Suisse
Société

Elections au gouvernement du Valais: les femmes perdent au premier tour

Analyse

Le Valais a-t-il un souci avec les femmes? Oui...et non

Les résultats des élections du 7 mars dessinent un gouvernement valaisan 100% masculin. Au parlement, les femmes font un bond historique. Alors, boude-t-on les femmes dans ce canton ou pas? Quelques pistes de réponse.
07.03.2021, 19:0008.03.2021, 10:05
Le Valais devrait avoir un gouvernement sans aucune femme, selon les resultats du premier tour des élections cantonales (7 mars 2021).
Les deux seules candidates au Conseil d'Etat, ont été reléguées au fond du classement de ce premier tour.Image: Shutterstock/watson
Suivez-moi
Plus de «Suisse»

Pas une femme pour gouverner le Valais. Pas une. Dans la course au Conseil d'Etat, les deux seules candidates face à six hommes, les Vertes Brigitte Wolf et Magali Di Marco, terminent en toute fin de classement. On ne voit pas comment elles sauveraient leur place lors du deuxième tour le 28 mars (si elles s’y lancent).

Si cette configuration «100% hommes» se confirme, le Valais serait le seul canton romand sans femme au Conseil d’Etat.

Tout autre situation au Parlement. Les quatre prochaines années seront plus féminines que jamais. Le nombre d'élues a quasiment doublé. Elles seront 45. Un bond absolument historique.

Alors, boude-t-on les femmes dans ce canton ou pas? Quelques pistes de réponse.

Des partis trop en retard

Si la population valaisanne n’a pas voté massivement pour des femmes à l’Exécutif, c’est certainement parce qu’il n’y avait pas assez de choix. Elles n'étaient que deux, et du même parti.

«On a cherché mais on n’a pas trouvé», c'est le refrain des partis où l'on estime avoir assez fait pour dénicher des perles féminines. Pascal Sciarini, professeur de science politique à l’Université de Genève est catégorique:

«L'élection elle-même ne peut pas corriger un biais qui était déjà là lors de la sélection des candidats. Les partis ont péché lors de la préparation des candidatures, surtout le PDC qui avait en théorie trois places à disposition (trois sièges au gouvernement, ndlr)».

La préparation est donc cruciale. Des carrières politiques féminines (et même masculines), ça se pense très tôt, depuis les premiers échelons du jeu, dans les communes. Puis ça s’aiguise et se chouchoute dans les comités de partis, dans les commissions, en passant par le Grand conseil.

Un plafond de verre bien épais

Il faudrait avoir des femmes partout pour qu’elles se retrouvent en haut, mais il faudrait aussi les mettre en avant. Sauf que, si l’on en croit Sarah Constantin, candidate PS à la députation, «certains partis font le tremplin des hommes, mais pas des femmes».

Chantal Balet est avocate, administratrice de sociétés et a eu une carrière politique dans les années 90. Pour elle, «en Valais, on ne voit pas, encore aujourd'hui, l’avantage que représente la diversité dans les lieux de pouvoir». Le plafond de verre serait alors particulièrement épais et difficile à briser.

Un passé catholique conservateur pas si passé

Dé-zoomons. Pour comprendre pourquoi le Valais semble avoir un problème avec les femmes en politique, il faut aussi regarder dans le rétro. Pascal Sciarini remet l’église au milieu du village: «On a affaire à un canton conservateur où la religion a encore plus de poids qu'ailleurs et dans lequel le PDC a toujours une position très forte. Les valeurs historiques portées par le catholicisme ne promouvaient pas la place des femmes.»

Un «clan» omnipotent

Aussi, le professeur l’a dit, le PDC avait les clés du pouvoir au parlement jusqu’en 2013, année où il a perdu sa majorité absolue.

Le Valais était régi par ce «clan qui ne voulait surtout pas partager le pouvoir», nous dit-on en off (la question reste encore sensible aujourd’hui). L’émergence des femmes politiciennes n’aurait alors pas été simplifiée par cette omnipotence.

Des femmes qui doivent
y aller

Liliane Varone ne mâche jamais ses mots. Pour l’ancienne journaliste, notamment au Nouvelliste et la TSR, les femmes sont aussi responsables de cette situation.

«Celles qui grimpent tout en haut doivent absolument créer une émulation, faire en sorte qu’après elles, d’autres suivent. Et ce n’est pas le cas.»
Liliane Varone, ancienne journaliste valaisanne

Pour Isabelle Darbellay Métrailler, qui travaille pour la sensibilisation des femmes actives dans la sphère publique, celles-ci devraient davantage oser revendiquer la tête de liste et ne pas douter de leur légitimité. «Mais ce n’est pas si simple, tant certains réflexes sont ancrés».

Le Collectif Femmes* Valais qui a organisé la grève du 14 juin 2019 est du même avis:

«Il y a peut-être une responsabilité des femmes elles-mêmes qui n’acceptent pas d’être candidates quand on vient le leur demander, explique Silène Titzé. Mais cela est surtout lié à un problème sous-jacent du système entier. Elles disent non entre autres parce que l'organisation politique a été pensée pour s'adapter à la vie des hommes, qui ont encore moins la charge de la vie de famille que les femmes.»

Une relève pourtant bien
en chemin

Néanmoins, attention, nuance. Le tableau n’est pas si sombre pour les Valaisannes. Aux dernières élections communales de novembre 2020, «Le Nouvelliste» révélait des chiffres historiques.

Les élues ont dépassé pour la première fois les 25% dans les exécutifs, décroché 19 présidences et dix conseils communaux ont désormais une majorité féminine, entre autres.

Ce dimanche 7 mars, la proportion de candidates à l'élection du Grand conseil, 36%, est aussi un record. Un vrai mouvement semble donc en marche.

De l'espoir aussi

«Il y a un effet mécanique: les femmes n’étaient pas là avant et le chemin est en cours pour que les institutions s’adaptent. Logiquement cela va s’améliorer», prédit Johan Rochel, constituant et fondateur du mouvement Appel Citoyen (où les femmes candidates étaient très nombreuses, d’ailleurs).

La féminisation arrive, mais visiblement plus lentement qu’ailleurs. Le futur nous dira si cet Exécutif 100% masculin n’était qu’un «accident de parcours» ou le symbole d’un conservatisme qui s’accroche.

Mise à jour: Cet article, publié le 7 mars en fin de journée a été modifié lundi 8 mars au matin, suite à l'annonce des résultats du Grand conseil valaisan.

2 Commentaires
Comme nous voulons continuer à modérer personnellement les débats de commentaires, nous sommes obligés de fermer la fonction de commentaire 72 heures après la publication d’un article. Merci de votre compréhension!
2
«Un peu amoureux»: la relation entre Kate et Harry fait fantasmer
La relation entre Kate Middleton et son beau-frère obsèdent experts royaux, médias et internautes depuis qu'elle a rejoint les rangs de famille royale. Décryptage d'un fantasme qui dure depuis plus de 20 ans.

Passé le choc de l'annonce du cancer de Kate, les premières analyses institutionnelles et l'afflux de vœux de rétablissement, une question flotte. Séduisante, langoureuse, presque obsédante. Comme un parfum. Le prince Harry, tel un preux chevalier du 21e siècle, pourrait-il sauter à bord de son jet privé pour voler au chevet de sa chère Kate, cette «sœur qu'il n'a jamais eue»? Cette maladie va-t-elle permettre, enfin, de combler le fossé de 5000 kilomètres qui sépare les Gallois des Sussex depuis quatre ans?

L’article