Les Suisses resquillent de plus en plus dans les trains CFF. Le nombre de personnes attrapées par les contrôleurs des transports publics sans billet valide a plus que doublé en quatre ans.
Selon les données publiées par Alliance Swisspass et dévoilées lundi par les journaux Tamedia, les personnes attrapées sans billet sont en constante augmentation depuis 2019, date depuis laquelle ces données sont récoltées dans le «registre national des resquilleurs».
En 2023, presque un million de personnes se sont faites attraper par le personnel des CFF sans titre de transport valable. Ces chiffres prennent en compte tous les voyageurs, c'est-à-dire les Suisses, les étrangers et les touristes de passage. Elles concernent les personnes sans titre de transport valable et celles avec un titre de transport partiellement valable. La Romandie est plus touchée que la moyenne.
Ces chiffres sont d'autant plus intéressants que la fréquentation des trains a chuté durant la pandémie de Covid. Mais celle-ci a commencé à remonter la pente en 2022 et retrouve désormais son niveau d'avant la pandémie.
Le nombre de resquilleurs réel — les petits malins qui prennent le train sans billet, mais aussi sans se faire prendre — est plus élevé. Alliance Swisspass estime que:
Au total, cela représente un manque à gagner de plusieurs dizaines de millions de francs chaque année, estime l'association.
Le profil des fraudeurs est intéressant. Parmi eux, 40% ne se font attraper qu'une fois. Le pourcentage baisse rapidement à partir de la deuxième infraction, jusqu'à cinq infractions. Les statistiques d'Alliance Swisspass se concentrent ensuite sur les personnes qui se font attraper plus de six fois. Et là, c'est explosif: 31% des resquilleurs sont dans cette catégorie!
On peut donc dire que l'on a ici deux catégories principales de personnes: celles qui se font choper une fois et que l'amende salée dissuade de recommencer. Et ceux qui s'en fichent et accumulent les sanctions de manière exponentielle.
Selon les informations de Tamedia, Alliance Swisspass serait sur le point de faire augmenter «massivement» le prix des douloureuses, notamment pour les récidivistes. Contactée par watson, celle-ci laisse planer le doute en assurant «qu'aucun projet en ce sens n'est prévu», mais indique toutefois qu'un groupe de travail se penche en ce moment sur cette question.
Il faut dire que les amende sont déjà salées. Elles vont de 70 francs (pour une première infraction avec un billet partiellement valide) jusqu'à 160 francs (dès la troisième infraction sans billet valable). Après cela, le prix de l'amende ne bouge pas, mais les CFF se réservent le droit de dénoncer la personne auprès de la police et d'engager des poursuites.
Yannick Parvex, secrétaire général de l'association romande de protection des usagers du rail Ouestrail, appelle à faire preuve de discernement sur le type de resquilleurs. «Le contrôleur doit apprécier la situation à chaque fois», estime-t-il. «Les gens honnêtes qui font des erreurs ne doivent pas être traités comme ceux qui en sont à leur sixième amende», dit-il, et d'imager:
«Dans les grandes villes, on trouve encore un peu de personnel de vente présent pour les aider, mais dans les vallées alpines ou les petits villages, c'est terminé.»
Et de citer également les touristes qui ont pris le mauvais train avec un billet dégriffé ou une personne pressée qui a couru pour prendre sa correspondance et achète le billet sur son téléphone avec quelques minutes de retard. Pour l'expert, c'est la présence ou non de volonté de tricher qui est la base de cette appréciation.
Mais lorsqu'il s'agit de s'occuper des fraudeurs à répétition, le ton durcit:
«Ce n'est pas différent que de dérober quelque chose dans un magasin», estime Yannick Parvet. Le secrétaire de Ouestrail remarque d'ailleurs «qu'une procédure pénale est lancée après la troisième amende».
Il y a toutefois un hic: ceux-ci ne peuvent pas toujours régler et que c'est ensuite «à la collectivité qu'il revient de payer leurs amendes». Une situation en forme de cul-de-sac qui ne satisfait personne... sauf les resquilleurs. La solution idéale pour forcer ceux-ci à payer leur billet en bonne et due forme est encore loin d'être trouvée.