Comment la Suisse doit-elle réagir aux sanctions douanières de Washington? Pour la gauche, le gouvernement doit riposter et annuler l'achat des avions de combat F-35 fabriqués aux Etats-Unis. Des voix s'élèvent jusque dans le camp bourgeois pour envisager une riposte en matière de politique d'armement.
Andrea Gmür, conseillère aux Etats lucernoise du Centre et présidente de la Commission de la politique de sécurité du Conseil des Etats, a déclaré à la SRF:
Ces réflexions ont beaucoup de mal à passer dans les milieux militaires. Stefan Holenstein est convaincu que de telles contre-mesures sont «non seulement intenables et déplacées, mais aussi totalement inefficaces vis-à-vis des Etats-Unis». Cet officier de milice préside l'Association des sociétés militaires suisses (ASMS), qui regroupe notamment les associations des officiers et des sous-officiers.
Stefan Holenstein ne demande pas seulement le maintien de l'achat du F-35, il exige une augmentation de la flotte. Au lieu de 36, la Suisse devrait selon lui acquérir 48 engins, soit un tiers de plus que prévu. Objectif: inciter Donald Trump à réduire les droits de douane.
Par ailleurs, il invite Berne à céder dans le conflit sur le prix fixe. Fin juin, le ministre de la Défense, Martin Pfister avait annoncé que l'acquisition pourrait coûter jusqu'à 7,3 milliards de francs, au lieu des 6 milliards articulés jusque-là. Les Américains estiment qu'il y a eu un «malentendu» à propos d'un prix fixe, pourtant convenu du point de vue de la Suisse.
L'officier voit une réelle opportunité dans cette crise. Son organisation réclame depuis longtemps davantage d'avions de combat, et un budget de l'armée revu à la hausse. Cela permettrait selon lui d'allonger de façon décisive la capacité de résistance de l'armée de l'air. Une situation gagnant-gagnant pour la Suisse et les Etats-Unis, mais avec un coût des plus élevés.
A ses yeux, la Suisse doit avant tout montrer à ses partenaires européens qu'elle prend au sérieux le réarmement attendu depuis longtemps et qu'elle contribue à l'architecture de sécurité mondiale.
Les associations militaires critiquent le Conseil fédéral, qui aurait tardé à élaborer un plan B. Elles déplorent aussi le manque de réactivité de la présidente de la Confédération, qui n'y avait pas non plus pensé en amont de sa conversation téléphonique avec Trump. «Maintenant, cela ne sert plus à rien de se disputer», affirme Stefan Holenstein.
(Traduit de l'allemand par Valentine Zenker)