Il y a toujours deux points de vue lorsqu'un bâtiment flambe: d’une part, la fascination pour la puissance des flammes. De l'autre, la destruction de l’habitation et la peur de la mort. Depuis des millénaires, le feu représente les deux pour les hommes.
«Le feu attire toujours d'une façon très particulière», explique le psychiatre médico-légal Frank Urbaniok. De nombreuses personnes regardent avec fascination les feux d'artifice du 1er août:
Le feu a dû fasciner ce pyromane soleurois, à tel point qu'il a allumé treize incendies. L'auteur présumé a été arrêté la semaine dernière. Selon le Ministère public, il s'agit d'un Suisse âgé de 33 ans. Fait notable: il est pompier.
Généralement, ce sont les jeunes qui mettent le feu à des granges – ou d'autres constructions – par ennui et pour montrer leur courage. Frank Urbanioké. La vengeance est un motif fréquent, lorsqu'il s'agit d'en finir avec quelqu'un. C'est un exutoire à la frustration, selon le psychiatre.
Allumer un incendie pour obtenir de l'argent de l'assurance ou pour économiser des frais de démolition est une autre cause fréquente, analyse l'expert. Dans de rares cas, des personnes souffrant d'hallucinations provoquent également des feux. La dernière cause, celle qui a probablement joué un rôle chez l'auteur de l'incendie du Wasseramt, a également une composante psychiatrique: c'est la tendance pyromane, c'est-à-dire la fascination pathologique pour le feu.
Et tout comme les pédophiles sont attirés par les institutions avec des enfants, les pyromanes se tournent parfois vers le travail avec le feu.
La proportion de pompiers pyromanes serait très faible parmi tous les incendiaires criminels. Le psychiatre souligne:
Les cas où le secouriste est aussi l'auteur de l'acte restent, toutefois, particulièrement bien gravés dans la mémoire, quelques exemples:
Dans ces trois cas, les auteurs étaient âgés d'environ 25 ans – comme dans un cas récent en Styrie autrichienne: en mars, un pompier de 23 ans a mis le feu à des feuilles mortes à la lisière d'une forêt et a alerté après un certain temps les pompiers volontaires locaux, avec lesquels il est lui-même intervenu. Il a expliqué qu'il se sentait ignoré et qu'il voulait se faire respecter par ses camarades.
Le fait que les pompiers se créent une scène pour montrer leurs compétences ou se présenter comme des sauveteurs est pathologiquement absurde. Le même mécanisme est à la base du syndrome de Münchhausen par procuration. Dans ce cas-là, une personne – souvent la mère – maltraite intentionnellement un enfant ou crée une maladie afin d'être ensuite reconnue par le personnel médical comme une mère soignante ou souffrante.
On ne sait pas encore pourquoi le délinquant soleurois a mis le feu. Ce que l'on sait, en revanche, c'est qu'il peut aimer le fait de mener une double vie. Frank Urbaniok explique:
Il n'y a pas de garantie que ces pyromanes ne mettent le feu qu'à des bâtiments inhabités: «Il se peut que des pyromanes s'efforcent d'épargner des personnes. Cependant, d'autres s'en moquent», explique le spécialiste en médecine légale.
A noter que les incendiaires sont presque toujours des hommes, tout comme 95% des criminels violents:
Du côté des victimes potentielles, la situation est claire: la population est extrêmement inquiète lorsqu'un pyromane sévit dans une région. La terreur perdure jusqu'à ce que le coupable soit arrêté. Dans le Wasseramt, cela semble avoir été le cas.
Traduit de l'allemand par Léon Dietrich