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Agriculture suisse: le rôle des femmes évolue lentement

«Tu portes les enfants»: le rôle des paysannes évolue lentement en Suisse

Près de 55 000 femmes travaillent dans l'agriculture en Suisse.Image: KEYSTONE
Les schémas traditionnels ont la peau dure, mais les choses évoluent pour les paysannes suisses: elles sont de plus en plus nombreuses à assumer des rôles de responsables, analyse un rapport sur les femmes dans l'agriculture. Tour d'horizon en graphiques.
07.11.2022, 06:4107.11.2022, 08:26
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Environ 150 000 personnes travaillent dans le secteur agricole en Suisse, selon des données de l'Office fédérale de la statistique relatives à 2020. Un quart d'entre elles, c'est-à-dire près de 55 000, sont des femmes.

Une fois tous les dix ans, l'Office fédéral de l’agriculture se penche sur leur situation et leur rôle dans l'agriculture par le biais d'une vaste étude, publiée pour la première fois en 2002. Le rapport 2022 est sorti vendredi et met en lumière de nombreuses tendances.

L'image de soi - entre innovation et tradition

L'une des premières questions du rapport porte sur la perception que les femmes ont de leur fonction dans l'agriculture. Comment perçoivent-elles leur rôle? Se voient-elles plutôt comme des paysannes, des mères ou des cheffes d'exploitation?

De nettes différences existent en fonction de l'âge, comme on le voit dans le graphique ci-dessous. Plus les femmes sont jeunes, notent les auteurs du rapport, plus le rôle de mère leur tient à cœur. Parallèlement, elles affichent également le pourcentage le plus élevé dans des rôles à responsabilité.

En définitive, les rôles traditionnels restent puissants: les femmes continuent à se voir le plus souvent comme une femme au foyer, une mère et une paysanne. Mais les schémas sont tout de même en train de changer, sous l'effet de facteurs tels que l’exercice de plus en plus fréquent d’une activité professionnelle hors de l’exploitation, une mécanisation croissante de l’agriculture et une meilleure formation. Comme l'affirme une participante:

«Les femmes suivent aujourd'hui des formations différentes et plus longues. Et elles sont mieux considérées pour ça. Du coup, au lieu de faire profil bas, on assume plus de responsabilités dans l’exploitation»
Une participante à l'étude

Grâce aux progrès accomplis dans la société en matière de parité, les femmes peuvent assumer plus facilement le rôle de cheffe d’exploitation, estiment les participantes à l'étude. Près de la moitié des jeunes paysannes interrogées ont, en effet, revendiqué ce rôle, un pourcentage «étonnamment élevé», selon le rapport.

Image: sda

Un rôle économique grandissant

Autre élément en train d'évoluer (gentiment): le poids économique des femmes, qui ne cesse de s'accroitre. Elles contribuent désormais dans une large mesure au revenu de l’exploitation, peut-on lire dans le rapport.

En particulier, les jeunes femmes assument de plus en plus souvent des tâches de gestion. Par rapport à 2012, leur part dans le revenu global a nettement augmenté.

Malgré ce poids économique grandissant, très peu de femmes affirment diriger seules leur exploitation, à l'exception des plus jeunes, qui affichent un pourcentage beaucoup plus élevé (13 contre 3%).

La gestion commune avec son conjoint est la norme et apparaît souvent comme une décision pratique face aux difficultés posées par la taille des exploitations:

«Mon mari et moi avons mis les choses au point. S’il arrive quelque chose à l’un de nous, nous arrêtons. Aucun de nous ne veut gérer l’exploitation tout seul, elle est tout simplement trop grande»
Une participante à l'étude

En effet, au cours des derniers 50 ans, la taille moyenne des exploitations a plus que doublé, rapportait en 2019 la RTS. Elle est passée de 9,4 hectares en 1975 à 20,3 en 2017.

Plusieurs obstacles

La reprise d’une exploitation suscite un intérêt croissant auprès des femmes, mais les chiffres restent très bas. Elles se heurtent, en effet, à de nombreux obstacles. Les participantes à l'étude pointent notamment la grossesse et la maternité:

«Toi, tu es la femme, tu portes les enfants, les mets au monde et tu t’occupes de toutes les tâches ménagères. Et si tu deviens en plus cheffe d’exploitation, qui va faire tout cela à ta place?»
Une participante à l'étude

Les mentalités jouent également un rôle. Les participantes constatent une plus grande ouverture d’esprit en faveur de la parité, mais la répartition traditionnelle des rôles est toujours très présente:

«Un paysan transmet plus volontiers son exploitation à son fils qu’à sa fille. L’exploitation doit se transmettre dans la famille selon les liens du sang et ne pas changer brusquement de nom. Ce sont des manières de penser totalement dépassées mais encore très vivaces dans le monde paysan»
Une participante à l'étude

Finalement, les personnes interrogées affirment que la représentation des rôles a changé au cours de ces dernières années. Les femmes qui ne viennent pas du milieu agricole et les agricultrices diplômées véhiculent notamment une autre image, affirment-elles. Ce changement va-il s'amplifier? Réponse en 2032.

Image: KEYSTONE
L'enquête de l'Ofag s’appuie sur un sondage en ligne mené par la société gfs-zürich auprès de 778 femmes dans toutes les régions du pays ainsi que sur les résultats des discussions de quatre groupes de 29 participantes.
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