La Suisse a connu, cette année, des conditions météo tout sauf idéales. Il a d'abord fait trop humide trop longtemps au printemps, de sorte que les pommes de terre n'ont pu être plantées que bien après Pâques. Ensuite, l'été et l'automne ont été beaucoup trop chauds et beaucoup trop secs, un climat défavorable à la culture des pommes de terre.
Conséquence: la récolte nationale devrait particulièrement faiblir. L'Union suisse des producteurs de pommes de terre (USPPT) s'attend à une baisse de 30% par rapport à la moyenne pluriannuelle.
Seules 250 000 des 350 000 tonnes habituelles devraient être ramassées cette année. Au final, il manquera donc 100 000 tonnes de tubercules suisses.
Le problème des pommes de terre n'est pas nouveau. «Ces deux ou trois dernières années, la récolte n'a jamais été vraiment bonne», explique Christian Sohm, le directeur de Swisscofel, l'Association suisse du commerce des fruits, légumes et patates. Parfois c'était trop humide et parfois trop chaud. «C'est l'un des légumes qui souffre le plus des changements climatiques et des conditions météorologiques extrêmes», ajoute-t-il. Voilà pourquoi le secteur cherche à développer des variétés plus résistantes à moyen terme.
Ruedi Fischer, quant à lui, invoque, outre les changements climatiques, une deuxième raison pour expliquer les difficultés économiques actuelles de sa filière:
La larve du taupin, communément appelée ver fil de fer, est particulièrement nuisible pour la production de pommes de terre.
Les problèmes croissants, causés par les changements climatiques et le manque de protection phytosanitaire, réduisent la «volonté de cultiver», poursuit Fischer. «Car les pommes de terre, comparées à d'autres légumes, sont une activité à forte intensité de capital.» L'agriculteur doit investir environ 11 000 francs pour un champ d'un hectare. En cas de mauvaise récolte, la perte est importante:
En revanche, ce qui réjouit les cultivateurs de pommes de terre c'est que leur consommation reste élevée. A court terme, les tonnes de pommes de terre indigènes manquantes seront compensées par de la marchandise importée. D'abord, la récolte suisse sera mise en vente en premier, explique Christian Sohm. Ensuite, à partir du mois de mars, voire plus tôt, on devrait trouver davantage de patates étrangères sur les étalages des supermarchés. Mais les producteurs étrangers souffrent parfois des mêmes conditions météorologiques, l'importation pourrait donc se compliquer. «De nombreux commerçants voudront sans doute garantir leurs stocks bien à l'avance.»
La production suisse moyenne de 350 000 tonnes couvre en général l'essentiel des besoins du pays pour la consommation de pommes de terre fraîches ainsi que pour les pommes de terre transformées par l'industrie alimentaire, en chips par exemple. La quantité manquante est ensuite importée, en général, entre 10 000 et 20 000 tonnes. Cette fois-ci, ce sera nettement plus.
La pomme de terre est une catégorie à part dans la politique agricole et associative suisse. On ne sait pas encore comment l'été chaud et sec se répercutera sur les autres légumes de stockés, notamment la carotte, qui est le deuxième légume le plus populaire après la tomate. Le printemps humide n'a dans ce cas pas posé problème, la plantation étant plus tardive. Mais beaucoup de carottes sont encore en terre, explique Christian Sohm, directeur de Swisscofel, l'Association suisse du commerce des fruits, légumes et patates. Il fait actuellement encore trop chaud pour la récolte mécanique.
La récolte de betteraves et de céleri est également en cours.
Il faudra attendre fin novembre pour pouvoir mesurer significativement la production indigène. Dans l'ensemble, la récolte devrait être inférieure à celle de l'année précédente, mais tout de même supérieure à celle de 2021, qui avait été marquée par des pluies persistantes, comme le constate Markus Waber, directeur adjoint de l'Union maraîchère suisse.
Certaines des salades d'hiver qui poussent en ce moment ont été «cultivées spécifiquement pour des températures plus basses» et pourraient donc ne rien donner. Compte tenu de la douceur des dernières semaines, elles formeraient trop de feuilles détachées, mais pas de véritable «tête» compacte.
L'été indien semble s'en aller gentiment, mais ses conséquences devraient influencer les menus d'hiver pendant encore un certain temps.
Traduit de l'allemand par Valentine Zenker