Environ 150 000 personnes travaillent dans le secteur agricole en Suisse, selon des données de l'Office fédérale de la statistique relatives à 2020. Un quart d'entre elles, c'est-à-dire près de 55 000, sont des femmes.
Une fois tous les dix ans, l'Office fédéral de l’agriculture se penche sur leur situation et leur rôle dans l'agriculture par le biais d'une vaste étude, publiée pour la première fois en 2002. Le rapport 2022 est sorti vendredi et met en lumière de nombreuses tendances.
L'une des premières questions du rapport porte sur la perception que les femmes ont de leur fonction dans l'agriculture. Comment perçoivent-elles leur rôle? Se voient-elles plutôt comme des paysannes, des mères ou des cheffes d'exploitation?
De nettes différences existent en fonction de l'âge, comme on le voit dans le graphique ci-dessous. Plus les femmes sont jeunes, notent les auteurs du rapport, plus le rôle de mère leur tient à cœur. Parallèlement, elles affichent également le pourcentage le plus élevé dans des rôles à responsabilité.
En définitive, les rôles traditionnels restent puissants: les femmes continuent à se voir le plus souvent comme une femme au foyer, une mère et une paysanne. Mais les schémas sont tout de même en train de changer, sous l'effet de facteurs tels que l’exercice de plus en plus fréquent d’une activité professionnelle hors de l’exploitation, une mécanisation croissante de l’agriculture et une meilleure formation. Comme l'affirme une participante:
Grâce aux progrès accomplis dans la société en matière de parité, les femmes peuvent assumer plus facilement le rôle de cheffe d’exploitation, estiment les participantes à l'étude. Près de la moitié des jeunes paysannes interrogées ont, en effet, revendiqué ce rôle, un pourcentage «étonnamment élevé», selon le rapport.
Autre élément en train d'évoluer (gentiment): le poids économique des femmes, qui ne cesse de s'accroitre. Elles contribuent désormais dans une large mesure au revenu de l’exploitation, peut-on lire dans le rapport.
En particulier, les jeunes femmes assument de plus en plus souvent des tâches de gestion. Par rapport à 2012, leur part dans le revenu global a nettement augmenté.
Malgré ce poids économique grandissant, très peu de femmes affirment diriger seules leur exploitation, à l'exception des plus jeunes, qui affichent un pourcentage beaucoup plus élevé (13 contre 3%).
La gestion commune avec son conjoint est la norme et apparaît souvent comme une décision pratique face aux difficultés posées par la taille des exploitations:
En effet, au cours des derniers 50 ans, la taille moyenne des exploitations a plus que doublé, rapportait en 2019 la RTS. Elle est passée de 9,4 hectares en 1975 à 20,3 en 2017.
La reprise d’une exploitation suscite un intérêt croissant auprès des femmes, mais les chiffres restent très bas. Elles se heurtent, en effet, à de nombreux obstacles. Les participantes à l'étude pointent notamment la grossesse et la maternité:
Les mentalités jouent également un rôle. Les participantes constatent une plus grande ouverture d’esprit en faveur de la parité, mais la répartition traditionnelle des rôles est toujours très présente:
Finalement, les personnes interrogées affirment que la représentation des rôles a changé au cours de ces dernières années. Les femmes qui ne viennent pas du milieu agricole et les agricultrices diplômées véhiculent notamment une autre image, affirment-elles. Ce changement va-il s'amplifier? Réponse en 2032.