Suisse
Commentaire

Le fiasco du F-35, c'est (aussi) la faute des Romands

Ueli Maurer et les F-35
Ueli Maurer et «ses» Gripen: on aurait mieux fait de l'écouter.keystone / dr (montage)
Commentaire

Le fiasco du F-35, c'est (aussi) la faute des Romands

L'acquisition des avions de combat F-35 cumule les déboires. On aurait évité un sacré paquet d'ennuis si on avait accepté le Gripen suédois, il y a de cela onze ans. C'était nous, Romands, qui avions alors dit non. Si on avait su dans quoi on s'embarquait...
05.11.2025, 18:4507.11.2025, 10:48

Voici une info qui devrait donner quelques boutons à nos parlementaires fédéraux qui s'accrochent à tout prix à l'avion de combat F-35: l'Ukraine leur préfère les Gripen suédois. Il s'agit d'un «excellent avion», parfaitement adapté aux besoins de Kiev, explique Volodymyr Zelensky.

Plus d'une centaine d'appareils vont être commandés. Zelensky a loué l'agilité, la polyvalence, la facilité d'utilisation et le bon prix des appareils suédois. A la trappe le F-35 et même le F-16, pourtant peu cher. C'est simple: le Gripen, c'est son chouchou.

Une occasion manquée

Un avion bon marché et efficace qui plaît au leader d'un pays d'Europe engagé dans une guerre intense? C'est pourtant celui que le peuple suisse a refusé d'acquérir. Rappelez-vous: en mai 2014, 53,8% du peuple s'est opposé à cette acquisition.

Une votation populaire en faveur des avions de combat et une procédure d'acquisition opaque plus tard, c'est décidé: nous aurons le F-35 américain. Un avion qui accumule les déboires et les problèmes techniques, nous sera livré avec des pièces qu'il faudra changer dans les années qui suivent — et pas des moindres: le réacteur— et risque de se transformer en vrai gouffre financier. Super.

D'autres argument en faveur du Gripen: l'achat de 22 appareils devait coûter 3,1 milliards — un chiffre qui fait saliver alors que la Confédération va devoir débourser plus de 7 milliards pour les avions américains. De plus, nous les aurions achetés à la Suède, un pays alors neutre et membre et l'Union européenne — une décision politique qui aurait ravi tant l'UDC que les partis pro-européens.

Les Romands contre le Gripen

Onze ans plus tard, on se dit qu'on est passé à côté d'une belle occasion d'éviter cette infâme débâcle en réglant le problème à la source. Et c'est peut-être notre faute à nous, Romands, qui avons refusé le Gripen à 64,8%. Si les Suisses alémaniques seuls avaient voté, le projet aurait passé la barre, à un score de 50,5%.

Voici la carte des districts suisses concernant le Gripen, en mai 2014.
Le Röstigraben est flagrant.voteinfo

Le même scénario se rejouera en 2020, lors de l'initiative pour l'acquisition de nouveaux avions de combat. Elle sera acceptée à 50,1%, les Romands faisant bloc contre. Seul le Valais, emmené par sa partie alémanique, avait dit «oui».

Peut-on vraiment en vouloir aux Romands — et même aux Suisses — d'avoir refusé le Gripen? En 2014, la sécurité n'est pas une priorité. La France de François Hollande n'a pas encore été touchée par les attentats islamistes. Et l'annexion de la Crimée par Poutine, quelques mois plus tôt, n'a pas fait office de détonateur. Avec le recul, on peut dire qu’il régnait un certain parfum d’innocence.

Presentation of the Gripen F Demonstrator at a media event on the military airfield in Emmen in the canton of Lucerne, Switzerland, pictured on October 12, 2012. (KEYSTONE/Elisabeth Real)

Praesentati ...
Le Gripen en test sur l'aérodrome d'Emmen, dans le canton de Berne, fin 2012.Image: KEYSTONE

Face au Gripen, la gauche a fait bloc. Invoquant des coûts élevés, une acquisition non prioritaire et la non-nécessité d'investir davantage dans l'armée et la sécurité. Le conseiller national Luc Recordon (Verts/VD) évoquait alors les avions et les chars comme «une armée de grand-papa». Une armée de grand-papa qui a repris du service en Ukraine.

Pour ou contre Maurer

En face, les partisans de l'avion ont avancé en ordre détaché. Parmi eux, 13% auront voté «non» spécifiquement à cause du modèle d'avion. Et puis Ueli Maurer, en charge du Département de la Défense (DDPS), a tellement bassiné tout le monde durant des mois avec «ses Gripen» que les détracteurs du conseiller fédéral UDC auront mécaniquement glissé un «non» dans l'urne.

Bundesrat Ueli Maurer strahlt mit einem Modell des Gripen, einem Geschenk von Bundespraesidentin Eveline Widmer-Schlumpf, an der Wahlfeier zum Bundespraesidenten im Schweizerischen Landesmuseum in Zue ...
La campagne en une image.Image: KEYSTONE

A l'époque, comme d'autres, le Zurichois m'avait cassé les oreilles. Mais onze ans plus tard, peut-on considérer qu'il avait raison? Nul ne dispose d'une boule de cristal. Une chose est sûre: voter «oui» aux Gripen nous aurait évité tout le bazar que nous subissons depuis des mois à cause de l'affaire F-35.

Pionniers du vol en Suisse
1 / 6
Pionniers du vol en Suisse
Oskar Bider fut le premier chef pilote de l’aviation militaire suisse et le premier à survoler les Pyrénées en 1913. (image: musée national suisse)
source: musée national suisse
partager sur Facebookpartager sur X
Le crash impressionnant d’un avion F-35 en Alaska
Video: watson
Ceci pourrait également vous intéresser:
Avez-vous quelque chose à nous dire ?
Avez-vous une remarque ou avez-vous découvert une erreur ? Vous pouvez nous transmettre votre message via le formulaire.
7 Commentaires
Votre commentaire
YouTube Link
0 / 600
7
«Discussion constructive» de Guy Parmelin avec son homologue américain
Guy Parmelin s'est entretenu avec le représentant américain au commerce Jamieson Greer. «La discussion a été très constructive», assure le Vaudois.
Le conseiller fédéral Guy Parmelin et le représentant américain au commerce Jamieson Greer ont parlé de commerce et d'investissement, a annoncé vendredi le chef du Département fédéral de l'économie sur X après une vidéo-conférence d'une trentaine de minutes.
L’article