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Comment l'agriculture suisse a changé ces 20 dernières années

L'agriculture suisse a changé ces 20 dernières années.
L'agriculture suisse a changé ces 20 dernières années.Image: KEYSTONE

3 fermes disparaissent chaque jour en Suisse: un canton romand se distingue

Le nombre d'exploitations agricoles ne cesse de diminuer en Suisse et, parallèlement, elles deviennent plus grandes. Une évolution «inévitable», juge l'Union suisse des paysans, mais qui a ses inconvénients: «Plus les fermes sont grandes, plus les gens sont sollicités».
09.05.2023, 18:5412.05.2023, 10:13
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Plus de 22 000 exploitations agricoles ont disparu en Suisse au cours de ces 20 dernières années. Entre 2000 et 2022, leur nombre a diminué de 31,5%. En moyenne, c'est comme si, chaque jour, trois fermes mettaient la clé sous la porte.

C'est ce qui ressort des derniers chiffres de l'Office fédéral de la statistique (OFS) sur l'agriculture, publiés ce mardi. Les données de l'OFS montrent une tendance inexorable: pendant la période d'observation (2000-2022), on a vu le nombre total d'exploitations diminuer, sans exception. Entre 2021 et 2022, 520 fermes ont disparu.

Parallèlement, on observe que la taille moyenne des exploitations augmente. Depuis 2000, le nombre de fermes disposant de plus de 30 hectares a augmenté de plus de 65%. Elles constituent désormais 23,9% du total, contre seulement 9,9% il y a 20 ans. La quantité des fermes s'étendant sur plus de 50 hectares a même progressé de 169,5%.

Des exploitations plus grandes...

Ces deux phénomènes sont étroitement liés, explique Sandra Helfenstein, porte-parole de l'Union suisse des paysans (USP): «Avec un peu plus de 20 hectares en moyennes, les exploitations agricoles suisses sont trois fois plus petites qu’en France ou en Allemagne», poursuit-elle. «Pourtant, il faut une certaine taille minimale si l'on veut vivre d'agriculture. Pour cette raison, ce sont en premier lieu les petites exploitations qui cessent leur activité».

«La plupart du temps, la cessation d'activité a lieu lorsque le chef d'exploitation part à la retraite et que personne de la famille ne lui succède»
Sandra Helfenstein, USP

Les chiffres de l'OFS parlent d'eux-mêmes: les exploitations disposant d'une surface de 1 à 10 hectares ont diminué de 51% ces 20 dernières années.

«Un certain changement structurel est inévitable», nuance Sandra Helfenstein. «De plus, la mécanisation et l'automatisation des tâches augmentent l'efficacité, ce qui a permis de maintenir la production jusqu'à présent et même de la rendre plus professionnelle, malgré la baisse du nombre d'exploitations».

En effet, la taille totale de la surface agricole n'a que très peu évolué en Suisse: elle n'a diminué que de 2,8% au cours des 20 dernières années.

... et des paysans plus sollicités

Cette évolution a pourtant ses côtés sombres: «La charge de travail augmente», affirme la porte-parole de l'USP.

«Plus les exploitations sont grandes, plus les gens sont sollicités»
Sandra Helfenstein, USP

Autre conséquence de la hausse de la productivité: la baisse du nombre d'emplois, passés de quelque 203 000 en 2000 à 149 578 en 2022.

Les agriculteurs travaillant à plein temps accusent le plus fort recul: leur nombre a diminué de 30,9%, contre 22,8% pour les travailleurs à temps partiels. «Il faut dire que dans l’agriculture suisse, la main-d'œuvre est chère», commente Sandra Helfenstein. Et d'ajouter: «Mais elle est aussi difficile à fidéliser. C'est pourquoi le secteur évolue vers l'automatisation».

«Cette évolution technologique est aussi à voir positivement, notamment sur le plan de l’environnement et celui du bien-être animal»
Sandra Helfenstein, USP

Forte diminution en Valais

Les chiffres de l'OFS montrent également que la diminution du nombre d'exploitations ne touche pas l'ensemble du territoire de la même manière. Les cantons de Nidwald (-2,9%), du Tessin (-2,6%) et de Zurich (-2,3%) ont par exemple enregistré la plus forte baisse entre 2021 et 2022.

D'importantes différences cantonales existent également si l'on considère la diminution du nombre des fermes depuis l'an 2000. Alors que dix cantons affichent des valeurs supérieures à la moyenne nationale, un canton sort nettement du lot: le Valais, qui a enregistré une baisse de 51,3% en 22 ans.

«En Valais, les exploitations étaient petites en raison des cultures spéciales, telles que la viticulture ou arboriculture, mais également à cause de la zone de montagne et de l’agriculture exercée comme activité secondaire», explique la porte-parole de l'USP. «Du fait de ces petites structures, l’évolution a été plus importante que dans d’autres cantons».

Que nous réserve le futur? La Suisse se dirige-t-elle vers la disparition des entités les plus petites? L'UPS veut «préserver les exploitations familiales», affirme Sandra Helfenstein, qui conclut: «Même une petite exploitation peut vivre, par exemple en misant sur une culture à forte valeur ajoutée et à forte intensité de main-d'œuvre, comme les fruits, les baies ou la vigne, ou en commercialisant directement ou en faisant de l’agritourisme».

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