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Ukraine: Le PS veut envoyer le char de déminage G/Mirm Pz Leo

Le char de déminage G/Mirm Pz Leo. Il déblaie des mines de 4,2 mètres de large et 30 centimètres de profondeur.
Le char de déminage G/Mirm Pz Leo ou plus simplement le Kodiak.Image: armée suisse

Le PS veut envoyer des chars Leopard spéciaux en Ukraine, mais il y a un problème

La controverse sur l'exportation d'armes se poursuit. Les socialistes présentent une nouvelle proposition. Le Conseil fédéral doit fournir une aide pour déminer l'Ukraine, déclare le chef du groupe Roger Nordmann.
03.05.2023, 17:2705.05.2023, 14:19
Othmar von Matt / ch media
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Il est spectaculaire et ressemble à un monstre, c'est le char de déminage G/Mirm Pz Leo. Comme son nom le laisse deviner, ce blindé est basé sur le châssis du fameux Leopard. Il peut travailler sur une largeur de 4,20 mètres et à une profondeur de déminage de 30 centimètres. Avec le programme d'armement 2004, la Suisse a acheté douze exemplaires pour 129 millions de francs.

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Le parti socialiste demande que le Conseil fédéral cède, en prêt, à l'Ukraine, six des douze modèles surnommés «Kodiak» pour un usage civil. «Si le Conseil fédéral ne veut pas contribuer à la réexportation d'armes», déclare le chef du groupe PS Roger Nordmann:

«Il doit au moins fournir une aide forte pour le déminage de l'Ukraine»
Roger Nordmann, SP-VD, stellt eine Frage an der ausserordentlichen Session der Eidgenoessischen Raete, am Mittwoch, 12. April 2023 im Nationalrat in Bern. Die ausserordentliche Session wurde einberufe ...
Roger Nordmann, conseiller national vaudois.Keystone

L'idée de l'envoi de ces chars est l'une des trois voies par lesquelles le Parlement veut aider l'Ukraine avec du matériel de guerre, directement ou indirectement. La réexportation d'armes vers des pays tiers est la deuxième. La troisième option est celle de la conseillère nationale radicale Maja Riniker: Elle veut remettre à l'Allemagne 25 des 96 chars Leopard 2 mis au rebut.

Il faut des conditions claires

«La pression internationale sur la Suisse est très forte pour qu'elle contribue davantage à l'aide de l'Ukraine – et à juste titre», déclare Nordmann. Il souligne que les chars de déminage doivent être livrés sous des conditions clairement définies:

«Ils ne devraient pas être utilisés sur le front. Ils ne seraient destinés qu'au déminage de zones agricoles et de quartiers extérieurs de la ville de Kiev. Qui plus est, devraient être pilotés par des civils.»

Par ailleurs, Nordmann propose que le Conseil fédéral remette à l'Ukraine plusieurs blindés de la fondation Digger, basée dans le Jura bernois.

Gentien Piaget, Vizedirektor der Fondation Digger bedient ein Minenraeumungsgeraet vom Typ Digger D250, am Freitag, 10. Februar 2023, in Tavannes. .Die Stiftung Digger ist eine nicht gewinnorientierte ...
Gentien Piaget, vice-directeur de la Fondation Digger, pilote un appareil de déminage de type Digger D250.Keystone

Le véhicule à chenilles de type Digger D250 est un mélange entre le tracteur et un véhicule blindé. Il pèse douze tonnes, dispose d'une puissance de 250 CV et d'une fraiseuse de mines à l'avant qui creuse le sol pour détruire les engins mortels. Il est spécialisé dans le déminage civil.

Il y a un problème

Aussi noble soit-elle, l'idée socialiste concernant les chars de déminage pourrait être difficilement réalisable. Le Conseil fédéral vient certes d'autoriser une clause d'exception pour les véhicules de déminage et ils peuvent être exportés vers l'Ukraine. Cependant, le char G/Mirm Pz Leo ne tombe pas sous le coup de cette clause.

Le char de déminage G/Mirm Pz Leo. Il déblaie des mines de 4,2 mètres de large et 30 centimètres de profondeur.
Le Kodiak est équipé d'un bras.Image: armée suisse

En effet, l'exportation de matériel de guerre nécessite encore et toujours une autorisation du Secrétariat d'Etat à l'économie (Seco), explique le porte-parole Fabian Maienfisch:

«En ce qui concerne l'exportation temporaire de chars de l'armée suisse, le Seco devrait examiner la demande au cas par cas»

Or, selon la situation juridique actuelle, il ne serait pas possible d'autoriser l'exportation de matériel de guerre vers des Etats impliqués dans un conflit armé international.

Ce qu'il est possible de faire

La situation est différente pour les blindés télécommandés. Ils peuvent être exportés vers Kiev. Des plans existent déjà à cet effet. D'ici la fin de l'année, un dragueur de mines Digger, financé par la Chaîne du Bonheur, devrait être acheminé à Kiev. Un autre, financé par un donateur, va être livré avant cela.

Mais la fondation Digger est également en contact avec la Direction du développement et de la coopération (DDC). Elle souhaite mettre en place, en Ukraine, sa propre chaîne de production pour le Digger D250. «Nous avons déjà trouvé le partenaire pour cela en Ukraine», explique Frédéric Guerne, fondateur et directeur de la fondation:

«Nous espérons obtenir une contribution de la DDC d'un montant compris entre 1 et 1,5 million de francs»

La demande de Nordmann pour que l'Ukraine obtienne des engins de déminage Digger est bien accueillie. Guerne trouve la proposition socialiste «fantastique». Il rappelle: «au début de 2023, l'Ukraine a déclaré qu'elle avait besoin de 60 engins de déminage». On estime que jusqu'à 30% du pays est miné. Guerne souligne que les véhicules de déminage militaires ne conviennent pas aux opérations de déminage civil. «Ils ne retirent que 80% des mines, les dégagent, mais ne les détruisent pas». En revanche, les engins bernois civils éliminent «95 à 100% des mines» et les détruisent.

La «Lex Ukraine» en session spéciale

Le Conseil national devra se prononcer prochainement sur la réexportation d'armes vers des pays partenaires. Lors de la session de mars, il avait bloqué et avait partiellement ou totalement rejeté deux interventions. L'initiative parlementaire «Lex Ukraine» est désormais à l'ordre du jour.

«Le Parlement parviendra-t-il enfin à faire passer une proposition? Ou bloquera-t-il encore?» C'est la grande question, affirme le chef du groupe parlementaire Philipp Matthias Bregy (Le Centre/VS). Pour lui, il est essentiel que les choses bougent. Si l'on veut débloquer la situation concernant la réexportation des armes, «il faut en fait approuver la «Lex Ukraine.»

La barre est haute pour l'initiative parlementaire. Le groupe des Verts, avec 30 voix, et l'UDC, avec 55, la rejettent. Ils totalisent 85 voix et ont encore besoin de 16 voix parmi celles du PVL (16), du PS (39), du centre (31) et du PLR (29) pour faire échouer le projet.

(Traduit et adapté par Pauline Langel)

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