Mercredi 16 août, un tour en calèche a viré à la catastrophe à Interlaken (BE). Une femme, ainsi que le cocher, ont été éjectés après que le cheval s'est cabré, terrorisé. L’animal s’est ensuite enfui au galop dans les rues de la ville avant d’être arrêté dans sa course par des passants.
Un accident qui relance le débat opposant les défenseurs de la cause animale au fondateur des Attelages du Léman à Genève. Pour rappel, c'est dans le cadre d'un projet pilote, autorisé par la ville de Genève, qu'il a obtenu une autorisation pour circuler en calèche au centre-ville. L'initiative fait polémique et divise l’opinion.
Plusieurs pétitions au sujet de ces balades ont été lancées. L'une d'elles, qui demande l'interdiction de l'activité, a recueilli 35 178 signatures. Une autre, qui soutient les Attelages du Léman, a récolté 4147 paraphes.
Entre les partisans des attelages genevois et les défenseurs de la cause animale, le dialogue semble rompu. Les opposants au projet estiment cette pratique dépassée, dangereuse et incompatible avec le bien-être animal. Et la canicule qui frappe la Suisse depuis plusieurs jours est un nouvel argument à leur disposition.
Shkelzen Hajdari, fondateur des Attelages du Léman, se définit comme un passionné qui aime ses chevaux. Il brandit son diplôme attestant de sa capacité à prendre soin de ses animaux. Contacté par watson, Shkelzen Hajdari affirme avoir deux objectifs: joindre l'utile à l'agréable et revaloriser le cheval au sein de la société. Une responsabilité morale vis-à-vis de ces animaux, dit le passionné.
A la question de savoir pourquoi il a choisi le centre-ville plutôt que la campagne, où les risques d'accident sont bien moindres, il admet avoir besoin d'être visible auprès des touristes:
Mais il l'assure, ces chevaux sont «sélectionnés» et entrainés pour évoluer dans la ville de Genève. Stéphane Montavon, vétérinaire en chef de l'armée suisse depuis 2003, pointe à watson le fait que les balades aient lieu en plein centre-ville:
L'unique cocher du canton de Genève confirme réfléchir à proposer, à plus long terme, des promenades loin de l'agitation urbaine.
Shkelzen Hajdari assure apporter aux équidés tout le confort dont ils ont besoin, déclarant que «le reste du temps, les chevaux sont à l'ombre et constamment avec de l'eau à disposition». Il a également précisé avoir fixé une limite de 35 degrés au-dessus de laquelle les balades sont annulées. Ce qui «semble raisonnable» pour Stéphane Montavon, qui appelle tout de même «au bon sens du détenteur du cheval en toutes circonstances».
Les chevaux au sein de l'armée travaillent, eux aussi, sous ces températures, nous assure le vétérinaire, bien que leurs horaires de travail soient adaptés. Une flexibilité plus difficile à mettre en place dans le secteur du tourisme, où l'offre dépend forcément de la demande.
Stéphane Montavon rappelle toutefois qu'en Suisse, aucune loi n'interdit la pratique du sport équestre, en compétition ou en amateur, en fonction de la météo. Qu'elle soit d'ailleurs très (trop) chaude ou froide. Pourtant, comme s'accordent à le dire les professionnels à la Fédération suisse des Sports Equestres (fnch), les chevaux supportent mal les températures élevées et risquent le coup de chaleur en cas d'efforts physiques trop importants.
Dans ce cas, ces tours en calèche en pleine canicule sont-ils raisonnables? «L'intensité et la durée du travail doivent être adaptées aux conditions climatiques», précise Stéphane Montavon.
Une adaptation du travail respectée si l'on en croit les déclarations du fondateur des Attelages du Léman puisqu'il confirme ne pas sortir ses chevaux en journée lorsque le mercure grimpe.
En ce qui concerne le coup de chaleur, comment Shkelzen Hajdari s'assure-t-il que ses chevaux n'en soient pas victimes comme plusieurs drames l'ont montré, à New York notamment?
Face à ses détracteurs, Shkelzen Hajdari a opté pour la transparence et invite quiconque qui souhaite voir dans quelles conditions vivent ses chevaux à venir visiter son écurie. Ce jeudi soir, la calèche des Attelages du Léman sera en ville, malgré la pluie annoncée. Néanmoins, il rebroussera chemin si le temps se gâte, dit-il.
Pour l'heure, les autorités genevoises ne se sont pas positionnées concernant ces tours en calèche, qui continuent de faire polémiques dans la cité de Calvin. Le projet pilote durera jusqu'en 2024.