Le tableau controversé de Miriam Cahn, exposé au Palais de Tokyo dans le cadre d'une exposition consacrée à l'artiste bâloise, a été vandalisé dimanche 7 mai. C'est ce qu'a appris Franceinfo.
Une partie de la toile a été aspergée de peinture bordeaux dissimulée dans une bouteille de médicament. L'acteur du geste, qui n'a, pour l'heure, pas été revendiqué, serait «un homme assez âgé», ayant agi seul. L'individu a été interpellé par les agents de sécurité du palais de Tokyo, puis emmené par la police.
«On a fermé la salle au public en attendant de voir les suites à donner au devenir de l’œuvre, en concertation avec l’artiste», a, de son côté, déclaré le musée parisien.
La dégradation de Fuck abstraction! a fait réagir jusqu'aux plus hautes sphères de la politique française: «En ce 8 mai, où nous célébrons la victoire de la liberté, je condamne l’acte de vandalisme commis hier», a écrit sur Twitter Emmanuel Macron. Et d'ajouter:
En ce 8 mai, où nous célébrons la victoire de la liberté, je condamne l’acte de vandalisme commis hier au Palais de Tokyo. S’en prendre à une œuvre, c’est attenter à nos valeurs. En France, l’art est toujours libre et le respect de la création culturelle, garanti.
— Emmanuel Macron (@EmmanuelMacron) May 8, 2023
Cet acte n'est que le dernier chapitre d'une vive polémique. L'exposition consacrée à Miriam Cahn au Palais de Tokyo a en effet fait couler beaucoup d'encre ces derniers mois, en raison justement du tableau Fuck Abstraction!. Cette toile, censée représenter les horreurs de la guerre en Ukraine, montre une personne, d’allure enfantine, agenouillée et forcée à pratiquer une fellation sur un adulte qui se tient debout.
Pour cette raison, le tableau avait été accusé de faire l'apologie de la pédophilie, ce qui avait suscité des réactions indignées, des appels au boycott et même des menaces de mort.
Les associations «Juristes pour l'enfance», «Enfance en partage», «Face à l'inceste» et «Innocence en danger», considérant la toile pédopornographique, réclamaient son décrochage, mais ont été déboutées au printemps par le tribunal administratif de Paris puis par le Conseil d'Etat.
L'affaire avait également eu des répercussions politiques. Le Rassemblement national, par la voix de la députée du Pas-de-Calais Caroline Parmentier, avait tenté de faire censurer le tableau.
Si l'artiste et le musée soutiennent que la figure sur le tableau n'est pas un enfant, un dispositif de médiation avait été mis en place compte tenu du «caractère sensible de l’œuvre». Ainsi, les mineurs ne pouvaient pas rentrer sans être accompagnés d’adultes. (asi)