La conseillère fédérale Elisabeth Baume-Schneider est appelée à agir. Et vite. En l’espace de trois semaines, plus de 100 000 personnes ont signé une pétition pour sauver le centre antipoison suisse, plaçant ainsi la ministre de la Santé face à ses responsabilités.
Au numéro de téléphone 145, des spécialistes conseillent parents ou médecins en cas d’empoisonnement. Mais ce service est en péril. Début juillet, la fondation Tox Info, qui gère cette ligne d’urgence, a tiré la sonnette d’alarme. Depuis 2020, elle accumule les pertes financières, et ses réserves seront épuisées d’ici la fin de l’année.
La poursuite du service n’est possible que si la Confédération débloque une aide d’urgence de 1,1 million de francs.
Le large écho suscité par la pétition est, pour Tox Info, un signal clair de l’importance de ce service pour la population. Une disparition, voire même une simple interruption, aurait «des conséquences fatales», selon elle, car 40% des appels concernent des enfants de moins de cinq ans. Sans cette ligne téléphonique, les parents ou les autres personnes concernées n’auraient plus de point de contact en cas d’urgence. Les hôpitaux profitent, eux aussi, de ce service.
Le président de Tox info, Josef Widler, a donc invité la conseillère fédérale Baume-Schneider à une «réunion de sauvetage». Il s’agirait de discuter ensemble des solutions possibles pour un financement pérenne.
Le département d’Elisabeth Baume-Schneider n’a pas répondu à cette demande. L’Office fédéral de la santé publique (OFSP) a simplement réitéré la même déclaration que trois semaines plus tôt, à savoir qu'une réunion est prévue en août avec les responsables de Tox Info, et que des efforts sont en cours pour trouver une solution à long terme. L’OFSP se dit «confiant de pouvoir soumettre une proposition constructive dans les mois à venir», sans en préciser les contours.
Josef Widler reproche au gouvernement fédéral son inaction sur la question du financement de la centrale:
Or, selon Berne, la responsabilité incombe à d’autres acteurs. L’an dernier, la Confédération avait tout de même contribué à hauteur de 640 000 francs à la financer, soit environ 18% du budget global de la fondation.
Dans un contexte de finances publiques tendues, le gouvernement affirme ne pas pouvoir faire davantage. De leur côté, d’autres investisseurs, notamment les caisses maladie, se sont désengagés ou ont réduit leur soutien. Les hôpitaux ne couvrent qu’environ 10% du budget, une part jugée insuffisante par les autorités.
Mais la fondation met en garde, faire reposer une plus grande part des coûts sur les hôpitaux entraînerait davantage de bureaucratie, et donc de dépenses, et pourrait au final dissuader les médecins de recourir à ce service. Elle rappelle aussi que la loi stipule clairement que la Confédération est tenue de financer une centrale d’information en cas d’empoisonnement.
Malgré les tensions, Josef Widler ne perd pas espoir et affirme, en croyant toujours à une issue favorable:
Elisabeth Baume-Schneider elle-même soulignait encore l’an dernier au Parlement l’importance du rôle de la fondation et avait alors déclaré:
Sans parler du fait qu'une telle disparition ne ferait qu’augmenter les coûts de santé à long terme.
Traduit de l'allemand par Joel Espi