Il est spectaculaire et ressemble à un monstre, c'est le char de déminage G/Mirm Pz Leo. Comme son nom le laisse deviner, ce blindé est basé sur le châssis du fameux Leopard. Il peut travailler sur une largeur de 4,20 mètres et à une profondeur de déminage de 30 centimètres. Avec le programme d'armement 2004, la Suisse a acheté douze exemplaires pour 129 millions de francs.
👉 Suivez l'évolution de la guerre en Ukraine en direct 👈
Le parti socialiste demande que le Conseil fédéral cède, en prêt, à l'Ukraine, six des douze modèles surnommés «Kodiak» pour un usage civil. «Si le Conseil fédéral ne veut pas contribuer à la réexportation d'armes», déclare le chef du groupe PS Roger Nordmann:
L'idée de l'envoi de ces chars est l'une des trois voies par lesquelles le Parlement veut aider l'Ukraine avec du matériel de guerre, directement ou indirectement. La réexportation d'armes vers des pays tiers est la deuxième. La troisième option est celle de la conseillère nationale radicale Maja Riniker: Elle veut remettre à l'Allemagne 25 des 96 chars Leopard 2 mis au rebut.
«La pression internationale sur la Suisse est très forte pour qu'elle contribue davantage à l'aide de l'Ukraine – et à juste titre», déclare Nordmann. Il souligne que les chars de déminage doivent être livrés sous des conditions clairement définies:
Par ailleurs, Nordmann propose que le Conseil fédéral remette à l'Ukraine plusieurs blindés de la fondation Digger, basée dans le Jura bernois.
Le véhicule à chenilles de type Digger D250 est un mélange entre le tracteur et un véhicule blindé. Il pèse douze tonnes, dispose d'une puissance de 250 CV et d'une fraiseuse de mines à l'avant qui creuse le sol pour détruire les engins mortels. Il est spécialisé dans le déminage civil.
Aussi noble soit-elle, l'idée socialiste concernant les chars de déminage pourrait être difficilement réalisable. Le Conseil fédéral vient certes d'autoriser une clause d'exception pour les véhicules de déminage et ils peuvent être exportés vers l'Ukraine. Cependant, le char G/Mirm Pz Leo ne tombe pas sous le coup de cette clause.
En effet, l'exportation de matériel de guerre nécessite encore et toujours une autorisation du Secrétariat d'Etat à l'économie (Seco), explique le porte-parole Fabian Maienfisch:
Or, selon la situation juridique actuelle, il ne serait pas possible d'autoriser l'exportation de matériel de guerre vers des Etats impliqués dans un conflit armé international.
La situation est différente pour les blindés télécommandés. Ils peuvent être exportés vers Kiev. Des plans existent déjà à cet effet. D'ici la fin de l'année, un dragueur de mines Digger, financé par la Chaîne du Bonheur, devrait être acheminé à Kiev. Un autre, financé par un donateur, va être livré avant cela.
Mais la fondation Digger est également en contact avec la Direction du développement et de la coopération (DDC). Elle souhaite mettre en place, en Ukraine, sa propre chaîne de production pour le Digger D250. «Nous avons déjà trouvé le partenaire pour cela en Ukraine», explique Frédéric Guerne, fondateur et directeur de la fondation:
La demande de Nordmann pour que l'Ukraine obtienne des engins de déminage Digger est bien accueillie. Guerne trouve la proposition socialiste «fantastique». Il rappelle: «au début de 2023, l'Ukraine a déclaré qu'elle avait besoin de 60 engins de déminage». On estime que jusqu'à 30% du pays est miné. Guerne souligne que les véhicules de déminage militaires ne conviennent pas aux opérations de déminage civil. «Ils ne retirent que 80% des mines, les dégagent, mais ne les détruisent pas». En revanche, les engins bernois civils éliminent «95 à 100% des mines» et les détruisent.
Le Conseil national devra se prononcer prochainement sur la réexportation d'armes vers des pays partenaires. Lors de la session de mars, il avait bloqué et avait partiellement ou totalement rejeté deux interventions. L'initiative parlementaire «Lex Ukraine» est désormais à l'ordre du jour.
«Le Parlement parviendra-t-il enfin à faire passer une proposition? Ou bloquera-t-il encore?» C'est la grande question, affirme le chef du groupe parlementaire Philipp Matthias Bregy (Le Centre/VS). Pour lui, il est essentiel que les choses bougent. Si l'on veut débloquer la situation concernant la réexportation des armes, «il faut en fait approuver la «Lex Ukraine.»
La barre est haute pour l'initiative parlementaire. Le groupe des Verts, avec 30 voix, et l'UDC, avec 55, la rejettent. Ils totalisent 85 voix et ont encore besoin de 16 voix parmi celles du PVL (16), du PS (39), du centre (31) et du PLR (29) pour faire échouer le projet.
(Traduit et adapté par Pauline Langel)