«Non». La réponse du président de la Confédération Alain Berset à la question de savoir si le Conseil fédéral a fait évoluer sa politique de neutralité mercredi. Lors de sa séance, le Conseil fédéral avait décidé de soutenir la demande de la Commission de la politique de sécurité du Conseil national (CSPS) de mettre hors service 25 chars de combat de type Leopard 2. La ministre de la Défense Viola Amherd a obtenu le feu vert de ses collègues du gouvernement pour s'engager en faveur de cette proposition.
Pour Maja Riniker, la prise de position du Conseil fédéral était inattendue. Le père de la conseillère nationale PLR a été commandant d'un bataillon de chars. Elle poursuit depuis janvier l'idée que les «Leos», comme les appellent les connaisseurs, puissent être revendus. «Si ces pays souhaitent compléter leurs stocks avec du matériel suisse, nous devrions leur tendre la main», avait-elle déclaré au début de l'année à la NZZ am Sonntag.
L'Argovienne a cherché un autre moyen d'aider l'Ukraine, du moins indirectement. Au printemps, elle a proposé que la Suisse revende ses anciens chars au fabricant allemand.
C'est une pratique courante, explique-t-on au département de la Défense. Lorsque du matériel militaire est retiré du service, il est généralement retourné au fabricant, notamment pour récupérer les pièces détachées. L'Allemagne a déjà garanti que les chars ne seraient pas livrés à l'Ukraine, mais resteraient en Allemagne ou dans les pays de l'Otan et de l'UE afin de combler les lacunes dans ses propres stocks.
Le porte-parole du Conseil fédéral André Simonazzi a souligné en conférence de presse qu'il ne s'agissait justement pas de la réexportation d'armes, mais de la mise hors service de chars. «Nous sommes totalement en phase», a-t-il déclaré. Faisant référence à la politique de neutralité, le président de la Confédération Alain Berset, lui, a expliqué:
Alain Berset et André Simonazzi réagissaient aux reproches de l'UDC. Le parti a déclaré qu'il s'agissait d'une affaire d'alliances qui «brisait un tabou». La Suisse livre des armes lourdes et modernes à un pays belligérant, mettant à mal sa politique de neutralité. Le premier parti de Suisse juge:
L'UDC s'oppose à la mise hors service des Leopard 2 pour une autre raison. La Suisse aurait besoin de ces chars pour sa défense. Actuellement, l'armée suisse dispose de 96 Léopard 2. Ils ne sont plus utilisés et dorment dans un hangar. L'ancien conseiller fédéral Ueli Maurer aurait aimé les vendre il y a des années.
L'armée suisse a calculé que sur ces 96 chars, 71 pourraient encore lui être utiles. L'armée manque actuellement de chars. C'est pourquoi on examine la possibilité de réactiver une partie des «Leos».
A quel point cette décision est-elle importante? La ministre de la Défense se bat depuis des mois pour que la Suisse modifie sa position restrictive en matière de réexportation d'armes et soutienne davantage l'Ukraine dans sa guerre contre l'agresseur russe. Elle a toujours fait comprendre que l'étranger ne comprenait pas la position de la Suisse.
La Centriste a incité le Conseil fédéral à prendre position – ce qui n'aurait pas été nécessaire d'un point de vue purement institutionnel. En effet, le message sur l'armée est déjà au Parlement. Le fait que le Conseil fédéral prenne position sur une proposition d'une commission alors que les débats parlementaires sont en cours est peu commun. Cela montre la dimension politique de l'affaire.
Un autre point permet d'illustrer cette importance. Dans son communiqué de presse, le Conseil fédéral précise qu'il décidera lui-même d'une éventuelle demande d'autorisation d'exportation.
Si l'Assemblée fédérale décide de retirer les 25 chars du service, il est probable que le département de la Défense et/ou Ruag déposent une demande d'exportation auprès du département de l'Economie du conseiller fédéral UDC Guy Parmelin. Celui-ci évaluera la demande et la soumettra finalement au Conseil fédéral pour décision. Une procédure encadrée par la loi sur le matériel de guerre, concernant les «demandes ayant une portée considérable en matière de politique étrangère ou de sécurité.» (aargauerzeitung.ch)