La fourmi de feu a débarqué en Europe. «Et alors?» vous dites-vous peut-être. Mais la fourmi Solenopsis invicta «est l'une des pires espèces invasives. Elle peut se propager à une vitesse effrayante», explique Mattia Menchetti de l'Institut de biologie évolutive en Espagne.
Cette espèce a désormais trouvé le chemin de la Sicile, comme le constate une équipe de chercheurs spécialisés dans les fourmis à travers une étude publiée dans la revue Current Biology. Auparavant, S. invicta, originaire d'Amérique du Sud, s'était déjà établie sur plusieurs continents, mais pas en Europe.
La fourmi de feu est redoutée à cause de son dard.
Cette réaction de défense de la fourmi provoque de fortes pustules. «Lors d'un coup de pied dans le nid, il est rare qu'une seule fourmi de feu pique, elles sont généralement des centaines. Ce phénomène peut être dangereux pour les personnes allergiques à ces piqûres», explique l'experte en fourmis.
La fourmi menace également d'autres animaux. «Il existe des études menées aux Etats-Unis qui montrent que dans les endroits où la fourmi de feu est apparue, certaines araignées, certains crustacés et insectes ainsi que des populations de reptiles et d'oiseaux diminuent», explique Karin Urfer. Leur diminution n'est bien sûr pas uniquement liée à la fourmi de feu, mais elle joue un certain rôle. En raison de la faiblesse des données, il est impossible de prédire l'impact de sa présence en Europe.
Dans leur étude, les chercheurs avertissent que les fourmis pourraient bientôt se répandre dans toute l'Europe. En Italie, cette situation pourrait donc entraîner d'importants problèmes environnementaux et sanitaires. S. invicta s'est rapidement propagée avec le vent. L'homme a également contribué à sa propagation par le biais du commerce maritime mondial et de l'expédition de plantes. Elle a ainsi pu s'établir en Australie, en Chine, dans les Caraïbes, au Mexique et aux Etats-Unis.
L'Europe n'a étonnamment pas été touchée pendant longtemps, mais de nombreuses espèces de fourmis exotiques y circulent déjà, explique Mattia Menchetti dans son étude. Il n'est pas encore possible de dire définitivement si la fourmi de feu pourrait se répandre en Suisse, explique Karin Urfer.
Les calculs des chercheurs sur les fourmis montrent que, dans les conditions environnementales actuelles, 7% du continent européen sont propices aux fourmis de feu. Le changement climatique va probablement accélérer leur expansion et leur croissance démographique.
Les chercheurs ont également constaté que les zones urbaines sont particulièrement vulnérables. Selon eux, la moitié des villes européennes sont menacées d'invasion. Roger Vila, premier auteur de l'étude et membre de l'Institut de biologie évolutive, explique:
Seule la Nouvelle-Zélande a réussi jusqu'à présent à éradiquer cet envahisseur. Pour cela, il a fallu sortir les produits chimiques. D'une part, les nids ont été empoisonnés avec des pesticides, puis un périmètre de deux kilomètres a été défini autour de l'emplacement du nid dans lequel la fourmi de feu a été recherchée avec des appâts et des pièges.
Ce sont surtout les reines qui s'étaient déjà envolées avant l'empoisonnement du nid qui ont été recherchées, comme l'explique Karin Urfer. Des appâts d'insectes ont également été lâchés dans les terrains impraticables. Toutes ces mesures ont été répétées tous les trois ans.
De telles actions contre la fourmi de feu sont également en cours en Chine. Cette espèce de fourmi n'est toutefois pas facile à repérer. De nombreuses fourmis européennes fabriquent des nids d'apparence similaire.
Traduit et adapté par Nicolas Varin