Sport
Tokyo

Privé de JO, le karaté a un genou à terre

Karate suisse jeux olympiques tokyo et paris
Le karaté a été rayé du programme olympique après les Jeux de Tokyo et ne sera donc pas au menu de Paris 2024.Image: Shutterstock

Privé de JO, le karaté a un genou à terre

La décision de Paris 2024 et du Comité olympique de ne pas reconduire le karaté aux Jeux fait beaucoup de mal à la discipline. C'est aussi vrai en Suisse, car chez nous, un sport qui n'est plus olympique perd de nombreuses aides.
15.08.2021, 08:2115.08.2021, 17:37

Les karatekas ont l'habitude d'encaisser les coups, mais il y en a qui font plus mal que d'autres. Celui infligé par les organisateurs des JO de Paris 2024, qui viennent de confirmer la disparition du karaté du programme olympique, laisse athlètes et entraîneurs groggys.

«Devenir le premier médaillé olympique du karaté, ce serait beau. Mais être le dernier, c'est moche»
Steven Da Costa (champion olympique) avant les Jeux

Franco Pisino n'est pas moins affecté par la tournure des évènements. «Je ressens une forme d'injustice, souffle le coach national suisse. Sur quel critère Paris 2024 et le CIO se sont-ils basés pour nous exclure?» Tony Estanguet lui a indirectement répondu par voie de presse: le président du comité d'organisation des prochains JO a déclaré qu'il avait privilégié «des sports (breakdance et skateboard) qui cartonnent sur les réseaux sociaux». Un argument «difficilement recevable» pour M. Pisino. «Le karaté est un sport attractif, pratiqué dans de nombreux pays». 10 millions de personnes feraient vivre la discipline à travers le monde.

Elle est également pratiquée en Suisse, et c'est bien ce qui inquiète Franco Pisino. Il a connu le karaté sans les Jeux et avec. Il sait qu'il n'y a rien de comparable. «À mes débuts en 2001, je devais travailler entre deux entraînements», se remémore cet entraîneur de haut niveau, engagé à hauteur de 80% par la Fédération suisse dès que le karaté a été admis aux JO.

Franco Pisino est un technicien hautement qualifié.
Franco Pisino est un technicien hautement qualifié.Image: Fédération suisse de karaté

Si tout a changé pour lui et son sport, c'est parce que Swiss Olympic a surclassé le karaté. L'instance range les disciplines dans différentes catégories. Les deux premières regroupent les sports olympiques. Le karaté a longtemps été dans la troisième. Quand il a été admis à Tokyo, il a gravi un échelon et a pu, dès lors, bénéficier d'aides substantielles.

C'est aussi parce qu'elle a été soutenue par Swiss Olympic que la Fédération suisse a pu accompagner Elena Quirici (désignée porte-drapeau de la cérémonie de clôture) jusqu'à Tokyo.

L'Argovienne (à droite) était la seule karateka suisse en lice au Japon. Elle a été éliminée en phase de poules sans démériter.
L'Argovienne (à droite) était la seule karateka suisse en lice au Japon. Elle a été éliminée en phase de poules sans démériter.Image: Keystone

Mais maintenant que le karaté a perdu sa place aux JO, il a aussi perdu les avantages dont bénéficient les sports des deux premiers niveaux reconnus par Swiss Olympic. Concrètement, cela se traduit par plusieurs changements notables, que relève Franco Pisino.

Perte de compétences

«Les aides dont nous avons bénéficié sur le chemin des Jeux de Tokyo nous ont permis d'engager plusieurs entraîneurs à temps partiel. Le directeur technique national étant aussi rémunéré, notre structure était professionnelle. Mais dès l'instant où nous ne toucherons plus de subsides, ces postes ne seront plus occupés par des professionnels. Or, un coach ou dirigeant n'est jamais aussi bon que lorsqu'il peut se concentrer exclusivement sur son travail.»

Perte de talents

«Jusqu'à présent, nous avions un groupe, le Pool olympia, qui bénéficiait d'un budget pour participer aux compétitions importantes, comme les Karate 1. Ce groupe n'existera plus, il n'y aura donc plus d'argent pour le faire vivre. Des athlètes seront lésés. Tous ne pourront pas payer eux-mêmes leurs déplacements. Le karaté redeviendra le même sport que par le passé, celui qui permettait aux privilégiés de se distinguer et décourageait les autres.»

Perte de compétitivité

«La Fédération mondiale doit donner une nouvelle attractivité à ses compétitions majeures. Sans cela, les athlètes n'y participeront pas, faute de budget et d'intérêt. Ces dernières années, la concurrence était forte pour obtenir un billet pour Tokyo. Le niveau général a augmenté, mais le risque est désormais de le voir baisser. D'ailleurs, beaucoup de karatekas, qui auraient pu continuer 3 ans de plus pour disputer les Jeux de Paris, vont arrêter leur carrière.»

