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Analyse

Votation. Putains de médias! La tentation du bouc-émissaire

Les médias emportés avec le Covid?
Les médias emportés avec le Covid?image: shutterstock / montage: saïnath bovay
Analyse

Putain de Covid, putains de médias! La tentation du bouc émissaire

Les médias doivent-ils encore y croire? A dix jours de la votation sur l'aide à la presse, la tendance est au «non». Deux ans de Covid y seraient-ils pour quelque chose?
04.02.2022, 05:5904.02.2022, 07:44
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Tout le monde déteste-t-il les médias? L’affaire s’annonce mal. Les dernières intentions de vote ne sont pas terribles. Selon un sondage commandé par Tamedia, la loi sur l’aide aux médias serait rejetée en votation le 13 février prochain. Celui mené pour le compte de la SSR par gfs.bern laisse encore la porte ouverte. «Sur les six arguments soumis aux personnes sondées, deux dominent et sont contradictoires», rapporte Lukas Golder, le codirecteur de l'institut de recherche bernois. Ces deux arguments, les voici:

  1. Premier argument, pour le «oui»: «Ce nouveau train de mesures fortifie la démocratie suisse parce qu’il promeut l’activité journalistique indépendante aussi dans les régions.»
  2. Deuxième argument, pour le «non»: «Ce n’est pas le rôle de l’Etat de protéger différents secteurs économiques contre les changements au sein du marché.»

On verra après

Il manque ici, et c'est un peu dommage, les arguments moins avouables, ceux qui ont davantage à voir avec les passions. Il n’a ainsi pas été demandé si un «non» à la loi en faveur des médias pouvait découler, aussi ou principalement, d’une défiance envers ces derniers, et, si oui, pour quels motifs. «Cet aspect des choses sera mesuré dans les analyses VOX d’après votes», explique Lukas Golder.

Il n’existe pas en Suisse de baromètre évaluant la confiance des citoyens dans leurs institutions au sens large du terme. On sait qu’en France, à ce jeu-là, les journalistes et les politiques sont les moins dignes de confiance. Traduction: les plus mal-aimés.

La proximité, ça compte?

En Suisse, où le fédéralisme est la règle, il existe, probablement plus en périphérie que dans les grands centres urbains, un lien de proximité avec les médias et les politiques. On peut donc supposer que la confiance envers les premiers et les seconds est en général plus grande qu’elle ne l’est chez le voisin français.

Il n’empêche: l’hypothèse d’un vote «bouc-émissaire» contre les médias, le 13 février, est à prendre en compte. «La crise pandémique que nous traversons depuis deux ans n’y serait sans doute pas pour rien», présume Lukas Golder. Le codirecteur de gfs.bern estime à ce propos que l’ensemble des groupes covido-sceptiques, hostiles aux mesures sanitaires de la Confédération relayées par les médias, devraient contribuer à accroître la part du "non"» à la votation du 13 février sur l’aide à ces derniers.

Nous nous sommes tant aimés (détestés)

Les déclarations jugées «pro-gouvernementales» de Marc Walder, le patron du groupe de presse Ringier, faites l’an dernier au sujet du Covid-19 et qui auraient dû rester confidentielles, conforteront les corona-rebelles dans leur raisonnement et détermination.

Plus largement, lors de cette votation, les «médias» pourraient nourrir des sentiments mélangés. De la même manière qu’on semble enfin sur le point de prendre congé des mesures anti-Covid, une partie de la population pourrait vouloir prendre également et momentanément congé des médias, ces porteurs le plus souvent de mauvaises nouvelles durant les deux années écoulées.

A l’inverse, mais peut-être ne faut-il pas trop miser sur cette hypothèse, les citoyens, pris d’un sentiment tout autant de gratitude que de solidarité en raison des épreuves traversées, pourraient vouloir marquer d’un «oui» leur attachement aux médias qui, comme le reste de la société, ont tenu.

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