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La Suisse va connaître un automne politique très intense

PLR, F-35, votations: l'automne politique s'annonce mouvementé.
L'initiative sur l'impôt sur les successions sera notamment soumise au vote le 30 novembre.Image: Keystone / Imago, montage watson

Pourquoi la politique suisse va entrer en ébullition cet automne

Deux votations sur des sujets épineux ainsi que la succession à la tête du PLR vont rythmer le second semestre politique 2025 de la Suisse.
27.07.2025, 18:5627.07.2025, 18:56
Peter Blunschi
Peter Blunschi
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La politique suisse tourne toujours au ralenti pendant la pause estivale. Seule exception: à Berne, on attend des nouvelles de Donald Trump. Le président américain fait languir la Suisse dans le conflit commercial. Un accord semblait pourtant trouvé lors des négociations. Mais avec Trump, on ne sait jamais. Il a laissé entendre que les «petits pays» recevraient bientôt un courrier.

La Suisse attend toujours le couperet Trump

Il serait question d’un droit de douane «sans doute un peu au-dessus de 10%», a-t-il déclaré en marge d’un événement à Pittsburgh. Quoi que cela puisse bien signifier. Peut-être que le brouillard se dissipera d’ici la fête nationale du 1er août. Mais même là, rien ne garantirait que l’affaire soit définitivement réglée.

Le style politique erratique de Donald Trump reste un défi pour un pays comme la Suisse, qui a beaucoup profité de l’ordre mondial post-guerre froide, et qui peine aujourd’hui à s’adapter aux nouvelles réalités géopolitiques. Mais les débats internes promettent eux aussi d’être vifs au cours du deuxième semestre 2025. Tour d’horizon.

President Donald Trump speaks at the "Inaugural Pennsylvania Energy and Innovation Event" at Carnegie Mellon University, Tuesday, July 15, 2025, in Pittsburgh. (AP Photo/Evan Vucci)
Donald T ...
Donald Trump mardi à Pittsburgh, en Pennsylvanie.Image: keystone

Des votations clivantes en perspective

Après un premier semestre relativement calme, deux scrutins nationaux attendent les citoyens, et les campagnes s'annoncent pour le moins mouvementées.

Le 28 septembre, le peuple se prononcera pour la deuxième fois sur l’introduction d’une identité électronique (E-ID). Le premier projet a été nettement rejeté en 2021. Cette fois, les chances d’acceptation semblent bien réelles.

La plupart des grands partis soutiennent le projet. Ses adversaires, eux, ont certes réussi à récolter les signatures nécessaires à un référendum, mais le camp du «non» reste hétéroclite et divisé: une alliance informelle entre activistes numériques et critiques de l’Etat, soutenue par les Jeunes UDC et l'UDF, s'est formée.

Le sort de la deuxième proposition reste, lui, complètement ouvert. Il s’agit de la création d’un nouvel impôt sur les résidences secondaires. Cette taxe vise à compenser les pertes fiscales dues à la suppression de la valeur locative décidée par le Parlement. Des projets similaires ont échoué à plusieurs reprises ces dernières décennies. Pour l'instant, l’issue reste incertaine.

Les cantons montagnards, notamment, doutent que cet impôt foncier atteigne son objectif. Un problème de taille, car la double majorité peuple-cantons est requise. Et comme les deux objets sont liés, un rejet de la taxe entraînerait aussi l’abandon de la réforme sur la valeur locative.

Pour le 30 novembre, trois objets étaient initialement prévus. Mais le référendum contre le renforcement du soutien indirect à la presse n’a pas abouti. Il ne reste donc que deux initiatives populaires: celle des Jeunes socialistes, qui propose un impôt successoral de 50% sur les héritages supérieurs à 50 millions de francs, et celle du «Service Citoyen», qui veut instaurer un service obligatoire au profit de la collectivité.

Cette dernière n’a trouvé du soutien qu’auprès des Vert’libéraux, au Parlement. Quant à l’initiative des Jeunes socialistes, ses chances de succès semblent encore moindres, et un sondage de watson le confirme. Mais elle inquiète sérieusement les super-riches et promet une campagne sous haute tension.

