Si les Romands se souviennent de leur enfance, la plupart d'entre eux auront eu entre leurs mains un album illustré par Etienne Délessert où rôdait par exemple un crocodile et suivi les histoires de Yok-Yok à la télévision. Le graphiste de 82 ans, qui a quitté Lausanne pour rejoindre le Connecticut il y a près de 40 ans, est l'un de ceux qui auront habité l'imaginaire des enfants de cette région. La commission fédérale de design écrit:
Graphiste de formation, Étienne Delessert s’est fait connaître à Paris et à New York d’abord dans la publicité, les affiches, puis dans l’illustration, les films d’animation et la peinture.
Depuis 1967, Étienne Delessert a illustré plus de 80 livres qui ont connu un succès mondial et ont été traduits en 14 langues. Il a lui-même écrit 27 albums, notamment l’ouvrage «Comment la souris reçoit une pierre sur la tête et découvre le monde», issu d’un travail de recherche sur huit mois mené avec le psychologue suisse Jean Piaget.
L'illustrateur s’est également fait un nom au niveau international en tant que dessinateur de presse. Il a travaillé entre autres pour The Atlantic, le New York Times, Facts, Le Monde ou encore Siné Hebdo.
En 1973, il a créé en Suisse le studio de cinéma d’animation «Carabosse» et, en 2017, la fondation «Les Maîtres de l’Imaginaire», dont l’objectif est de promouvoir les œuvres des dessinateurs d’Europe et des États-Unis. Étienne Delessert a remporté de nombreux prix internationaux, dont plusieurs fois la plaque de la Biennale d’illustration de Bratislava et le Prix Graphique de la Fiera del Libro de Bologne ainsi que treize médailles d’or et douze médailles d’argent de la Society of Illustrators de New York.
Une autre Lausannoise a retenu l'attention de l'Office fédéral de la culture: Chantal Prod’Hom. L'historienne de 65 ans vient de céder les rênes du Mudac, le Musée de design et d’arts appliqués contemporains qui a rejoint récemment Plateforme 10 à Lausanne.
Dans le New York des années 1980, Chantal Prod’Hom découvre l’art contemporain et obtient un diplôme de muséologie après des premières études en archéologie à Lausanne. Au début des années 1990, à 34 ans seulement, elle fonde et dirige avec succès la Fondation Asher Edelman, où elle présente des expositions visionnaires d’artistes encore peu connus.
En 1995, le photographe Oliviero Toscani lui propose de codiriger la «Fabrica» Benetton, qui accueille de jeunes designers. Dans cette fonction, elle parcourt le monde deux années durant à la recherche de talents. C’est alors qu’elle entre pour la première fois en contact avec le design et ses méthodes.
Ces expériences et son réseau international conduisent Chantal Prod’Hom à diriger le mudac à Lausanne au début des années 2000. Son engagement en faveur du design suisse a considérablement favorisé et marqué la compréhension de cette discipline dans l’opinion publique, estime l'Office fédéral de la culture dans un communiqué. L'historienne de l'art a encore utilisé son savoir-faire pour faire émerger une génération de jeunes commissaires d’exposition spécialisés en design, apprend-on.
La conceptrice de produits, Eleonore Peduzzi Riva rejoint Étienne Delessert et Chantal Prod’Hom. Selon la Comission fédérale de design, cette dernière «a contribué à l’âge d’or du design industriel italien».
Dans les années 1980 et 1990, Eleonore Peduzzi Riva a œuvré comme consultante pour l’image et la coordination de nombreuses marques, parmi lesquelles Abet Print, Fiorucci, ICF De Padova, Mira-X, Vistosi et Samit. Eleonore Peduzzi Riva vit à Riehen, près de Bâle, et à Milan, en Italie.
En tant qu’architecte d’intérieur, elle se donne pour mission d’offrir aux usagers des outils pour construire eux-mêmes leur cadre de vie. On peut en voir l’exemple dans un de ses projets les plus connus, le divan à éléments composables DS 600 conçu avec Ueli Berger, Heinz Ulrich et Klaus Vogt en 1972 pour de Sede. Comme designer industrielle, notamment pour Cassina ou Artemide, ce qui l’intéresse avant tout, ce sont les expériences avec les matériaux et «tout ce qui peut pousser plus loin la discipline».
Cette année, le trio sera présenté dans des portraits vidéo diffusés dans le cadre de l’exposition gratuite Swiss Design Awards, du 12 au 18 juin 2023 à Bâle, organisée parallèlement à Art Basel et Design Miami/Bâle. Les prix, dotés de 40 000 francs chacun, seront remis le 13 juin. Une publication consacrée au Grand Prix suisse de design 2023 paraîtra à cette occasion aux éditions Scheidegger et Spiess, avec des textes et images inédits. (ats/sia)