«Tu n’as aucune chance? Alors, vas-y, fonce!» C’est avec cette maxime d’école de commerce que les Vert.e.s sortent du bois, attirés par la succession d’Ueli Maurer, qui quittera le Conseil fédéral dans deux mois. L’un des deux sièges occupés par l’UDC sera alors à repourvoir, à moins d’un an des élections fédérales d’octobre 2023.
En visant un siège UDC, les Vert.e.s s’attaquent au «climato-scepticisme» du parti national-conservateur. «En 2021, l’UDC s’était opposée à la loi CO2 et l’avait emporté, de même qu’elle s’oppose à présent au contre-projet du Conseil fédéral à l’initiative pour les glaciers, qui demande l’éradication de tout carburant et combustible fossiles en Suisse d’ici à 2050», resitue le politologue Pascal Sciarini.
De toute façon, le parti écologiste n’a pas encore décidé s’il briguera ou non le fauteuil d’Ueli Maurer lors de l’élection partielle du 7 décembre. Il le fera savoir le 18 octobre, au terme d’une réunion extraordinaire.
Aux élections fédérales de 2019, les Vert.e.s étaient devenus la quatrième force du pays, derrière l’UDC, les socialistes et les radicaux, passant pour la première fois devant Le Centre (ex-PDC). Ils avaient alors estimé être en droit de revendiquer un siège au Conseil fédéral, rappelle Pascal Sciarini. Ils avaient présenté la Bernoise Regula Rytz. Un échec.
En place depuis 2003, après l’éjection d’un PDC au profit d’un UDC, l’actuelle formule magique à deux UDC, deux PS, deux PLR et un Centriste, la règle du «2: 2: 2: 1» faisant foi depuis 1959, avait été reconduite. Et l’on sait qu’il a fallu que l’UDC devienne le premier parti de Suisse pour qu'elle obtienne un deuxième siège synonyme d'apothéose. En 2019, après leur échec à l’élection au Conseil fédéral, il avait été demandé aux Verts de confirmer en 2023 leurs gains parlementaires obtenus cette année-là. Encore un an et on y sera.
Que faudrait-il aux écologistes pour qu’ils puissent intégrer l'exécutif suprême?
Il ne reste donc plus que Le Centre et le PLR, l’UDC paraissant intouchable. Fin août, un sondage 20 minutes-Tamedia donnait Le Centre stagnant et le PLR en légère hausse. Si les Verts confirment leur avance d’un peu moins de deux points sur Le Centre, enregistrée il y a trois ans, nul ne pourra leur contester le droit de revendiquer le siège centriste, par exemple.
Problème, le sondage en question les annonce en baisse. Si l’UDC passe pour un parti climato-sceptique, les écologistes passent à l’inverse pour des radicaux du climat auprès d'une partie de l’opinion, qui craint les effets d’une décroissance sur son mode de vie.
Dans le même temps, les Verts’libéraux devraient progresser. Si bien qu’un pôle vert pourrait in fine faire valoir sa légitimité à siéger au Conseil fédéral. Si la «radicalité» des Vert.e.s fait peur à la majorité de l’Assemblée fédérale, qui continuera probablement de pencher à droite après les élections fédérales de 2023, celle-ci, dans la recherche d’un compromis, pourrait toujours élire un homme ou une femme issu des Verts’libéraux.