Suisse
Assurance maladie

Voici le salaire des patrons des caisses maladies en Suisse

Voici le salaire des patrons des caisses maladie et Berne veut agir

La prochaine hausse des primes maladie guette les assurés. Dans le même temps, Sanitas, Groupe Mutuel, Assura et Helsana rémunèrent leurs CEO plus de 750 000 francs par an. Le Parlement veut intervenir.
23.05.2023, 17:0126.05.2023, 11:38
Anna Wanner, Gabriela Jordan, Ann-Kathrin Amstutz, Christoph Bernet / ch media
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Dernièrement, ce sont les bonus des banquiers qui ont suscité l'indignation de l'opinion publique. Mais les rémunérations des dirigeants des caisses maladie sont, elles aussi, régulièrement dans le collimateur des politiques. En 2016 et 2018, des membres du groupe socialiste ont demandé une limitation des salaires des dirigeants des assurances. Le Conseil fédéral s'y est toujours opposé et les demandes ont toujours échoué. Aujourd'hui, le Parlement fait une nouvelle tentative. Cette fois-ci, les choses se présentent mieux.

Certes, la commission de la santé du Conseil des Etats s'est prononcée lundi contre un plafond salarial de 250 000 francs pour les managers des assureurs maladie. Lors de la prochaine session d'été, le Conseil des Etats devrait suivre sa commission de la santé et rejeter le plafond salarial fixe d'un quart de millions de francs.

Néanmoins, il pourrait y avoir un plafond salarial légal pour les managers des caisses maladie: selon les informations de CH Media, la Commission de la sécurité sociale et de la santé publique du Conseil des Etats (CSSS) a transmis une initiative parlementaire du conseiller national Baptiste Hurni (PS/NE), qui a déjà été acceptée par la Grande Chambre. Celle-ci veut que le Conseil fédéral fixe le plafond salarial. Avec la transmission par la CSSS, le mandat pour une base légale d’un plafond salarial a été donné.

Lors des débats au Conseil national, le fait que les CEO gagnent toujours plus, alors que les payeurs de primes sont toujours plus sollicités, a été déterminant. La politicienne de la santé du PS Flavia Wasserfallen a déclaré au nom de la commission:

«Ces salaires excessifs sont choquants, en particulier en période de très forte hausse des primes, qui est actuellement imminente et qui va fortement affecter le pouvoir d'achat de nombreux ménages»

En effet, au cours des cinq dernières années, les salaires des patrons des caisses ont fortement augmenté. Dans un cas, il a même doublé. Cela conduit maintenant à ce que la revendication d'une limitation de la rémunération ne soit pas seulement soutenue par la gauche et les verts, mais qu'elle trouve également un écho dans les partis bourgeois.

Encore une hausse des primes?

La discussion actuelle sur les primes donne peut-être une nouvelle impulsion à cette demande. L'année dernière, les primes ont augmenté en moyenne de plus de 6%. Selon les experts, la situation pourrait encore s'aggraver cet automne: une hausse moyenne des primes allant jusqu'à 7,5% risque de se produire.

Le ministre de la Santé Alain Berset (PS) n'a pas voulu spéculer sur le montant de la prochaine hausse des primes lors d'un entretien avec la RTS dimanche soir. La fixation de la ronde des primes n'aura lieu qu'en septembre. Mais il y a des signaux qui ne sont «pas bons», a reconnu Alain Berset.

Il a rappelé que les primes suivaient l'évolution des coûts de la santé — et en a appelé à la discipline des assurés en matière de coûts. Parallèlement, Alain Berset s'est montré compréhensif face aux critiques sur la «mentalité d'enrichissement» des caisses maladie, exprimées par des assurés de Suisse romande dans un interlude vidéo.

Sanitas et le Groupe Mutuel paient plus

Mais qu'en est-il de cet «enrichissement»? Quelle caisse paie les salaires les plus élevés, quel CEO a enregistré la plus forte hausse de salaire? Les rapports d'activité des assureurs permettent d'en savoir plus. Le chef de Sanitas, Andreas Schönenberger, arrive largement en tête, avec une rémunération de près d'un million de francs (956 486) en 2022. Par rapport à l'année de comparaison 2017, cela représente une augmentation de 50%, son prédécesseur d'il y a cinq ans gagnait donc à peine la moitié.

Le patron du Groupe Mutuel, Thomas Boyer, a, lui aussi, vu sa paye augmenter: avec un salaire annuel de 783 348 francs, il a reçu l'année dernière 286 000 francs de plus que son prédécesseur il y a cinq ans. Parmi les plus gros salaires, qui dépassent les 700 000 francs par an, on trouve également les chefs des caisses maladie Assura, Helsana, Swica et CSS. Cette dernière est par ailleurs la seule assurance à être dirigée par une femme, Philomena Colatrella.

A noter que certaines caisses ont baissé le salaire de leur CEO durant la période de comparaison. On ne sait pas si cela a été fait par calcul en vue du débat parlementaire en cours. En tout cas, la rémunération du patron d'Assura et de la patronne de CSS a baissé par rapport à 2017, respectivement d'environ 11 000 et 19 000 francs.

Le tableau ne montre pas non plus les variations chez Helsana: l'assurance a certes versé à son directeur Roman Sonderegger un salaire annuel confortable de 750 000 francs en 2022, soit plus de 60 000 francs de plus qu'en 2017, mais l'ancien chef Daniel Schmutz touchait encore environ 820 000 francs en 2019.

Le plafonnement des salaires, tel qu'il pourrait devenir réalité un jour, ne plaît évidemment pas à la branche. Si l'on se réfère aux salaires actuels des managers, tous les assureurs devraient selon toute vraisemblance passer à la caisse.

Traduit et adapté par Noëline Flippe

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