Pour Comparis, cela ne fait aucun doute. «La confiance dans l’assurance maladie s’effrite». En cause: près de 40% de la population suisse perçoit des lacunes dans la protection obligatoire, selon un «sondage représentatif» dévoilé ce mardi par le comparateur en ligne.
Le sentiment que l’assurance de base ne couvre pas tous les besoins est particulièrement répandu en terres romandes, où le pourcentage de personnes insatisfaites atteint 50%, contre 35% en Suisse alémanique.
Les 36-55 ans représentent la tranche d'âge la plus critique: 45,9% d'entre eux perçoivent des lacunes, contre seulement 31,9% chez les plus de 56 ans.
Pourtant, Comparis rappelle que les prestations de l’assurance de base ont été constamment élargies au cours de la décennie écoulée. «Une part considérable de la population ne semble toutefois pas satisfaite. C’est une contradiction», commente Felix Schneuwly, expert assurance maladie auprès du comparateur en ligne.
En effet, l'extension des prestations couvertes par l'assurance obligatoire a entraîné une hausse des primes, indique encore Comparis. Depuis quelques années, la facture ne fait que grimper.
Pourtant, malgré les primes élevées, l'idée de réduire la couverture de l’assurance de base et d’externaliser certaines prestations vers des assurances complémentaires se heurte à un net refus. Seules 32% des personnes interrogées estiment qu'il s'agit d'une bonne idée.
Les femmes (56,4%) et la génération des 56 ans et plus (60,3%) sont particulièrement favorables au maintien du statu quo. Un «dilemme», estime Felix Schneuwly:
L’externalisation des traitements de la dépendance (nicotine, alcool, drogues) est perçue positivement par les personnes favorables au transfert des prestations. La situation est tout autre en ce qui concerne les thérapies innovantes contre le cancer: en principe, l’externalisation dans ce domaine ne trouve pas de majorité, même parmi les partisans d’une limitation.
Le sondage montre par ailleurs que l'assurance complémentaire suscite un grand intérêt - mais seulement chez les personnes qui peuvent se la permettre. «Le désir de couverture est le plus fort chez les jeunes et les familles», analyse Felix Schneuwly. Et d'ajouter:
L’intérêt est le plus grand chez les 18-35 ans, les personnes ayant un niveau d’éducation élevé et les ménages dont le revenu est supérieur à 8000 francs.
«Les personnes à revenu élevé peuvent se permettre la sécurité souhaitée, tandis que les personnes à faible revenu doivent souvent renoncer à des couvertures d’assurance allant au-delà de l’assurance de base, malgré leur intérêt», résume le spécialiste de Comparis. Une situation qui «alimente le débat sur une médecine à deux vitesses.» (asi)