Election et pivot au sommet du PLR

Entre ces deux rendez-vous électoraux, le PLR désignera le 18 octobre le successeur de son président Thierry Burkart, dont le départ surprise début juin a été accompagné de nombreuses critiques.

A ce jour, seul le conseiller aux Etats glaronnais Benjamin Mühlemann a publiquement fait part de son intérêt. D’autres, Damian Müller, Andri Silberschmidt ou Susanne Vincenz-Stauffacher, restent discrets. Cette élection pourrait marquer un tournant stratégique pour le parti, d’autant que les délégués définiront le même jour la position du PLR sur le nouvel accord-cadre avec l’Union européenne (UE). Une orientation européenne que Thierry Burkart, eurosceptique, ne partageait manifestement plus.

L'Europe

La question européenne devrait largement occuper le débat au second semestre, même s’il ne s’agit «que» de la prise de position officielle dans le cadre de la consultation. Longtemps, les opposants à l’accord ont mené le débat sur ce dossier sensible.

Mais les partisans ont récemment regagné du terrain, avec des soutiens de poids comme Economiesuisse et l’Union patronale suisse, qui se sont prononcés en faveur des «Bilatérales III».

Le fiasco de l'achat des avions F-35

Autre dossier explosif: les surcoûts du programme F-35. Les Américains ne veulent plus entendre parler du prix forfaitaire annoncé et réclament des suppléments. La Suisse se retrouve en position de faiblesse.

Le débat portera donc sur une question délicate: faut-il payer plus ou commander moins d’avions? Le Département de la défense (DDPS) ressemble à un chantier à ciel ouvert depuis le départ de Viola Amherd. Son successeur, Martin Pfister, a annoncé vouloir réévaluer 17 projets prioritaires.

Autres sujets délicats: la volonté des partis bourgeois d’assouplir les règles sur les exportations d’armes et un possible rapprochement avec l’UE et l’Otan en matière d’armement.

FILE - A Royal Air Force F-35 lands at the Farnborough International Air Show in Farnborough, England, on July 22, 2024. (AP Photo/Alberto Pezzali, File)
Britain Israel Arms Exports
Le F-35 risque d'entraîner des coûts supplémentaires se chiffrant en milliards.Image: keystone

De grosses sessions pour le Parlement

Le Parlement aura pour sa part plusieurs gros dossiers à traiter.

Les procédures accélérées d’autorisation pour les projets énergétiques pourraient être finalisées lors de la session d’automne. Le Conseil national doit aussi se pencher sur le financement de la 13e rente AVS, un dossier lié à la suppression de la fameuse «pénalisation du mariage», que le Conseil des Etats a adoptée en juin.

En session d’hiver, c'est le budget fédéral qui occupera le devant de la scène. Ces deux dernières années, le Parlement a difficilement respecté le frein à l’endettement, que la ministre des Finances Karin Keller-Sutter défend bec et ongles. Le prochain bras de fer budgétaire s’annonce tout aussi tendu, notamment autour des moyens supplémentaires réclamés par l’armée.

Et le Conseil fédéral, dans tout ça?

Un été sans rumeurs de démission au Conseil fédéral? Impossible.

Le départ de Viola Amherd (Centre) était attendu, mais pas forcément aussi tôt dans l’année. D’autres démissions suivront-elles? C'est peu probable.

Le premier candidat logique serait Guy Parmelin (UDC), en poste depuis bientôt dix ans. Mais il doit encore assurer une deuxième présidence de la Confédération en 2026.

D’autres départs semblent aussi peu vraisemblables. Le ministre des Affaires étrangères, Ignazio Cassis (PLR), paraît ces derniers temps plus motivé. Il pourrait briguer un deuxième mandat présidentiel en 2027. Dans son cas, la question de la deuxième place du PLR au gouvernement a son importance. Le grand chambardement pourrait plutôt avoir lieu après les élections de 2027.

Adapté de l'allemand par Tanja Maeder

Les travaux à Lausanne
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source: keystone
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