droit pendant un match en octobre 2018. Quelques mois plus tard, la «Tour de Tandil» s'effondre, au sens littéral, après une glissade sur le gazon du Queen's et tombe sur ce même genou. Ce sont les douleurs consécutives à cette ultime blessure qui ont tracassé Del Potro jusqu'à aujourd'hui.
Sans ces nombreux gros pépins de santé, il y a fort à parier que l'armoire à trophées de l'Argentin, qui en contient 22, aurait été bien plus remplie. Tout simplement parce que «Delpo» pouvait battre tout le monde quand il était au top de sa forme, et sur n'importe quelle surface. Nadal, Djokovic et Federer en savent quelque chose: ils ont tous été défaits par le colosse en Grand Chelem.
Et même quand ils réussissaient à en venir à bout, c'était toujours après un terrible combat. Roger Federer l'a expérimenté aux JO de Londres. Le Bâlois avait gagné une demi-finale d'anthologie – 4 h 26 pour un match en trois sets gagnants et 19-17 dans la manche décisive. Toute l'énergie dépensée par Federer avait fini par lui coûter le titre olympique (défaite en trois sets en finale contre Andy Murray). Del Potro, lui, avait glané le bronze dans la petite finale contre Djokovic.
Federer vs. Del Potro at London 2012, with 36 games in the third set. What a match! 🎾👏#WinningWednesday pic.twitter.com/SYHBo4M60z
— The Olympic Games (@Olympics) June 29, 2022
En 2016 à Rio, l'Argentin faisait encore mieux en décrochant la médaille d'argent, seulement six mois après avoir repris la compétition. Oui, chaque fois qu'il est revenu – hormis son come-back d'un match en février 2022 –, l'ex-matricule 3 à l'ATP a réussi à retrouver les sommets du tennis mondial. Vous avez encore besoin de preuves? Son titre au Masters 1000 d'Indian Wells en 2018 après une victoire en finale contre Federer et sa finale à l'US Open 2018 (perdue contre Djokovic).
C'est certain, on n'en attendra pas autant cette fois de Juan Martin Del Potro. On serait déjà content de voir ce tennisman aussi talentueux qu'attachant reprendre du plaisir en compétition.
Et, qui sait, peut-être qu'un jour Hollywood s'emparera de la folle carrière de l'Argentin pour en faire un biopic. Il paraît que Leonardo Di Caprio joue très bien au tennis.