Les primes montent encore, inquiétudes et remèdes tous azimuts
L'an prochain, la prime mensuelle moyenne s'élèvera à 393,30 francs, a annoncé mardi l'Office fédéral de la santé publique (OFSP). Celle des adultes augmentera de 18,50 francs (+4,1%) à 465,30 francs, celle des jeunes adultes de 13,30 francs (+4,2%) à 326,30 francs et celle des enfants de 5,70 francs (+4,9%) pour atteindre 122,50 francs.
Avec une hausse de 7,1% de la prime moyenne, le Tessin est de loin le canton le plus touché de Suisse. Le Valais enregistre une hausse de 5,9%. L'augmentation sera 5,3% dans le Jura et de 4,9% dans le canton de Vaud. Berne (+3,9%), Fribourg (+3,4%) et Genève (+3,0%) s'en sortent mieux en comparaison nationale.
De leur côté, les Zougois peuvent avoir le sourire: leur canton va compter sur une spectaculaire baisse de 14,7% en moyenne. C'est le résultat d'une mesure prise par le gouvernement afin d'alléger la charge de la population zougoise à hauteur de 220 millions: le canton prendra en charge la quasi-totalité des coûts des traitements hospitaliers stationnaires.
Hausse des coûts de la santé
Plusieurs raisons sont évoquées pour expliquer la hausse des coûts de la santé, à l'origine de l'augmentation des primes. L'OFSP l'allongement de l'espérance de vie et les progrès médicaux, qui se traduisent par de nouvelles possibilités ainsi que des traitements des médicaments certes novateurs, mais chers.
Une augmentation de la demande de prestations médicales par habitant est également observée. Les tarifs des prestations sont aussi en hausse, dans le secteur ambulatoire comme dans le stationnaire.
Si le relèvement pour 2026 est moins grand que celui des années précédentes, Mme Baume-Schneider n'est pas satisfaite. Il faut continuer à travailler pour réduire le fardeau. Le transfert du stationnaire vers l'ambulatoire, qui se poursuit, permettra globalement de freiner la hausse des coûts, a-t-elle dit.
Cause de pauvreté
Caritas a appelé les cantons à augmenter les réductions de primes afin de faire face à la hausse des coûts. Responsable du service Politique sociale, Aline Masé indique que l'augmentation des primes d'assurance maladie est une des principales causes de la pauvreté.
L'inquiétude est aussi de mise chez le vice-président de l'Organisation suisse des patients (OSP) Baptiste Hurni. Pour lui, cette hausse des primes d'assurance-maladie représente un «vrai risque de santé publique» et peut entraîner un renoncement des soins dans une partie de la population.
Le conseiller aux Etats socialiste neuchâtelois tire à boulets rouges sur le Parlement qui a montré qu'il était «incapable de prendre des mesures» pour maîtriser cette hausse.
Prio.swiss, l'association faitière des assureurs maladie, a proposé plusieurs mesures pour tenter de contenir la hausse. Elle a notamment dans le viseur les soins prodigués par les proches aidants, les médicaments amaigrissants et la psychothérapie. Ces trois cas nécessitent une intervention des autorités, écrit la faîtière.
Le conseiller d'Etat bernois Pierre Alain Schnegg plaide lui pour une restructuration du paysage hospitalier suisse sur le modèle bernois. Dans ce canton, le modèle des quatre régions prévoit la mise en place des régions de soins Biel/Bienne-Seeland–Jura bernois, Berne-Mittelland, Emmental–Haute Argovie et Oberland bernois.
Par la voix de son président Lukas Engelberger, la Conférence des directrices et directeur cantonaux estime qu'une réduction de la charge des primes passe nécessairement par une maîtrise des coûts. M. Engelberger fait remarquer aussi que les cantons voient un potentiel d'économies dans la numérisation et soutiennent par exemple le dossier électronique du patient.
Agir sur la prévention
A Genève, le conseiller d'Etat Pierre Maudet juge que tant que le système sera basé sur une rémunération à l'acte, avec une offre qui définit la demande, «on sera dans une fuite en avant et une consommation de soins». Tout comme l'OSP, le ministre veut agir massivement sur la prévention, un domaine où les investissements génèrent d'importantes économies.
Cette annonce tombe alors que la situation financière des hôpitaux et des cliniques suisses reste «dramatique», écrit H+, l'association nationale des hôpitaux, cliniques et institutions de soins publics et privés dans un communiqué.
Elle demande un transfert «conséquent» du secteur stationnaire vers l'ambulatoire. Pour combler des tarifs trop bas, l'association exige une augmentation immédiate d'au moins 5%. Cette politique doit permettre aux hôpitaux et aux cliniques de pouvoir à nouveau investir dans les technologies, les infrastructures, en faveur de leur personnel et faire avancer l’ambulatoire. (sda/ats)
