Le plus grand édifice imprimé en 3D au monde a été inauguré mardi à Mulegns (GR) en présence du conseiller fédéral Guy Parmelin. Il s'agit d'une tour blanche de la fondation culturelle grisonne Origen. Façonnée par l'EPF Zurich, elle culmine à 30 mètres.
La «Tour blanche» commémore l'émigration des pâtissiers grisons à partir de la fin du 18e siècle vers le nord de l'Italie avant leur retour au village au 19e siècle. Elle s'élève au milieu du village de montagne Mulegns qui compte tout juste encore onze habitants, alors que 150 personnes y vivaient encore il y a plus d'un siècle. Désormais, les voitures qui traversent le village s'y arrêteront de nouveau pour découvrir la tour.
Ses colonnes ondulées rappellent la forme d'une tourte. Sa cage d'escalier mène jusqu'à une coupole devenant de plus en plus blanche, qui accueillera bientôt des évènements artistiques.
Le maire de la commune de Surses, à laquelle appartient Mulegns, a salué la valeur-ajoutée que l'édifice apporte à la vallée. Sa présence n'est toutefois que temporaire. Il s'agit d'un projet itinérant. La tour quittera le village dans cinq ans pour un autre emplacement. Cinq communes grisonnes ont déjà signalé leur intérêt.
Une quarantaine de personnes ont participé au projet lancé en 2018. Les travaux ont été retardés de deux ans. Ils ont coûté le double de ce qui était prévu à l'origine. La facture atteint finalement 4,4 millions de francs. Elle a été financée par les cotisations et des dons.
La tour de six étages, composée notamment de 32 colonnes imprimées en 3D, est le projet le plus complexe de la fondation Origen en vingt ans d'existence, a confié à son directeur Giovanni Netzer. Les défis se sont accumulés: changements de technologie, réaction du matériau au climat régnant à 1500m d'altitude, difficultés dans l'assemblage des éléments de la tour, etc.
Lors de son inauguration, en fin de matinée, le président de l'EPFZ Jérôme Mesot a qualifié la tour d'«expression de la force suisse d'innovation». Celle-ci unit connaissances les plus récentes de la recherche et savoir-faire technique. De telles innovations sont nécessaires pour atteindre les buts climatiques fixés, a déclaré le physicien genevois.
La méthode de construction numérique constitue une grande chance pour l'industrie, a déclaré l'architecte Benjamin Dillenburger. Pour façonner les éléments de la tour, les robots ont appliqué 2500 couches d'impression en 3D. L'ensemble des colonnes est ainsi constitué de 250 km de couches de béton.
La précision de cette méthode a permis de réduire de moitié le béton utilisé. «C'est ça, l'avenir!», s'est enthousiasmé Guy Parmelin. Le ministre de l'économie a même comparé l'ouvrage à la Tour Eiffel, de par la performance pionnière et le symbole identitaire pour la région. (jzs/ats)