Actuellement, la chaleur cause plus de décès en Suisse que toute autre catastrophe naturelle. Dans les années 1970, environ 80 personnes mouraient chaque année des suites de fortes chaleurs. Aujourd’hui, en raison du réchauffement climatique, ce chiffre dépasse les 300.
Mais toutes les régions ne sont pas touchées de la même manière. Les villes paient le prix fort à cause de la densité de construction, du manque d’espaces verts et d’une ventilation naturelle quasi nulle. Résultat: elles deviennent de vrais îlots de chaleur, des pièges thermiques parfois mortels.
Avec le réchauffement climatique, cette situation va s’aggraver. Le canton de Bâle-Ville est particulièrement concerné. Si la température mondiale augmente en moyenne de 1,5°C, on peut s’attendre à 13,6 décès supplémentaires pour 100 000 habitants dans ce canton. Avec une hausse de 3°C, la mortalité grimperait même à 32,2 personnes supplémentaires. Pour donner une idée concrète: avec la population actuelle de 208 000 personnes, cela représenterait 67 décès supplémentaires chaque année uniquement dus à la chaleur.
Dans le graphique ci-dessous, vous pouvez rechercher un canton dans la barre de recherche à gauche ou faire défiler le tableau avec la flèche à droite.
Cette année, la Suisse et toute l’Europe ont déjà connu une vague de chaleur dès la fin du mois de juin. Selon une étude récente de l’Institut de recherche Grantham à Londres, environ 2305 personnes sont mortes des suites de la chaleur dans douze grandes villes européennes pendant cette période, et 1504 de ces décès n’auraient pas eu lieu sans le changement climatique. Les villes les plus touchées ont été Milan, Madrid et Sassari, en Sardaigne. Les villes suisses n’ont pas été incluses dans cette analyse.
Une autre étude, parue en début d’année dans la revue spécialisée Nature Medicine, a analysé la situation dans 854 villes européennes pour estimer le nombre de morts liées à la chaleur d’ici la fin du siècle. Bien que le nombre de décès dus au froid devrait diminuer, cela ne suffira pas à compenser l’augmentation des décès dus à la chaleur.
Dans le pire des cas, l’étude prévoit environ 80 000 décès climatiques supplémentaires par an (morts dues à la chaleur moins celles évitées grâce à la baisse du froid). Les pays les plus touchés seront Malte, l’Espagne et l’Italie.
Traduit et adapté de l'allemand par Léon Dietrich