Perte d'ambitions

«Quand vous pratiquez un sport olympique, vous avez un objectif bien précis en tête. Vous participez à des compétitions, afin de bien figurer au classement mondial, et ainsi voir une chance de vous qualifier pour les JO. Mais quand il n'y a plus de Jeux, tout est différent. On a une compétition Karaté 1 en septembre. Les athlètes hésitent, se disent que ça ne sert plus vraiment à grand-chose d'être bien classé. Les ambitions souffrent.»
Plus d'articles sur le sport
Boycottée, cette équipe israélienne passe sous pavillon suisse
Boycottée, cette équipe israélienne passe sous pavillon suisse
de Valentin Grünig
Un coup de théâtre se profile au sein de la Nati de hockey
Un coup de théâtre se profile au sein de la Nati de hockey
de Klaus Zaugg
Un Romand a vu la NFL en Europe: «On a pris une claque»
Un Romand a vu la NFL en Europe: «On a pris une claque»
de Julien Caloz
L'Italie doit résoudre un problème avant les barrages
L'Italie doit résoudre un problème avant les barrages
de Julien Caloz
La Suisse présente une stat étonnante au Mondial U17
La Suisse présente une stat étonnante au Mondial U17
de Romuald Cachod
Ces baskets au pouvoir spécial séduisent les footballeurs
Ces baskets au pouvoir spécial séduisent les footballeurs
de Niklas Helbling
La vidéo de cette volleyeuse suisse crée un bad buzz
La vidéo de cette volleyeuse suisse crée un bad buzz
de Yoann Graber
J'ai vu la NHL en Europe et j'ai été très déçu
J'ai vu la NHL en Europe et j'ai été très déçu
de Timo Rizzi
Voici pourquoi Xhaka a été sifflé par les Kosovars
Voici pourquoi Xhaka a été sifflé par les Kosovars
de Christian Brägger, Pristina
«Qu'est-ce qu'il fait?!» Le coup lunaire d'un tennisman français
«Qu'est-ce qu'il fait?!» Le coup lunaire d'un tennisman français
Il faudra bientôt payer une taxe pour courir en France
Il faudra bientôt payer une taxe pour courir en France
Simon Ammann: «Je voulais prendre ma retraite en 2011»
Simon Ammann: «Je voulais prendre ma retraite en 2011»
de Rainer Sommerhalder
Dominic Stricker «se fait plumer financièrement»
Dominic Stricker «se fait plumer financièrement»
de Simon Häring
Un danger mortel en athlétisme est évité grâce à ces robots
Un danger mortel en athlétisme est évité grâce à ces robots
de Yoann Graber
«Je me sens lié à la Suisse, mais mon cœur a choisi le Kosovo»
«Je me sens lié à la Suisse, mais mon cœur a choisi le Kosovo»
de Céline Feller
La trottinette a bouleversé la vie de ce prodige romand
La trottinette a bouleversé la vie de ce prodige romand
de Yoann Graber
Turquie-Suisse: «Ils ont débarqué avec des battes et des barres de fer»
Turquie-Suisse: «Ils ont débarqué avec des battes et des barres de fer»
de Yoann Graber
C'est l'amour fou entre Murat Yakin et Granit Xhaka
C'est l'amour fou entre Murat Yakin et Granit Xhaka
de François Schmid-Bechtel
Hockey suisse: la bataille des droits TV fait rage
Hockey suisse: la bataille des droits TV fait rage
de Klaus Zaugg
Swiss-Ski à la peine: voici les sept enseignements de Levi
1
Swiss-Ski à la peine: voici les sept enseignements de Levi
de Sven Papaux
Ronaldo est devenu un fardeau
1
Ronaldo est devenu un fardeau
de Philipp Michaelis
Ce sport suisse mythique est à l'agonie
Ce sport suisse mythique est à l'agonie
de Rainer Sommerhalder
«Inspiré de l'ironman»: une série cycliste inédite arrive
«Inspiré de l'ironman»: une série cycliste inédite arrive
de Romuald Cachod
Ceci pourrait également vous intéresser:
Avez-vous quelque chose à nous dire ?
Avez-vous une remarque ou avez-vous découvert une erreur ? Vous pouvez nous transmettre votre message via le formulaire.
0 Commentaires
Comme nous voulons continuer à modérer personnellement les débats de commentaires, nous sommes obligés de fermer la fonction de commentaire 72 heures après la publication d’un article. Merci de votre compréhension!
«C'était un accident»: ce skieur romand a frôlé le pire
Le Genevois Tanguy Nef a été le meilleur Suisse samedi à Gurgl. Mais une mésaventure entre ses deux manches a bien failli tout compromettre.
Journée difficile pour les Suisses samedi dans la station de Gurgl: seuls deux d’entre eux ont été classés à l’issue des deux manches du slalom.
L’article