Selon le Département de la défense, de la protection de la population et des sports (DDPS), les incertitudes qui subsistent à l'issue des dernières investigations poussées et des forages exploratoires ne permettent pas d'exclure totalement un risque d'accident.
L'évaluation n'est pas fondamentalement différente de celle effectuée en 2022, a expliqué mercredi, devant les médias, le responsable du projet au sein du DDPS Adrian Goetschi. Les structures de protection du village, de la voie ferrée et de la route vont être redimensionnées.
Selon les dernières recherches effectuées par un groupe de recherche du DDPS, dont faisaient également partie des spécialistes dans l'élimination de munitions, il est «extrêmement peu probable» qu'une explosion de grande ampleur - avec dix tonnes d'explosifs - se produise.
Un accident mobilisant une tonne d'explosifs est considéré comme un événement «de taille pertinente» pour l'évaluation des mesures de protection. Après la grosse explosion de 1947, les munitions ont été enterrées dans les décombres, à l'intérieur de la roche. Cela réduit le risque de réaction en chaîne lors d'une éventuelle explosion.
Seule une accumulation de 50 kg de bombes d'aviation pourrait déclencher un accident majeur. Lors des fouilles exploratoires, l'existence d'une telle quantité de bombes d'aviation sur le site n'a pas pu être démontrée. D'ailleurs, les résultats des investigations laissent supposer que les munitions restées sur le site sont nettement inférieures à ce que le DDPS avait pu craindre dans un premier temps.
Un événement majeur mettant en scène dix tonnes d'explosifs est ainsi «extrêmement peu probable», mais ne peut pas être complètement exclu.
La tendance vers un risque moins élevé s'est confirmée lors des fouilles de sondage. Adrian Goetschi a toutefois souligné que seul un quart de la galerie avait été accessible pour les travaux de sondage. Les résultats ne sont donc pas nécessairement assimilables en l'état à l'ensemble de la galerie. En revanche, les résultats des fouilles exploratoires ont été intégrés dans la conception des structures de protection des routes et des voies ferrées.
Ces structures de protection sont essentielles. Sans elles, les liaisons à travers le Kandertal - vallée très fréquentée puisqu'elle mène au tunnel du Lötschberg - ne pourraient pas être assurées sans interruption durant la période des travaux, qui se comptent en années.
Possible impact environnementalRestent plusieurs questions, qui trottent depuis plusieurs années dans la tête de nombreux habitants des lieux: le projet d'évacuation des munitions à 2,5 milliards de francs est-il vraiment nécessaire? Le risque est-il tel qu'il n'y ait pas de solution plus simple au problème des munitions du Mitholz? Ces interrogations occupent également les professionnels et les politiques.
L'opinion publique se concentre fortement, depuis plusieurs années, sur les risques d'explosion. Mais d'autres facteurs doivent aussi être pris en compte, à l'image de l'impact environnemental des munitions et de leurs résidus. Un incident est également possible dans ce domaine, a indiqué Adrian Goetschi.
Selon le DDPS, les munitions présentes dans la galerie et dans le cône de déblaiement en amont de l'installation contiennent plusieurs centaines de tonnes de substances nocives, notamment des métaux lourds: mercure, plomb, zinc ou encore antimoine. Environ 15 hectares de prairies ont été explorés. Le déblayage de l'ancien dépôt de munitions permettra par ailleurs pour but de réduire ou d'éliminer la majorité de ces matériaux polluants.
Par ailleurs, les travaux relatifs aux relocalisations ont bien avancé, tout comme les achats de terres par le DDPS. La plupart des personnes concernées semblent avoir accepté ce qui était inévitable, bien que certaines voix critiques continuent de se faire entendre.
Construit lors de la Seconde Guerre mondiale dans la montagne, à Mitholz, le dépôt a explosé en 1947, détruisant une centaine de maisons et faisant neuf morts. Il reste quelque 3500 tonnes de munitions dans la caverne effondrée. Le déminage coûtera 2,59 milliards à la Confédération. (ats)